Le calme avant la tempête ? Pour le président ukrainien aucun doute, l’armée russe se repositionne dans l’est de l’Ukraine en prévision « d’attaques puissantes ». « Ils s’éloignent des régions où nous les battons pour se concentrer sur d’autres qui sont très importantes où cela peut être difficile pour nous », a analysé Volodymyr Zelensky dans une allocution prononcée dans la nuit de jeudi à vendredi. Parmi les cibles privilégiées de la Russie : le port assiégé de Marioupol, où est prévue ce vendredi une nouvelle tentative d’évacuation de civils.
Plus tôt cette semaine, la Russie a indiqué qu’elle entendait réduire son activité de Kiev et Tcherniguiv afin de transférer sa puissance de frappe depuis le nord vers les régions séparatistes de Donetsk et de Lougansk, dans l’est. « Cela fait partie de leur tactique », a déclaré Volodymyr Zelensky. « Dans le Donbass et à Marioupol, dans la direction de Kharkiv, l’armée russe se renforce en prévision d’attaques puissantes », estime-t-il.
We endured much more than the enemy expected. They said – three or five days. They thought that this would be enough for them to seize our entire state. And it’s already 36. And we are standing. And we will continue to fight.
Ses observations sont partagées par le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, selon lequel les forces russes « ne se retirent pas mais se repositionnent » sur la région du Donbass, tout en maintenant « la pression sur la capitale Kiev et d’autres villes ».
Ce recentrage laisse présager un conflit « prolongé », qui pourrait durer des mois, estime le Pentagone. Son porte-parole, John Kirby, estime probable que les troupes russes « soient repositionnées, probablement en Biélorussie, pour être rééquipées et réapprovisionnées et utilisées ailleurs en Ukraine ».
Des experts militaires estiment que Moscou a abandonné son projet d’avancer simultanément le long de plusieurs axes au nord, à l’est et au sud, en raison des difficultés rencontrées face à la résistance ukrainienne plus forte que prévu. Selon des responsables américains, la Russie a déplacé environ 20 % de ses troupes des environs de Kiev après avoir échoué à prendre la ville. Reste que les frappes sur la capitale se poursuivent.
Plus d’un mois après l’invasion de l’Ukraine, le port stratégique de Marioupol, au sud-est de l’Ukraine, reste assiégé et pilonné sans relâche. Au moins 5 000 personnes ont péri et 160 000 civils seraient toujours bloqués dans la ville. Selon les observations du ministère britannique de la Défense, les Ukrainiens y « conservent le contrôle du centre-ville » malgré des « combats intenses ».
Le dirigeant de la république caucasienne russe de Tchétchénie, Ramzan Kadyrov, dont des milliers d’hommes combattent dans cette ville, a assuré que 90 à 95 % est sous contrôle russe. Il a donné un jour aux derniers défenseurs ukrainiens, retranchés dans l’usine métallurgique Azovstal, pour déposer les armes et se rendre.
Au milieu de ces tensions, une tentative d’évacuation doit avoir lieu ce vendredi. La délégation du Comité international de la Croix-Rouge (CICR) en Ukraine a indiqué sur Twitter qu’elle se trouvait dans la ville voisine de Zaporojie, où sont censés arriver les bus en provenance de la ville encerclée. « Nous espérons pouvoir faciliter le passage en toute sécurité des civils qui souhaitent désespérément fuir Marioupol », a déclaré Lucile Marbeau, de l’organisation.
Grateful for people like Lucile Marbeau in this 40-seo video with the International Committee of the #RedCross team working to bring humanitarian aid into #Mariupol #Ukraine and lead safe passage out those trying to leave. Media B-Roll @ICRC: https://t.co/d1XQUHTMAR pic.twitter.com/uT7KFRxiDG
Le gouvernement ukrainien a également envoyé des dizaines de bus vers Marioupol, et le gouvernement local a déclaré sur Telegram que les civils pourraient commencer à embarquer vendredi matin dans la ville voisine de Berdiansk. Ceux qui ont pu fuir la ville ont décrit des conditions catastrophiques, avec des civils terrés dans des caves, privés d’eau, de nourriture et de toute communication, et des cadavres jonchant les rues. La municipalité accuse en outre Moscou d’avoir évacué « contre leur gré » plus de 20 000 habitants vers la Russie.
Après cinq semaines de guerre, 4 millions de réfugiés ont fui l’Ukraine, auxquels s’ajoutent presque 6,5 millions de déplacés à l’intérieur du pays, selon l’ONU. Quelque 90 % de ceux qui ont fui l’Ukraine sont des femmes et des enfants.
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