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Le 14 septembre en France, des milliers de collégiennes et lycéennes sont venues en cours avec des tenues jugées « inappropriées » pour s’insurger contre les règles vestimentaires imposées. Zoom sur l’avis des Allemands sur le mouvement de protestation du #lundi14septembre.
Que ce soit au collège ou au lycée, il vous est peut-être arrivé d’hésiter des heures le matin sur la tenue que vous alliez porter la journée. Cette hésitation est bien souvent plus intense chez les jeunes filles car leurs tenues sont parfois refusées lorsqu’elles arrivent à l’école. Refusée, mais pourquoi ça ? Pour un t-shirt jugé trop vulgaire car il possède un décolleté ou parce qu’il laisse entrevoir le bout des tétons ou encore le nombril. Pour une jupe ou une robe courte, un pantalon trop moulant ou encore un simple short. Il y a quelques semaines en France, plusieurs jeunes filles en France ont partagé sur les réseaux sociaux la tenue qui leur a valu un renvoi des surveillants de leur collège ou de leur lycée. Face à cette multiplication de témoignages, le mouvement du #lundi14septembre est né.
L’idée est simple : venir en cours avec ladite tenue « inappropriée » le même jour dans des collèges et lycées de la France entière pour protester contre l’interdiction de porter les vêtements de son choix. Et ce mouvement a eu de l’effet ! Des dizaines de journaux français ont partagé leur opinion sur cet enjeu, ce qui a entrainé une réaction du ministre de l’Education nationale français, Jean-Michel Blanquer. « Chacun peut comprendre que l’on vienne à l’école habillé d’une façon disons républicaine » a-t-il déclaré sur RTL le 21 septembre, une semaine après le lancement du mouvement. Telle une bombe, cette phrase a lancé une polémique sur la question des vêtements à l’école, divisant plus que jamais les Français. Quelques jours plus tard, le journal Marianne a lui aussi alimenté le débat public, en publiant un sondage sur les types de vêtements « portables ou non » critiqué entre autres par de nombreuses féministes.
A Berlin, la rédaction, armée de son micro, est partie recueillir les témoignages d’Allemandes mais aussi d’Allemands sur ce sujet qui enflamme la société française. Alors qu’en pense-t-on outre-Rhin ?
Concernant l’opinion des Allemands face au mouvement du #lundi14septembre, les avis sont partagés. Bien qu’il soit soutenu pour la plupart, la question de savoir si les habits des filles (et des garçons) doivent être adaptés à l’école se pose.
Ziporah, 19 ans, étudiante en psychologie, affirme qu’il est nécessaire de remettre en question les principes et valeurs des règlements vestimentaires : « les femmes subissent déjà le regard d’autrui au quotidien, pourquoi donc leur infliger un règlement strict qui ne leur convient et ressemble pas. ».
Christiane, 58 ans, assistante médicale, déclare qu’il n’y a aucune indécence dans les tenues que les collégiennes et lycéennes ont portées le 14 septembre et elle soutient cette démarche. Cependant, elle dit que les filles comme les garçons doivent s’adapter « s’il y a un règlement scolaire précis dans une école privée par exemple. »
Claudia, 55 ans, décoratrice d’intérieur avoue en revanche ne pas soutenir complètement le mouvement du #lundi14septembre même si elle comprend « le ras-le-bol des jeunes filles qui n’ont pas envie qu’on leur dicte leur façon de s’habiller. »
Michelle et Julian, 18 ans et lycéens tous les deux, ne comprennent pas le problème quant aux tenues jugées inappropriées qui ont entrainé le renvoi de plusieurs jeunes élèves chez elles. Selon eux, ces dernières se sont habillées normalement, leurs tenues montrant « un peu de peau mais pas leur poitrine ou leurs tétons. »
Michelle précise : « Tant qu’elles sont confiantes et bien dans leurs vêtements, c’est très bien, elles peuvent mettre ce qu’elles souhaitent. Dans notre société, il est tout à fait normal de s’exprimer à travers nos choix vestimentaires et j’ai l’impression qu’on a tellement avancé que l’on devrait vraiment arrêter de juger les gens à partir de leurs habits et arrêter d’objectiver les femmes à cause de ce qu’elles se mettent sur le dos. En quoi est-ce important pour quelqu’un la manière dont s’habillent les autres ? »
la mode est une forme d’art et on ne peut forcer les filles à refouler une part d’elles-mêmes qu’elles expriment à travers leurs vêtements
Mickey, 26 ans et employée dans une entreprise d’audit, partage le même avis : « parfois il s’agit de mettre un short simplement pour s’adapter à la température. Du moment que ce n’est pas extrême, que les filles (et les garçons) ne montrent pas leurs corps nus, je ne vois pas de problème. Certaines sont plus à l’aise lorsqu’elles dissimulent certaines parties de leur corps parce qu’elles sont religieuses, d’autres préfèrent se découvrir, mais chacun devrait avoir le choix. » Pour elle, « la mode est une forme d’art » et on ne peut forcer les filles à refouler une part d’elles-mêmes qu’elles expriment à travers leurs vêtements.
