Blog basket / Actu / Interviews 🎙️ / Greg Beugnot : « On ne vient pas en Euroleague pour faire de la figuration »
Greg Beugnot Ă©tait prĂ©sent au Tony Parker Camp de Villeurbanne en tant que coach. Le technicien de Chalon-sur-SaĂ´ne s’est posĂ© une dizaine de minutes avec nous. Pour parler de coaching, de formation, et de l’actualitĂ© du club bourguignon.
Greg Beugnot : C’est vraiment mĂŞme l’opposĂ©, dans le sens oĂą on est lĂ  pour leur apprendre et leur inculquer certaines choses. Mais comme il n’y a pas assez de temps de travail, on est obligĂ© d’apporter tous les jours des variantes. Et on n’a pas assez de temps pour dĂ©velopper assez les fondamentaux. Quand on travaille avec un jeune dans une structure de club, on peut planifier son Ă©volution. Et on sait que l’on va travailler pendant un mois, un mois et demi, les fondamentaux qu’il n’a pas. On va le faire Ă©voluer comme ça. Alors que lĂ , il faut qu’ils repartent et qu’il soient enrichis. Que l’on ait pu leur montrer plein d’exercices. Et qu’ils puissent Ă  un moment puiser dedans pour travailler personnellement, avant de reprendre les entraĂ®nements dans leur club. Ce n’est pas du tout pareil.
LĂ , on fait beaucoup d’Ă©changes sur ce que doit ĂŞtre un professionnel. Quand on gère des professionnels, on leur impose. C’est totalement diffĂ©rent. L’approche est diffĂ©rente. C’est essayer de les enrichir, mais rapidement. Mais par contre, il faut toujours ĂŞtre capable de rĂ©pondre Ă  leur(s) attente(s), Ă  leur(s) envie(s) et de leur inculquer comment rĂ©ussir aussi. Parce que souvent ils rĂŞvent. Ils pensent que ça va venir comme ça, parce qu’ils ont un bon petit potentiel, qu’ils sont les meilleurs de leur club. Bien souvent, ils sont loin d’un potentiel qui pourrait ĂŞtre exploitable Ă  haut niveau. Donc il faut vraiment essayer de les guider. Et leur faire comprendre que ça va ĂŞtre avec un gros travail de fondamentaux. Surtout qu’ils pourront avoir un bon petit niveau.
Greg Beugnot : Ça change, ça change. Alors, est-ce que c’est le fait qu’il y ait eu une envie globale de croire en nos potentiels français ? Je ne suis pas persuadĂ©. Pourtant, on est le seul pays europĂ©en Ă  fournir autant de joueurs en NBA. Je pense qu’aujourd’hui, on s’est focalisĂ© Ă  l’Ă©poque sur « les amĂ©ricains coĂ»tent moins chers, on va faire des effectifs d’AmĂ©ricains et autres ». Et le basket français a obligatoirement rĂ©gressĂ©. Pas par rapport au fait que l’on prenne des amĂ©ricains. Mais par rapport au fait qu’il y avait de moins en moins d’identitĂ© dans les clubs. Et que surtout, ça a dĂ©mobilisĂ© les jeunes qui se disaient « de toute façon, je ne jouerai jamais, ils ne prennent que des amĂ©ricains ». Aujourd’hui, un club par exemple comme Chalon, on peut prendre cinq amĂ©ricains. On n’a pas un gros budget. Non, on ne prend que quatre amĂ©ricains. Dont un qui est au bout du banc de touche et qui ne joue que très rarement. On dĂ©veloppe nos jeunes et on les fait jouer. Ce qui fait qu’aujourd’hui, il y a une croyance certainement dans les jeunes par rapport au travail, par rapport Ă  une planification de leur carrière. Et je pense que, je ne sais pas si c’est le fait que Tony (Parker) est aussi