Ministère
des Armées
État-major des armées
Au contact direct des marins, aviateurs, terriens et acteurs pluriels du soutien, qui servent en interarmées et sur le champ des opérations, au plus près des défis relevés quotidiennement par les forces, l’inspecteur des armées (IdA) capte, facilite, diffuse, écoute et encourage pour le succès des armes de la France. Témoignage du général de corps d’armées François de Lapresle, IdA durant les trois dernières années.
Le général de corps d’armée (GCA) François de Lapresle, Inspecteur des armées, quitte l’institution militaire le 30 juillet 2022 après 38 ans d’engagement au service de la France. Il a servi initialement dans l’armée de Terre, mais aussi et surtout dans les mondes interarmées et interministériel qu’il aura connus, la plupart du temps à des postes influents.  
Il a pu ces trois dernières années appuyer deux chefs d’état-major des armées, à la poignée des dynamiques opérationnelles organiques et de soutien, et à une période de retour des menaces plurielles.
En « grand frère des interarmées du quotidien », il partage aujourd’hui sa vision des enjeux généraux et particuliers auxquels les forces armées sont confrontées, au tamis de près de 60 missions interarmées (inspections, audits, enquêtes, saisines) conduites depuis septembre 2019.
 
Quels sont pour vous les principaux défis auxquels les forces armées françaises sont aujourd’hui confrontées ?
Dans le contexte international actuel difficile et exigeant, parfaitement appréhendé par la clé de compréhension issue de la vision stratégique du Chef d’état-major des armées, au prisme du tryptique « compétition, contestation, affrontement », nos armées servent avec professionnalisme, enthousiasme et passion. Je suis frappé par cette excellence tactique d’autant plus marquée qu’elle s’appuie sur une subsidiarité matinée d’une intention claire de commandement et d’une confiance entretenue. Nos marins, aviateurs et terriens de l’interarmées, comme nos acteurs du soutien, manifestent de façon personnelle ou collective une forte endurance, une réactivité impressionnante et une agilité remarquable. Ils sont engagés avec perspicacité et humilité sur terre, en mer, dans les airs et dans l’espace, y compris dans le domaine cyber, et savent jongler avec les imprévus avec brio et dans tous les environnements. Ils ont néanmoins besoin du primat d’une communication qui doit être régulière, adaptée et maîtrisée.
Pour moi, les trois grands défis d’aujourd’hui pour nos armées dans le fil de la vision stratégique sont :
J’ai pu apprécier d’excellents commandeurs interarmées qui savent faire prévaloir ces axes de compréhension, d’association et de formalisation.
Faisant face au retour de la guerre, les armées, directions et services, dans une cohésion interarmées et interservices que je considère exceptionnelle aujourd’hui, font face à ces mêmes défis de l’opérationnalité et de l’innovation, guidés par la loi de programmation militaire 2019-2025.
Chaque chef d’état-major décline ces conditions de succès par des plans de transformation adaptés : Supériorité opérationnelle 2030 dans l’armée de Terre, ALTAÏR 2022 et Plan de vol dans l’armée de l’air, Mercator dans la Marine nationale.
Je remarque une génération de chefs aguerris, soucieux du collectif et de sens partagé, qui ont un rôle de facilitation face à ces défis pluriels.
 
L’opérationnalité est une notion qui revient souvent dans votre discours ; pouvez-vous nous en dire un peu plus ?
L’atteinte de la pleine capacité opérationnelle et les conditions du succès de nos engagements sont à rechercher en permanence et à construire en amont de nos déploiements. Elles font l’objet d’une vigilance permanente du CEMA. Cette opérationnalité à mériter recouvre la disponibilité opérationnelle des forces, leur capacité à durer dans des milieux abrasifs et exigeants, mais également leur aptitude à s’intégrer dans une logique de délivrance d’effets dépassant très largement la simple logique de milieux dans lesquels ces effets s’appliquent. Souvent, et de manière caricaturale, on réduit ces notions au maintien en condition opérationnelle. Cet ensemble de mesures qui assure la disponibilité matérielle de nos équipements est indissociable de la disponibilité mentale et physique de nos hommes et femmes combattants, pour assurer la mission. Il s’agit bien pour l’IdA d’évaluer et de favoriser ces conditions de succès et de s’assurer que, du caporal au général, tout le monde ait compris que la finalité opérationnelle l’emporte sur la stricte modalité tactique.
