Entreprendre à Dubaï peut offir d’importants avantages fiscaux. Analyse avec Patrice Molinari, un capital-risqueur français basé à Dubaï.
JDN. Est-il interessant pour un entrepreneur du web Français d'installer sa start-up à Dubaï ?
Patrice Molinari. La région du Moyen-Orient, et particulièrement la ville de Dubaï, est une région multi-culturelle qui offre aujourd'hui de belles opportunités pour un entrepreneur européen. On compte d'ailleurs près de 20 000 ressortissants français dans la région, dont 14 000 rien qu'à Dubaï, soit presque autant que dans la Silicon Valley.
Comment s'y prendre ?
Pour s'installer dans la région il y a deux solutions. La première, et moins utilisée, impose de céder 51% des parts de sa société à un partenaire local. En contre partie, l'entrepreneur qui s'installe est autorisé à cibler le marché local. A noter que cette contrainte peut être contrebalancée par un document permettant d'établir une protection des actifs et de la propriété intellectuelle de la société. La deuxième solution, plus couramment utilisée par les entrepreneurs, est de s'établir en Free Trade Zone, des espaces souvent regroupés par domaines d'activité, comme par exemple à la Dubaï Internet City pour les métiers de l'Internet ou la Dubai Media City pour les métiers de la communication. Pour cela, il est impératif de louer un bureau, dont le loyer est plus ou moins coûteux selon les zones, ainsi que de s'acquitter de frais de maintenance à l'année, pour ensuite se faire délivrer un visa par les administrations locales.
Quels sont les avantages et les inconvénients d'entreprendre à Dubaï si l'on prend comme point de comparaison la France et l'Europe ?
Le principal avantage de Dubaï est surtout qu'ici il n'existe pas d'impôts ni sur les sociétés, ni sur le revenu. Comparé à la France, les démarches administratives sont presque inexistantes, ce qui permet à un entrepreneur de se consacrer 100 % à son projet. Dubaï dispose également d'un environnement très favorable, avec des services aux entreprises de qualité et beaucoup d'entrepreneurs. C'est une ville très active sur le plan économique. Pour les inconvénients, je mettrais en avant le système juridique qui, encore récent, comporte certaines zones d'ombre, notamment pour tout ce qui concerne le commerce électronique. Enfin, il peut s'avérer difficile pour un entrepreneur du web de recruter certains profils nécessitant des compétences techniques très pointues.
Le marché domestique de Dubaï est-t-il dynamique ? Existe-il de réelles opportunités pour un entrepreneur du web venu d'Europe?
Même si le marché local de Dubaï est réduit (7,5 millions d'habitants seulement), le potentiel regional est  énorme. Le moyen-orient compte 350 millions d'habitants dont 86 millions d'internautes. On estime qu'ils devraient être 120 millions en 2015. En outre 60 % de la population a moins de 30 ans, le pouvoir d'achat est relativement élevé, de l'ordre de 25 000 dollars par habitant dans le golfe Persique. La population régionale est aussi fortement utilisatrice de l'Internet mobile et des réseaux sociaux. On observe par ailleurs depuis deux ans une hausse significative des dépenses en ligne. Je pense que nous nous situons sur un point d'inflexion en ce qui concerne le développement des services web et les habitudes des internautes, d'autant plus qu'il y a encore beaucoup d'espaces vides a combler. 
Pour ce qui est des opportunités, il existe aujourd'hui une énorme demande en termes de contenu régional, commerce électronique, et services B2C. Il existe à mon sens une véritable opportunité pour importer des business models européens ou américains et les adapter ici. Je peux vous citer l'exemple de Gonabit.com, clone de Groupon, qui s'est fait racheté par LivingSocial il y a peu de temps. De manière générale, nous assistons depuis un an à une éclosion de nouvelles idées et de nouvelles start-up pour combler les vides actuels du marché.
Quel est l'Etat du marché du capital risque à Dubai ?
Malgré l'existence aux Emirats d'énormes liquidités, il y a très peu d'investisseurs VC, même si leur nombre augmente. Leur liste est disponible sur le site du MENA Private Equity Association. On assiste aussi en parallèle au développement d'incubateurs ainsi que de groupes plus ou moins informels d'angel investors ou d'entrepreneurs, comme Wanda ou Dubai Tech Nights. Globalement, j'observe la création d'un écosystème qui devrait être propice au développement d'une économie de l'information dynamique dans les dix années à venir.
Existe-t-il des différences entre une levée de fonds au Moyen Orient comparé aux Etats-Unis ou à l'Europe  ?
Lever des fonds pour une start-up trop novatrice peut se révéler plus difficile qu'en Europe ou aux Etats-Unis car il y a encore peu d'investisseurs qui ont l'expérience de ce type d'investissements. Pour des business models plus simples, par exemple du type e-commerce ou contenu, il existe néanmoins de réelles opportunités. Mais le processus de levée de fonds peut se révéler assez long si l'on ne connait pas bien les coutumes régionales et la dynamique du marché. Avant d'investir dans une société, un investisseur va prendre le temps de vous connaitre. Ce processus peut s'avérer parfois long, entre un à deux ans dans certains cas, c'est pourquoi je recommande fortement de se faire introduire par un partenaire ou une connaissance lorsque l'on démarche un investisseur local.
Patrice Molinari, Senior Director et membre fondateur de Al Masah Capital, Dubai, est diplômé de The Wharton Business School, University of Pennsylvania, et de l'Ecole Nationale de l'Aviation Civile, Toulouse. Depuis 2004 dans le Golfe Persique, il se focalise sur des prises de participation majoritaires et l'injection de capital de croissance dans des sociétés à fort potentiel. Il a investi de l'ordre de 120 millions de dollars dans des start-up technologiques pour le compte d'investisseurs régionaux.

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