La première saison de Money Heist: Korea – Joint Economic Area débarque sur Netflix. Ce remake coréen de La Casa de papel avait de quoi intriguer. Si le concept de la série d’origine était sacrément efficace, il semblait pouvoir être facilement adapté et renouvelé. Et avec un casting composé de Jun Jong-seo, Park Hae-soo ou encore Yoo Ji-Tae, on s’attendait à ce que le talent soit au rendez-vous.
La problématique du remake est souvent passionnante. Comment réadapter sans raconter la même chose ? Comment renouveler ce que le public connaît par cœur ? En s’attaquant à la relecture de La Casa de papel, la série Money Heist: Korea – Joint Economic Area avait plusieurs angles d’attaque. Changer le contexte politique, l’équipe de braqueurs, l’architecture des lieux ou même surprendre sur le déroulement même du casse.
Très rapidement, on constate que la limite principale de Money Heist: Korea est justement sa (trop) grande fidélité à la série espagnole. Prisonnière de son modèle, cette version coréenne nous ressort les mêmes personnages, avec les mêmes noms de code et les mêmes arcs narratifs. Les créateurs de la série et le réalisateur Kim Hong-sun semblent avoir poussé cette volonté de fidélité jusqu’au casting tant les ressemblances physiques avec les personnages d’origine sautent aux yeux.
 
Money Heist: Korea - Joint Economic Area : photoComme un air de déjà-vu
 
Pas non plus de changement majeur à signaler du côté des décors. Si de l’extérieur la banque semblait très différente, on retombe vite sur le même hall vide et les mêmes chambres fortes interchangeables. Difficile dans un tel contexte de s’approprier l’identité visuelle d’une série aux codes très identifiés.
Dans l’ensemble, Money Heist: Korea semble être embarrassée par son modèle. Même dans le développement du récit, on reste en terrain connu. Les twists s’enchaînent au même rythme, le sentiment de nouveauté en moins. Syndrome de cet embarras, la série semble n’avoir aucune idée de comment utiliser les fameux masques des braqueurs. On nous les montre un épisode sur deux pour nous rappeler qu’ils existent, mais jamais ils ne sont iconisés comme dans La Casa de papel.
 
Money Heist: Korea - Joint Economic Area : photoMais pourquoi on porte ces masques ?
 
Si La Casa de papel avait de nombreux défauts, l’efficacité de la série tenait en grande partie sur son art du cliffhanger. Chaque épisode se terminait sur un rebondissement qui nous donnait envie d’enchaîner sans faire de pause. On ne retrouve pas totalement cette écriture addictive dans Money Heist: Korea. Et pourtant, le rythme est bien mieux tenu.
Avec des épisodes durant tous près d’une heure, la série ne court pas après un effet-choc rapide et gratuit. On prend le temps de nous développer les situations avec de vrais moments de pause qui donnent plus d’épaisseur aux personnages. Les personnages secondaires occupent moins de place, on se débarrasse de plusieurs arcs narratifs encombrants. Oubliez par exemple les longues séquences consacrées à la romance entre Tokyo et Rio. Dans cette version, tout est expédié en quelques regards complices sans besoin d’expliciter leur relation.
 
Money Heist: Korea - Joint Economic Area : photoThe Spy Gone South
 
Autre point qui vient faire toute la différence, le casting est absolument démentiel. Aller chercher la talentueuse Jun Jong-seo pour incarner Tokyo était une excellente idée. Brillante dans Burning ou encore The Call, l’actrice s’illustre une fois de plus avec un charme magnétique désarmant. Autre choix génial, Yoo Ji-Tae en Professeur. Inoubliable Woo-jin dans Old Boy, il nous rappelle à quel point son talent n’a d’égal que sa capacité à ne pas vieillir. Sans oublier Park Hae-soo en Berlin, qui nous rappelle toute la traîtrise qui le caractérisait dans Squid Game.
Avec ces talents à l’écran, inutile de préciser qu’on s’attache plus facilement à l’équipe. D’autant que de légers changements dans l’écriture suffisent à rendre ces cambrioleurs bien plus cohérents. Les conflits au sein du groupe sont moins forcés, les personnages ne changent pas radicalement de caractère d’un épisode à l’autre pour les simples besoins du scénario. Et les flashbacks apportent une nouvelle épaisseur bienvenue à l’écriture.
 