parlĂ© souvent de ça dans les journaux, dans les mĂ©dias et ainsi de suite, mais on a une gĂ©nĂ©ration de jeunes joueurs qui est en attente de ça. C’est Ă  nous les staffs de tout club de Pro A/Pro B, et mĂŞme en dessous, de tout mettre en oeuvre pour que ces gamins reçoivent le maximum de fondamentaux, de bases, et puissent percer. Je trouve qu’aujourd’hui, on change notre mentalitĂ©. On n’a plus peur des jeunes yougos, des jeunes amĂ©ricains et autres. On commence a avoir un excellent niveau. Ça doit aussi motiver certains en se disant « mais mince, si on arrive Ă  former des Lauvergne, des Lang, des Sefolosha – mĂŞme s’il Ă©tait Suisse -, des joueurs comme ça, on doit pouvoir y arriver ». Donc tout le monde commence quand mĂŞme Ă  faire très attention dans les coachs qui prennent dans les centres de formation. Et aussi au niveau du travail de l’INSEP qui est fait avec les meilleurs potentiels. Sur les dernières Ă©quipes qui ont eu la possibilitĂ© de gagner les titres, on a souvent des potentiels. Cholet l’a dĂ©montrĂ© avec SĂ©raphin et Gobert par exemple. Donc, aujourd’hui, ça donne aussi des idĂ©es aux autres clubs de se dire « On ne va pas investir que sur des joueurs amĂ©ricains. On va avoir une identitĂ©, faire des transitions avec des jeunes qui seront demain les futurs bons joueurs du championnat, voir plus loin ».
Greg Beugnot : Que les fondamentaux, c’est tout. Ils ont les qualitĂ©s athlĂ©tiques que l’on n’avait pas. Ils ont le mental que l’on avait pas. Aussi, ils sont ambitieux, ce que nous nous n’avions pas Ă  l’Ă©poque. Il n’y avait pas la loi Bosman. Donc personne ne partait Ă  l’Ă©tranger. Tout le monde restait pour le championnat de France. Et on « satisfaisait indirectement le plus haut niveau ». Aujourd’hui, ils rĂŞvent d’Euroleague, de NBA, de tout ça. Mais ils travaillent. Comme on insiste beaucoup sur les fondamentaux et autres, aujourd’hui, ceux qui percent, ce sont ceux qui ont le plus de fondamentaux.
Greg Beugnot : Le mental, l’intransigeance dans le travail, la duretĂ©. Pas la duretĂ© physique parce que l’on est lĂ  pour la dĂ©velopper. Mais la duretĂ© mentale pour ne jamais lâcher. En fait, ils vont travailler pendant un moment sans en toucher les dividendes. Parce qu’ils partent de tellement loin. Et ça, souvent ils ne sont pas prĂŞt. Au mois de dĂ©cembre, janvier, ils craquent un peu Ă  l’entrainement. Dans leur tĂŞte, ils ont l’impression qu’ils ne vont pas pouvoir y arriver. Alors que ce n’est pas ça du tout. C’est que pour faire jouer un jeune, il faut qu’il soit au moins pas trop loin au niveau du titulaire que l’on va remplacer. Parce que si c’est trop loin, c’est faire un cadeau. Ce n’est pas bon. L’Ă©quipe va rĂ©gresser. Et puis la discipline. La discipline dans le travail, dans le jeu, tout ça. C’est quelque chose qu’il faut leur inculquer dès leur plus jeune âge. Mais l’absence de fondamentaux qu’ils reçoivent avant, c’est prĂ©judiciable Ă  leur carrière. C’est dommage. Après, que l’on ait pas une qualitĂ© d’approche technique parce que l’on ne maĂ®trise pas, parce que l’on est pas Ă  haut niveau, ça peut arriver. Par contre, de ne pas apporter les fondamentaux qui sont la base du basketteur, c’est dommage.