Cette posture a été le fil rouge des engagements et conseils que j’ai transmis, après les avoir reçus de mes anciens expérimentés en missions opérationnelles. J’ai appris ces conseils bien sûr dans l’armée de Terre, en tant que hussard parachutiste, puis dans les commandements interarmées, en particulier ces trois dernières années en tant qu’Inspecteur des armées. L’Inspection des armées « nouvelle génération », qui réunit trente experts dans les divisions « inspection », « enquêtes » et depuis l’été dernier, « audit », est mobilisée au quotidien pour écouter, enquêter, conseiller et rassurer les militaires et civils français des organismes interarmées partout dans le monde, afin d’accomplir les missions confiées dans un souci d’appui au commandement.
 
Pouvez-vous nous parler des dernières inspections que vous avez menées ?
Tout d’abord, je tiens à rappeler que les inspections sont ordonnées, confortées et suivies attentivement par le Chef d’état-major des armées qui donne mandat à l’Inspection des armées. Ce programme de près de 40 missions annuelles s’effectue en opportunité, en régularité ou de façon plus aléatoire. De plus, l’Inspecteur des armées, comme son adjoint, ne mènent aucune inspection seuls ou de façon individuelle. Nous préparons, conduisons et restituons en équipe en trinôme interarmées, renforcés et enrichis de compétences dédiées. Nous sommes épaulés par une équipe qui comprend un assistant militaire du grade de colonel, un officier chargé d’études (OCE), qui organise la mission en coordination avec l’unité inspectée, des conseillers du personnel et un ou plusieurs experts, selon les spécificités de cette unité.
Mes dernières inspections sont représentatives de la variété du périmètre dévolu à l’Inspection des armées : le Service de l’énergie opérationnelle (SEO), où j’ai été accompagné pour la première fois d’un auditeur, sur trois sites en France, Barkhane sur le continent africain, les forces armées en Polynésie française (FAPF) et les forces armées en Nouvelle-Calédonie (FANC), ou encore les 3 installations prioritaires de défense (IPD) de la Force océanique et stratégique.
Forces en opérations, Forces de souveraineté, Forces de présence, directions et services interarmées, organismes interarmées et à vocation interarmées (OIA et OVIA), commandements de zones de défense, commandements de zone maritime (CZM), installations prioritaires de défense, points d’importance vitaux (PIV) : voici en synthèse le périmètre d’évaluation de l’IdA.
Pour embrasser ce périmètre dans toute sa complexité, l’IdA s’est enrichie en 2021 d’une division audit dont l’approche a permis d’ajouter à notre analyse une nouvelle grille de lecture. Je me félicite de cette intégration qui a favorisé des échanges féconds entre nos deux démarches et in fine, qui nous permet de livrer au commandement une vision encore plus précise de la situation. 
Le rythme des inspections, audits et enquêtes est intense pour tous, mais j’ai pu observer l’engagement de nos forces dans des contextes opérationnels exigeants, et leur volonté de s’adapter en permanence pour réunir les conditions d’un commandement soudé et soucieux du collectif.
C’est fort de ces constats que mon équipe et moi-même allons rendre compte régulièrement au CEMA de chacune de ces inspections, mais aussi des enquêtes de commandement et des saisines, qui justifient écoute, confiance et travail d’équipe.
Que retenez-vous de votre engagement ?
