Le projet s’avère colossal : restaurer les mythiques routes de la Soie n’est pas une mince affaire, et rien ne peut encore attester de son potentiel succès futur. Mais de nombreux acteurs politiques et économiques s’y intéressent de très près, le projet devant englober jusqu’à 68 pays, soit 4,4 milliards d’habitants et 62% du PIB mondial.
La Belt and Road Initiative est composée de deux notions correspondant à deux routes :
La ceinture terrestre,est composée de corridors terrestres traversant l’Asie Centrale et le Moyen-Orient afin de lier la Chine à l’Europe : c’est l’axe eurasiatique. Celle-ci est faite du réseau ferré traditionnel déjà en service (axe trans-Eurasie, trassibérien, magistrale Baïkal-Amour) ainsi que des nouveaux projets ferroviaires ambitieux voulus par la Russie et la Chine (nouveau pont terrestre eurasiatique, réseau transcontinental chinois).
La route maritime, envisagée en parallèle à la stratégie de collier de perle afin de sécuriser les transports de marchandises, part des ports de la côte chinoise en direction du sous-continent indien, puis des ports africains ou en direction du Golfe d’Aden et du canal de Suez en direction des grands ports européens.
Les intérêts chinois dans ce projet de Nouvelle route de la soie sont pluriels et à plusieurs échelles : l’amélioration de la connectivité ferroviaire, le désenclavement des territoires de la Chine occidental, la promotion de la coopération avec les États eurasiatiques, mais aussi le renforcement de la position géopolitique et géoéconomique de la Chine sur le plan mondial en renforçant une connexion continentale, en se prémunissant de problèmes qui pourraient être liés à l’avenir aux tensions militaires sur ses côtes. Par ailleurs, le projet a été dévoilé en 2013 par le gouvernement chinois comme l’équivalent de la stratégie du collier de perles et une priorité pour la diplomatie chinoise, sous la présidence Xi Jinping.
Ces routes ne se limiteront pas au seul aspect économique et commercial puisque devront suivre des coopérations internationales en termes de politiques sociales, environnementales, voire numériques de grande envergures. Elles ont vocation à être multidimensionnelles en ce sens que la Chine et ses partenaires comptent bien s’appuyer dessus afin de renforcer leurs coopérations internationales, utilisant les nouvelles routes de la soie comme un point d’ancrage permettant un embranchement de projets bien plus vastes encore.
Enfin, ce grand projet démontre que la Chine de Xi Jinping a choisi de prendre la tête de puissances internationales promouvant la globalisation économique, devant « une improbable championne de la libéralisation des marchés internationaux » (The Diplomat). En effet, la Chine est aujourd’hui le seul État au monde à envisager une offre de mondialisation d’une telle ampleur. L’arrivée de Trump au pouvoir a enclenché un retrait américain progressif dans les affaires mondiales, laissant la voie libre aux projets chinois. En somme, OBOR est le dernier signe de la mondialisation aux caractéristiques chinoises qu’a décidé de bâtir l’Empire du Milieu.

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