Greg Beugnot : LĂ , c’est un peu particulier. Ce n’est pas le camp Ă©lite que l’on fait d’habitude Ă  FĂ©camp. La semaine Ă©lite, on a tous les meilleurs potentiels du championnat espoirs. Limite Ă©quipe de France de jeunes, INSEP, garçons et filles. En une semaine, techniquement, on arrive Ă  une qualitĂ© de jeu exceptionnelle. LĂ , c’est ouvert un petit peu Ă  tout le monde. Donc ça doit faire Ă  peu près 1/3, 1/3, 1/3, par rapport aux très bons potentiels, moyens et joueurs qui sont certainement venus pour faire une photo avec Tony ou voir ce que c’Ă©tait le camp. Le niveau est plus faible. Ce qui n’empĂŞche pas que l’on a une bonne Ă©volution de qualitĂ© dans les matches le soir. Mais c’est certainement le niveau le plus faible que j’ai vu de tous les stages que j’ai fait.
 
 
Greg Beugnot : Ça va dĂ©pendre de pas grand chose. On reçoit Gdynia et on va Ă  Berlin. Si j’avais la chance de faire 2/2, je mettrai la pression sur Berlin. Le club allemand n’aurait plus le droit de perdre chez lui. Le ColisĂ©e n’est quand mĂŞme pas une salle facile Ă  prendre. Ça va se jouer Ă  des dĂ©tails. Ça va peut-ĂŞtre se jouer si je gagne Ă  l’extĂ©rieur. A un match chez moi sur une possession. A un panier rĂ©ussit Ă  la fin au buzzer. Et voilĂ , on passerait. Mais je pense que je suis dans une poule oĂą je peux sortir, que je peux passer. Ça, j’y crois. Mes joueurs aussi. On ne vient pas en Euroleague pour faire de la figuration. Pas du tout. On va travailler Ă©normĂ©ment de stratĂ©gies en prĂ©-saison. Et ce, pour pouvoir s’adapter aux diffĂ©rences physiques qu’il y a entre les grosses cylindrĂ©es europĂ©ennes. Vraiment, je pense Ă  des dĂ©tails. Si j’arrive Ă  faire 2/2 au dĂ©part, une victoire chez soi, une victoire Ă  l’extĂ©rieur, ça va imposer aux autres Ă©quipes d’ĂŞtre dans l’obligation d’aller gagner soit Ă  Berlin, soit Ă  Gdynia, soit Ă  Chalon. S’ils n’y arrivent pas, ils iront battre les autres chez eux. Dans ce cas lĂ , je passerai.
Greg Beugnot : Quand on est champion, on doit attaquer le championnat pour dĂ©fendre son titre. Alors c’est dur. Les dix dernières annĂ©es, c’est presque dix fois un champion diffĂ©rent. Mais je pense que toute l’annĂ©e, on a très très bien travaillĂ© avec eux pour leur mettre dans la tĂŞte qu’ils allaient ĂŞtre champions. Et au dĂ©but de l’annĂ©e, ils n’ y croient pas du tout. Ils pensent que l’on fabule un peu. Ils pensent que l’on est des illuminĂ©s parce que l’annĂ©e prĂ©cĂ©dente, on avait gagnĂ© la coupe de France. Toute l’annĂ©e, on n’a pas lâchĂ©. Toute l’annĂ©e, on est revenu sur ça. Alors que l’on ne l’a jamais affichĂ© sur les journaux, sauf avant la semaine des As. Quand il y a eu le trophĂ©e de la semaine de As, on leur a dit « On ne veut pas de dĂ©compression. Pas de joie. Ce n’est pas ce que l’on cherche ». Alors que c’Ă©tait le deuxième trophĂ©e du club. Quand on a regagnĂ© la coupe de France, c’Ă©tait pareil. On est rentrĂ© en bus. Il n’y avait pas un bruit. Alors que l’on venait de faire un doublĂ© qui Ă©tait dĂ©jĂ  exceptionnel. On leur a dit « C’est le titre que l’on veut. Et vous ĂŞtes maintenant formatĂ© pour aller le chercher ». Je pense que la dĂ©faite en finale de l’Eurochallenge, elle fait le plus grand bien. Parce que les joueurs se sont rendus compte qu’ils Ă©taient passĂ©s pas loin. On a perdu contre une grosse Ă©quipe europĂ©enne, championne de Turquie en plus. Ce sont des dĂ©tails sur lesquels on focalisait depuis un petit moment. Ce ne sont  pas que des dĂ©tails techniques. Et je pense que ça a bien aidĂ©. Parce que l’Ă©quipe a pris conscience de son potentiel au niveau europĂ©en. Elle n’a pas commis les mĂŞmes erreurs. Surtout dans les playoffs, quand on a eu les demis-finales contre OrlĂ©ans qui ont Ă©tĂ© très très dures. Une Ă©quipe grandit Ă  travers ses Ă©checs. A mon avis, l’Ă©chec en finale de coupe d’Europe est certainement ce qui nous a donnĂ© la possibilitĂ© de remporter le titre. Je ne vais pas dire que ça a Ă©tĂ© bien digĂ©rĂ©. Mais ça a apportĂ© Ă  l’Ă©quipe la croyance en eux pour aller chercher le trophĂ©e. Mais surtout, de gommer toute ces petites bĂ©vues. Toutes ces petites erreurs qui nous ont coĂ»tĂ© en finale de coupe d’Europe. Et ça a Ă©tĂ© intelligemment digĂ©rĂ©. Donc c’est certainement ce qui nous a sauvĂ©.