Je répète souvent qu’on est « plus intelligent à plusieurs ». J’ajouterai, à l’issue de ces trois années à l’IdA, que l’on est plus efficace en équipe interarmées et interservices quand on anticipe et quand la finalité est partagée, comprise et qu’elle est déclinée dans l’ensemble des actions entreprises. Le reste n’est que détail.
Je retiens de ce parcours riche, pluriel et ouvert, que les femmes et les hommes des armées, qu’ils soient civils, militaires d’active et de réserve et de toute expérience, constituent la richesse principale et que dès qu’ils sont convaincus par le sens de la mission et considérés par leurs chefs, ils deviennent invincibles.
Je me retire certes du service actif comme mes chefs, pairs ou subordonnés qui arrivent en limite d’âge, c’est la règle du « jeu ». Je le fais avec bien sûr de la nostalgie de bons moments partagés, mais aussi le sentiment d’avoir accompli jusqu’au bout la mission qui m’a été confiée. Je n’oublie pas les femmes et les hommes à côté desquels j’ai servi, nos héros qui pour certains, dans l’accomplissement de leur mission, sont allés jusqu’au bout de leur engagement et ont rejoint là-haut la cohorte de ceux qui veillent sur nous. Notre engagement dans les armées est vertueux car nous alternons des postes de chef ou de subordonné sur des durées raisonnables qui nous permettent de relativiser, nous déposséder et ne jamais raisonner propriétaires. Je poursuivrai ma mission d’ambassadeur des valeurs des armées sur d’autres sujets.  
Ce rayonnement repose sur les femmes et hommes militaires et civils de chaque armée, direction et service, dont la collaboration est indispensable sur le territoire national comme à l’étranger. Cette fraternité d’armes interservices et interarmées est un levier important pour faire face aux défis humains et matériels, et ainsi « gagner la guerre avant la guerre ».
La force morale et l’engagement, comme le CEMA l’a rappelé le 22 avril dernier dans son ODJ n°13, sont les maîtres-mots pour les forces armées d’aujourd’hui et de demain. Cet état d’esprit positif permettra de continuer d’aborder avec cohérence la dynamique de coalition internationale à laquelle la France doit pouvoir coopérer, et dont l’actualité confirme l’impérieuse nécessité.
Que ce soit en tant que chef de corps, Commandant de brigade, Délégué adjoint à l’information et à la communication de la défense (DICoD), Commandant en second de la Direction du renseignement militaire (DRM), ou encore Inspecteur des armées, je quitte une institution dont je suis fier de dire que les forces vives, quel que soit leur grade, témoignent d’un engagement remarquable sur le terrain, en faisant preuve d’agilité, d’ingéniosité et d’abnégation et surtout un sens de la mission et un altruisme que je respecte.
Je profite de ce petit témoignage pour remercier tous ceux et celles avec qui j’ai pu servir d’amitié dans nos armées et obéir par passion, toujours soucieux du succès de la mission, tant sur le terrain que dans les esprits et les cœurs.
Haut les cœurs donc, et continuons à nous appuyer sur cette devise que je trouve valeureuse : fais ce que dois, advienne que pourra !
En savoir plus sur :
La Vision stratégique du CEMA :
https://www.defense.gouv.fr/ema/chef-detat-major-armees/vision-strategique-du-chef-detat-major-armees-fresgb
L’ordre du jour n°13 du CEMA :
https://www.defense.gouv.fr/ema/chef-detat-major-armees/ordres-du-jour-discours/ordre-du-jour-ndeg13-du-general-darmee-thierry-burkhard-chef
L’Inspection des armées:
https://www.defense.gouv.fr/ema/linspection-armees-ida
« Supériorité opérationnelle 2030 », la vision stratégique du chef d’état-major de l’armée de Terre : https://www.youtube.com/watch?v=7gQ1TeMhmII 
Le plan Mercator de la Marine nationale :
https://www.youtube.com/watch?v=ENFrrvlwnPE
Sur la vision stratégique de l’armée de l’Air et de l’Espace :
https://air.defense.gouv.fr/actualite/vision_strategique_armee_air_espace
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