Markus, 61 ans, est chef d’entreprise. Il déclare qu’à son époque il y avait plus de règles au niveau des habits : « les filles comme les garçons avaient plus de contraintes vestimentaires et on ne se plaignait pas. Ma fille, elle, n’a jamais eu de problèmes liés à ses vêtements à l’école en Allemagne parce qu’elle savait s’habiller décemment. Quant à mon fils, il n’a jamais mal regardé une fille à cause de ses vêtements. »
A l’instar du débat en France, les propos du ministre de l’Education Jean-Michel Blanquer ont suscité des questionnements auprès des personnes interrogées par la rédaction.
L’école n’est pas une boite de nuit
Claudia est d’accord avec les propos du ministre précisant que l’on doit se rendre à l’école « avec une tenue correcte et non provocatrice, une tenue qui n’a pas de connotation sexuelle. » Elle précise qu’en privé, c’est différent, « chacun fait ce qu’il lui plait mais en public, penser à ne pas déranger autrui, c’est aussi une question d’éducation et de respect de l’autre, ce n’est pas seulement par rapport à la gente masculine mais vis-à-vis de tous. » Elle ajoute « Mes parents par exemple sont très gênés lorsqu’ils voient des jeunes femmes à demi-nues dans la rue. Il y a des endroits où cela est autorisé comme au sauna où sur les plages FKK (naturistes, ndlr) et cela ne pose alors aucun problème car ceux qui y vont savent à quoi s’attendre, moi y compris. En revanche, si c’est à l’école ou dans la rue, en ce qui me concerne, je le ressens comme une agression et un manque de respect ! »
La réponse de Markus va dans le même sens que celle de Claudia. Il comprend ce que veut dire le ministre français et ajoute qu’il faut rappeler aux élèves « que l’école n’est pas une boite de nuit, on ne peut pas non plus s’habiller comme on veut. Il faut faire attention dans les lieux publics. Je respecte ma fille si elle veut s’habiller différemment lorsqu’elle sort le soir avec des amies mais à l’école, on doit apprendre aux enfants à s’habiller de manière décente car ils seront amenés à travailler dans des lieux où ils ne pourront pas porter les vêtements qu’ils veulent ! »
Marianne symbolise les valeurs françaises et pourtant elle est toujours représentée avec un décolleté ou torse nu
Mickey, Julian et Michelle pensent que le ministre ne devrait pas s’exprimer sur ce point. Mickey affirme ne pas comprendre, « forcer des gens à s’habiller d’une manière « républicaine » est tout de même étrange. Pourquoi un homme d’âge mûr devrait-il dicter à des enfants ce qu’ils ont le droit de porter ? Je pense qu’il peut avoir une opinion mais il ne devrait pas faire de telles déclarations. »
Michelle souligne que chacun a une opinion sur les vêtements des autres mais « tu n’as pas besoin de la partager, parce que tu n’es pas cette personne et tu devrais te regarder toi-même et non pas constamment juger comment s’habillent les autres. Je ne suis pas d’accord avec le ministre français parce que je crois que les gens devraient pouvoir s’habiller de la manière qu’ils veulent, il n’a pas son mot à dire. »
Julian précise que, selon lui, le ministre ne peut pas dire aux filles comment s’habiller, « ce n’est pas son rôle. » Il précise qu’en disant cela, le ministre répond à une polémique sur les tenues des jeunes filles : « Il s’adresse donc indirectement aux jeunes filles et leur demande de porter une « tenue républicaine » mais pas aux garçons ! C’est injuste que les filles doivent se tenir à une certaine norme et que les garçons puissent faire ce qu’ils veulent. »
Christiane, elle, se pose des questions sur la signification de l’expression « tenue républicaine » : « Qu’appelle-t-il une tenue républicaine ? En France, je sais qu’il y a Marianne, une femme qui symbolise les valeurs françaises – comme Germania en Allemagne – et pourtant elle est toujours représentée avec un décolleté ou torse nu. Donc oui, finalement les filles peuvent venir habillées de manière « républicaine » ! »
Michelle pense que les filles ne devraient pas changer la manière dont elles s’habillent, « les femmes doivent déjà renoncer à tellement de choses afin de ne pas être sexualisées, de ne pas être objectivées ou de ne pas être sifflées voire agressées par des hommes dans la rue. » Michelle est d’avis que le problème se situe plutôt au niveau des garçons. « Certains hommes ne sont pas éduqués sur le sujet et sont très conservateurs. Si les filles changeaient la manière dont elles s’habillent ce serait comme faire un pas en arrière dans l’évolution des mentalités. »
Concernant les mentalités, Claudia pense aussi que l’éducation des garçons est une priorité « il faut leur faire comprendre dès le plus jeune âge qu’une tenue légère n’est pas une invitation ». Mais elle précise que le changement des mentalités est long : « on ne change pas la société en deux temps trois mouvements ! Alors un peu de bon sens de la part de chacun, garçons et filles ne fait pas de mal. Si je vais faire mes courses en mini-jupe et en cuissardes, on va voir les réactions ! Je pense qu’il faut un minimum de respect de part et d’autre ! »