Money Heist: Korea - Joint Economic Area : photoUne équipe plus soudée et plus charismatique
 
Mais s’il y a bien un changement majeur qui fait tout l’intérêt de ce Money Heist: Korea, c’est sa portée politique. La Casa de Papel était à la série anti-capitaliste ce que le rasta blanc est à la révolution culturelle. La reprise désormais culte d’un chant partisan et trois lignes de dialogues balancées en fin de saison 2 ne suffisaient pas à maquiller un récit aussi bêtement bling-bling que consumériste.
À l’extrême opposé, Money Heist: Korea nous rappelle le talent de l’industrie coréenne pour créer des œuvres à la fois divertissantes, populaires et pourtant radicalement engagées. On peut penser à l’entièreté du cinéma de Bong Joon-ho, au jeu de massacre qu’était Squid Game et à des dizaines d’autres œuvres. Sans surprise, cette nouvelle série s’inscrit dans la filiation logique de ses aînés.
 
Money Heist: Korea - Joint Economic Area : photoSeule contre tous
 
Dès le début du premier épisode, on nous fait comprendre que la série se déroule dans un futur proche. Un bond dans le temps de trois ans qui permet une situation géopolitique fantasmée : les deux Corées sont réunifiées. La fameuse “Joint Security Area” s’est transformée en “Joint Economic Area”. Ce parti-pris original crée un terrain de jeu passionnant pour commenter les conflits entre ces deux pays divisés.
D’autant que le message apporté ne cache pas son pessimisme. Dans Money Heist: Korea, la fin tant espérée du conflit coréen ne prouve qu’une seule chose : le capitalisme débridé finira par transformer n’importe quel rêve en cauchemar.
La série en profite au passage pour attaquer avec virulence le sort réservé aux femmes dans la société coréenne. On perçoit avec une brutalité sans concession la misogynie décomplexée du directeur de la banque, la suspicion des enquêteurs envers leur collègue du sexe opposé. C’est bien par sa virulence politique que Money Heist: Korea vise juste. En espérant que la prochaine saison lui permettra d’abandonner totalement son modèle tout en continuant d’explorer ses points forts.
Money Heist : Korea – Joint Economic Area est disponible en intégralité depuis le 24 juin 2022 sur Netflix
 
Money Heist: Korea - Joint Economic Area : photo
Si sa fidélité excessive empêche Money Heist: Korea – Joint Economic Area d’être une réussite totale, lui donnant même parfois des airs de simple version alternative, la série offre de belles envolées dès qu’elle s’éloigne de son modèle. Espérons que la prochaine saison assumera une rupture plus franche et continuera d’explorer sa lecture politique captivante.
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@morcar : €vid€mm€nt pour l€ côt€ arti$tiqu€.
Bon merci Clément Costa, comme Andarioch et Galetas, je vais me laisser tenter par cette version, surtout si cette version est meilleure en écriture et en technique ^^
@galetas et @andarioch1 : j'aurais clairement tendance à la conseiller pour celles et ceux qui n'ont pas vu l'originale. Même si la copie est trop fidèle, cette version est tout de même meilleure en écriture et en technique, donc autant la privilégier.
Hum, moi aussi , j'ai fait abstraction de la série espagnole.
Me conseillez vous de privilégier cette version?
Autant donner u'e chance avant de crier au scandale.. Ça pique ma curiosité.
Moins de 7 mois, après vérification. On tient sûrement un record. Quelle honte.
Quel aveu d'échec, de panne d'inspiration et de projets de la part de Netflix. Sortir un remake combien de temps après la fin de sa série ? 1 an ? Moins ?
C'est embarrassant.
Autant on peut comprendre la volonté de faire un remake des années après, une certaine partie du public préférant un film récent à un vieux film. Autant on peut comprendre la volonté de faire un remake pour localiser un film, le placer dans le contexte du pays dans lequel le film va être diffusé, quand le pays en question n'est pas très friand des films étrangers (comme le fait beaucoup Hollywood).
Autant pour Netflix, je n'arrive vraiment pas à comprendre le besoin de ce remake. Sauf erreur de ma part, la série originale est diffusée dans le monde entier, et Netflix propose du doublage partout, non ? Alors quel intérêt de refaire la même intrigue, si peu de temps après ?… Ca m'échappe…
Faisant parti des trois clampins qui n'ont jamais vu la casa de papel je vais me laisser tenter par cette version
J'attends personnellement la version nord coréenne….. qui ne devrait à priori durer qu'un épisode…..

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