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Parce qu’un produit réussi n’est pas nécessairement un produit technologique, et inversement.
Le BDM est partenaire de GEN, le rendez-vous business et numérique du Grand Est, pour la deuxième année consécutive. Durant l’événement, nous avons eu le plaisir d’assister à la conférence de Yohan Founs, designer chez Adobe. Il décrypte l’origine, les principes et la philosophie de la tendance “low tech”.
Transformation numérique, connexion permanente, écrans omniprésents, réalités virtuelle et augmentée… En quelques années, le digital a profondément transformé notre quotidien. Ce processus est souvent associé à une démarche positive : la promesse du numérique est de résoudre plus de problèmes qu’il n’en génère. Si tout n’est bien évidemment pas à jeter, on constate que certains vœux n’ont pas été réalisés.
Face à ces imperfections du numérique, des concepteurs réagissent et s’organisent. Le principe : imaginer “de nouvelles techniques orientées vers l’avenir pour préserver la planète et recréer des liens sociaux”. Cette tendance, la low tech ou conception basse technologie, consiste à imaginer des produits sous un prisme centré sur l’humain plus que sur la technologie. Un produit est bien pensé s’il répond à une problématique humaine, un produit n’est pas bien pensé parce qu’il intègre des hautes technologies. Cette différence constitue le paradigme primaire de la low tech.
Les principes de la low tech sont insufflés dès les prémices de la conception produit (by design). On cherche à concevoir des objets réparables. On privilégie les produits monofonctionnels aux systèmes complexes et interdépendants, pour éviter qu’une panne entraîne la paralysie d’autres fonctions. On fait le choix de logiciels et contenus libres pour réduire les coûts de développements et les risques, favoriser l’amélioration continue et la maintenance. On n’hésite pas à faire appel à des interfaces diverses, activées grâce au toucher ou à la voix. Si l’encre électronique est suffisante pour répondre au besoin exprimé, pas besoin d’opter pour un écran OLED. On décentralise le stockage d’information (local, peer-to-peer…) et les flux (edge computing, offline by design…).
Tous ces principes favorisent l’indépendance, la durabilité, l’éthique et la juste réponse à une problématique, des mots clés qui correspondent bien au lexique de la low tech.
Concrètement, la low tech, c’est quoi ? Ce sont des produits très différents, qui répondent aux principes précédemment cités. On pense au Fairphone, ce téléphone “qui ose être équitable”, aux lampes à gravité qui n’ont pas besoin d’être branchées pour fonctionner, aux couveuses basées sur des pièces automobiles, aux frigos enterrés pour bénéficier de la fraîcheur du sol, à la machine-à-laver “L’increvable”, mais aussi aux drones qui distribuent des médicaments au Rwanda et à la marque de voitures Dacia.
On parle souvent de produits, mais la low tech s’exprime aussi dans les services numérique ou dans l’association des produits et des services. On peut notamment citer la distribution Linux Lubuntu, particulièrement légère, qui a le pouvoir de ressusciter nos plus vieilles bécanes. En développement web aussi, la conception basse technologie peut être utilisée, bien que les postulats et les résultats puissent être déroutants. C’est notamment le cas du site de Low Tech Magazine, qui a poussé le concept jusqu’au bout : pas de tracking, pas de services tiers… mais aussi pas de typographie (le navigateur utilise celles de l’utilisateur), pas de logo, des images hyper optimisées… On met de côté l’identité de marque, la signalétique, la typographie “qui représente 50% du design” selon Yohan Founs… Des positions qui déstabilisent forcément les designers et tous ceux qui travaillent dans la conception de produits ou de sites web. Les serveurs qui hébergent ce site sont d’ailleurs alimentés par l’énergie solaire : quand il fait gris ou qu’il fait nuit, le site est hors-ligne en attendant de retrouver suffisamment de luminosité.
On associe parfois la low tech à la théorie de l’effondrement, à la collapsologie. Certains de ces produits semblent en effet construits pour nous aider à survivre à une époque post-industrielle où la débrouille et l’adaptation seraient les maître-mots. D’autres semblent simplement être des produits adaptés à un besoin identifié, sans s’appuyer sur une base technologique impressionnante “par principe”. Ce qui est certain, c’est que la prise de conscience écologique actuelle, ou en tout cas le fait que l’écologie soit beaucoup plus au centre des débats qu’il y a 10 ans, devrait favoriser l’émergence et le développement de ces produits low tech ; malgré les prouesses et les promesses toujours plus captivantes des technologies numériques.
La conception basse technologie ne s’oppose pas toujours à la rentabilité économique. Il y a quelques années, toutes les entreprises ont développé des applications mobiles “parce qu’on pouvait développer des applications, tout le monde développait des applications, c’était cool de développer des applications”. Si les ingénieurs s’étaient posés les bonnes questions, plutôt que de suivre certaines entreprises comme des moutons, il existerait peut-être moins d’applications abandonnées et ces ingénieurs auraient peut-être mobilisé leur temps et leurs compétences sur des services utiles aux usagers et plus rentables pour leurs sociétés.
La low tech s’exprime principalement dans des produits physiques. Les services numériques low tech sont, par nature, moins courants. Si vous êtes concepteur web et que la tendance basse technologie vous interpelle tout de même, ne vous sentez pas contraints de proposer des interfaces qui intègrent le moins d’images possible “par principe”. Posez-vous simplement la question de l’intérêt des composants et des briques technologiques pour l’usager, et n’embarquez pas de la techno pour embarquer de la techno : au final, la réussite de votre produit dépendra de la réponse qu’il apporte à une problématique utilisateur, pas de la dose de techno qu’il comporte.
Très interessant, notamment le lien et la référence vers le Low Tech Magazine. Merci pour cette belle découverte. 🙂 En plus des facteurs aggravants de l’empreinte énergétique du numérique dont vous parlez déjà dans cet article, on pourrait rajouter aussi le streaming vidéo. Le dernier rapport du Shift Project a montré que son empreinte était démentielle. Quand on sait que la plupart des vidéos regardées sur Youtube peuvent être simplement écoutées en audio, via podcast ou Deezer/Spotify, on se dit qu’il est quand même assez simple de faire baisser notre consommation. Il faut juste le savoir 😉
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