nous vivons dans une société patriarcale. Il faut donc changer cette idée et éduquer différemment les garçons, à l’école mais aussi à la maison
Christiane elle, affirme que l’éducation parentale des garçons doit être améliorée, elle déclare même que les parents aussi doivent changer leur regard : « il y a un mimétisme des enfants qui répètent les mêmes erreurs que leurs parents… ma génération ne réagissait pas de la même manière face à certains enjeux de la société actuelle, il faut donc apprendre à vivre avec son temps, même si c’est difficile. »
Markus, de son côté, rétorque qu’il s’agit d’un travail complémentaire entre les filles et les garçons : « à l’école, oui, les filles et les garçons doivent s’adapter. Je n’empêcherai jamais ma fille de mettre ce qu’elle souhaite mais elle doit faire attention, y compris le soir où trainent pas mal de voyous qui se croient tout permis. Je pense qu’il est important aussi d’apprendre aux jeunes garçons à respecter les femmes, à ne pas justement se croire tout permis. Eduquer les garçons et avertir les filles sont donc tout aussi importants si on veut que ça marche. »
Julian fait remarquer que dans certaines situations, les filles doivent s’adapter : « par exemple quand elles sont seules dans la rue le soir, si elles portent une mini-jupe, il y a des fous qui peuvent utiliser cela à leur avantage. C’est triste mais les filles doivent garder en tête les réactions qu’elles pourraient susciter en fonction de leur tenue. »
Ziporah ajoute « la question ne se pose même pas ! » (Rires) Pour elle, le problème ne dépend pas des filles, « c’est uniquement aux garçons de changer leur regard envers les filles et leur façon de s’habiller. Le problème ne vient que de celui qui rend la chose problématique car le problème en soit n’existe pas. Les filles ne s’habillent pas d’une manière provocante en portant une mini-jupe, c’est le garçon qui l’interprète ainsi, et son point de vue est complètement faux. »
De son côté, Mickey s’indigne : « on dit aux filles qu’elles ne doivent pas tenter les garçons, mais pourquoi ne dit-on pas aux garçons de laisser les filles tranquilles ? Si on empêche les filles de s’habiller comme elles veulent juste pour le regard des garçons alors c’est injuste ! » Selon elle, l’enjeu est bien plus profond que les vêtements, il s’agit d’une question de respect et de patriarcat : « Si les garçons apprenaient à respecter les filles, leurs habits ne seraient pas au cœur du débat. Les hommes doivent apprendre à voir les femmes comme des individus. Parfois, les garçons apprennent chez eux qu’ils valent davantage que les filles et que ces dernières peuvent être traitées comme des objets parce que nous vivons dans une société patriarcale. Il faut donc changer cette idée et éduquer différemment les garçons, à l’école mais aussi à la maison. »
Le mouvement du #lundi14septembre a ainsi provoqué de nombreuses réactions, que ce soit en France ou outre-Rhin. Bien que l’on soit en 2020, les vêtements des femmes continuent de faire débat et les femmes, elles, continuent de revendiquer leur liberté plus que jamais.
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jean luc1 mar 20/10/2020 – 00:18
En Allemagne ,il y as des code vestimentaires á respecter , dans les colléges on apprend ses codes , car au moment de postuler une formation en entreprises , celas feras la différence . j’ai eu deux filles , bien dans leurs peaux, qui savaient ce qu’elle voullaient , aucun conflit entre nous les parents et elles . toujours bien habillées sobrement , sans provocations pour nous . Si on veut avoir une place en formation dans une firme ,il faut être sobre . jean luc https://www.expat.com/forum/viewforum.php?id=4259
Maud Cambronne jeu 08/10/2020 – 14:51
Les Allemands ont un rapport beaucoup moins complexé au corps. J’ai découvert l’Allemagne quand j’avais 15 ans, et après une partie de basket, tout le monde se douchait nu, garçons et filles mélangées. Même chose lors d’une sortie à vélo au lac avec la classe, la plupart se baignaient sans maillot de bain, et même ceux ou celles qui en avaient, quand ils se changeaient ils ne mettaient pas une serviette autour de la taille. A la piscine de la ville, on pouvait nager sans maillot de bain (à certains horaires) Aussi, voir un nombril, voir des cuisses, voir un nombril, ça ne les met pas dans tous leurs états comme en France. Tiens, une question: comment dit-on “un voyeur” en allemand? “Ein Voyeur”, oui, comme en Français, c’est vous dire la réputation qu’ils nous font!
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Emma Granier
Rédactrice en chef de l'édition Berlin.
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