Katia Tardy, Alix Guyot et Louise Doulliet font partie de cette génération d’entrepreneuses prêtes à s’engager dans des projets porteurs de sens. En avril 2021, ces trois ingénieures agronomes de formation ont cofondé La Biscuiterie Handi-Gaspi qui produit les biscuits Kignon. Pour cela, elles récupèrent des invendus de pains bio pour élaborer des petits biscuits sucrés présentés en sachet.
A l’anti-gaspi, elles ont ajouté une touche sociétale à leur entreprise. Fabrication, conditionnement et expédition sont assurés par des personnes en situation de handicap. L’ESAT (Etablissement et service d’aide par le travail) de Savenay, près de Nantes, a intégré l’atelier de production où se relaient 30 employés.
Les trois associées, toutes anciennes salariées de grands groupes agroalimentaires, s’étaient donné six mois pour réunir le financement du matériel, environ 200.000 euros, trouver un ESAT partenaire et des boulangers prêts à jouer le jeu. « Nous avons eu la chance que tout le monde nous fasse vite confiance pour démarrer les ventes dès septembre 2021 », confie Katia Tardy, ex-chef de produits chez Nestlé.
Leurs apports personnels étant limités à 5.000 euros chacune, les entrepreneuses sont d’abord allées chercher des subventions. Grâce à un concept dans l’air du temps et leur savoir-faire de communicantes, elles ont réuni 100.000 euros en remportant plusieurs concours et appels à projet : Année de la gastronomie 2022, Innovation Positive Food, Trophée Jeune Talent de Loire-Atlantique, Bourse Shine, entre autres.
En parallèle, Réseau Entreprendre leur a accordé des prêts d’honneur pour un montant total de 45.000 euros. Le fait d’être lauréates de cette association très sélective a enfin rassuré la banque qui a prêté dans la foulée 100.000 euros.
Sélectionner un ESAT a été plus simple. « Ce type d’établissements étant généralement en sous-activité, plusieurs nous ont rapidement sollicités », rapporte Katia Tardy. Le trio ayant commencé l’activité dans un local provisoire, elles ont pris le temps de choisir, sans trop de pression, l’établissement mieux adapté. Celui de Savenay (Loire-Atlantique) avait l’avantage d’être déjà aux normes alimentaires. L’aménager pour intégrer les machines d’Handi-Gaspi était donc relativement aisé et à la portée de l’ESAT financièrement.
Côté commercial, les chaînes de produits bio, visées en priorité, ont réservé un bon accueil au projet qui « coche beaucoup de cases » en termes de tendances de consommation. Ingrédients Bio et locaux, anti-gaspi, circuit court, emploi de personnes handicapés… difficile de faire plus vertueux. Résultat, la gamme de biscuits Kignon (3,99 euros le paquet de 150g) a débarqué en septembre dernier dans une centaine de magasins Naturalia ( groupe Monoprix ), vite rejoints par 200 boutiques Biocoop. Même s’il ne s’agit que de tests sur six mois avant un référencement ferme, ces contrats constituent un bel accélérateur de notoriété. De 40 points de vente touchés l’été dernier, les biscuits anti-gaspi passent cet automne à 400 unités.
Alix Guyot, Katia Tardy et Louise Doulliet espèrent atteindre un chiffre d’affaires de 700.000 euros dès 2023, notamment grâce à de nouveaux référencements en grande distribution alimentaire. Des essais sont prévus dans les hypermarchés Leclerc de Loire-Atlantique. Pour le moment, l’atelier nantais suffit pour répondre aux premières commandes. Mais si les accords avec les grandes surfaces se concrétisent à l’échelle nationale, d’autres sites, sur le modèle de Savenay, seront nécessaires. A terme, l’entreprise envisage d’en créer un dans chaque région, le but étant que la production reste proche des clients.
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