Greg Beugnot : Denmon, c’est un peu un croisement entre Marquez Haynes et Malcolm Delaney. Il s’agit des deux derniers joueurs que j’ai eu sur ce poste lĂ . En plus, il est propriĂ©tĂ© des Spurs puisqu’ils l’ont draftĂ© au deuxième tour. Les Spurs ne voulaient pas s’en sĂ©parer. Ils voulaient le garder sous couveuse. Comme le joueur me plaisait bien, et que j’ai comme rĂ©putation Outre-Atlantique d’ĂŞtre un coach formateur avec les jeunes rookies, on a trouvĂ© vite un deal avec les Spurs. Donc, c’est en parfait accord dans la formation Spurs – Élan Chalon, ainsi que les agents du joueur. Il vient pour travailler très dur. C’est un vrai (poste) 2 très opĂ©rationnel qu’il faut ramener sur un poste 1. J’ai besoin d’avoir un poste 1 qui passe 10-15 minutes derrière (Steed) Tchicamboud dans les matches, puisque je n’en ai pas d’autre. Le deal convient Ă  tout le monde. J’adore le joueur. Après, ce n’est pas parce que je l’adore qu’il fera une bonne saison. Parce qu’il faut qu’il s’adapte au jeu Ă  l’europĂ©enne, dans l’Ă©quipe et ainsi de suite. Mais je pense qu’il a toutes les qualitĂ©s pour apporter un petit plus encore par rapport Ă  ce que l’on avait l’annĂ©e dernière avec Malcolm qui nous a fait une très bonne saison. C’est un joueur qui n’a peur de rien. Il a de la densitĂ© physique, de l’explosivitĂ© comme en avait Marquez Haynes. Et il est plus adroit que Malcolm Delaney. Donc je ne pense pas avoir fait une mauvaise pioche du tout. Maintenant, tout le monde le sait. Quand les Spurs draftent, mĂŞme au deuxième tour, c’est en gĂ©nĂ©ral un joueur qu’ils veulent mettre un jour ou l’autre dans leur collectif. Donc, c’est en gĂ©nĂ©ral un joueur complet. Je pense que lĂ , ils ne se sont pas loupĂ©s non plus dans leur choix.
Greg Beugnot : Elle est toujours activĂ©e. En revanche, je ne sais pas si elle ira au bout. Mais elle est toujours activĂ©e, oui. Il y a plein de pistes activĂ©es. HĂ©las, j’ai du mal Ă  faire mon choix. Ce que je recherche en fait, c’est le croisement de trois joueurs que j’ai vu. Il y en a 80-90 que j’ai Ă©liminĂ© parce qu’ils ne me plaisent pas du tout. Mais je n’arrive pas Ă  trouver le joueur qui correspond Ă  ce que j’attends pour renforcer l’Ă©quipe. Ne sachant pas si je vais le trouver, je garde des joueurs comme ça. Dont Alexis Ajinça. Mais aussi d’autres joueurs.
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