© Crédits photo : La Revue des médias. Illustration : Alice Durand.
Plusieurs dizaines de médias en ligne, chaînes de télévision d’information en continu, stations radio et comptes sur les réseaux sociaux. RT et Sputnik peuvent rappeler d’autres dispositifs d’audiovisuel extérieur public, mais s’en distinguent par la nature offensive de leur ligne éditoriale, souvent critiquée.
Pour mieux mettre en lumière les enjeux autour du conflit en Ukraine, nous remettons en avant cet article publié le 19 juin 2019. Ils incarnent la voix de Moscou à l’étranger. Les médias russes internationaux constituent aujourd’hui l’instrument le plus visible et le plus abouti d’un appareil de diplomatie publique, orchestré et abondamment subventionné par l’État. Par ce processus, le Kremlin cherche à communiquer avec des audiences internationales pour les influencer, de manière à faire avancer ses intérêts et légitimer son action de politique étrangère.
Les deux plus importants, RT et Sputnik, s’appuient aujourd’hui sur un réseau multilingue de plusieurs dizaines de médias en ligne, chaînes de télévision d’information en continu, stations de radio et comptes sur les réseaux sociaux. Si ces deux médias s’apparentent sur la forme à d’autres dispositifs d’audiovisuel extérieur public développés dans le monde, ils s’en distinguent autant par la nature offensive de leur ligne éditoriale — ils en assument le caractère « anti-mainstream » et « alternatif » —, que par l’ampleur des réactions qu’ils suscitent dans les pays d’implantation et de diffusion.
Apparue en décembre 2005 dans un contexte de restructuration de la diplomatie publique russe à l’ère post-soviétique, RT, alors appelée Russia Today, est fondée à l’initiative de l’agence de presse RIA Novosti. La chaîne de télévision est incorporée dans la société de production télévisuelle de RIA, TV-Novosti, encore aujourd’hui sa matrice institutionnelle. Le lancement de la première chaîne anglophone du pays est le fait de deux personnalités issues des cercles de l’exécutif, à la jonction des milieux politiques et médiatiques. Le premier, Mikhaïl Lessine (1958 – 2016), est en 2005 conseiller pour les médias du président Vladimir Poutine, après avoir servi comme ministre de la Presse (1999 – 2004) et dirigé TV-Novosti. Le second, Alexeï Gromov, est porte-parole du président lors de la création de RT ; il est aujourd’hui le directeur adjoint de l’administration présidentielle, et l’un des principaux responsables de la relation verticale entretenue entre le Kremlin et les médias en Russie.
En 2017, la rédactrice en chef de RT a été nommée 52e femme la plus puissante du monde par Forbes.
Les deux hommes ont joué un rôle déterminant dans la nomination de Margarita Simonian, la rédactrice en chef de RT. Née en 1980 à Krasnodar et ancienne correspondante au « pool du Kremlin », le corps des journalistes affectés à la présidence, elle a accédé à la tête du réseau à l’âge de 25 ans. Douze ans plus tard, Margarita Simonian s’affirme comme la figure de proue de l’influence médiatique russe : le classement 2017 du magazine Forbes l’a même nommée 52e femme la plus puissante du monde. Elle appartient, en outre, à une nouvelle élite post-soviétique qui a construit ses réseaux sous Vladimir Poutine et entretient une relation de loyauté sans équivoque à l’égard du pouvoir.
À la suite d’un compromis trouvé au sein de l’administration présidentielle fin 2013, la journaliste est nommée rédactrice en chef de la nouvelle agence Rossia Segodnia et, en 2014, de sa branche internationale : Sputnik. Cette double casquette entretient l’idée d’une confusion institutionnelle entre RT et Sputnik, alors même que les deux entités sont juridiquement distinctes. Dirigée par le journaliste et polémiste Dmitri Kisseliov, Rossia Segodnia est le fruit d’une réforme controversée de l’audiovisuel public russe ayant conduit en décembre 2013, avec le concours de Mikhaïl Lessine, à la fusion de RIA Novosti et de la radio La Voix de la Russie, héritière de Radio Moscou.
En 2017, 100 millions de personnes regardaient chaque semaine RT sur l’ensemble des pays de diffusion.
Le réseau RT est constitué en 2019 de trois chaînes internationales émettant depuis Moscou (RT International depuis 2005, RT Arabic depuis 2007, RT en Español depuis 2009), trois chaînes implantées localement (RT America à Washington depuis 2010, RT UK à Londres depuis 2014, RT France à Paris depuis 2017), une chaîne documentaire, une agence de production de vidéo à la demande (Ruptly, dont le siège est à Berlin) et 25 bureaux dans 18 pays. Selon une enquête d’Ipsos, ces chaînes sont regardées, en 2017, par 100 millions de personnes par semaine dans leurs principaux pays de diffusion (France 24, les chaînes TV de la Deutsche Welle et la BBC World News revendiquent des audiences respectives de 61, 66, et 99 millions de personnes en 2016 – 2017). RT repose également sur un vaste écosystème numérique : celui-ci compte six médias en ligne — 46 millions de visiteurs uniques mensuels en 2018 —, déclinés en six langues (avec, en plus des branches citées, RT na rousskom en russe et RT Deutsch en allemand).
Sputnik suit la même logique multilingue et multivectorielle, avec ses 31 sites (34 en 2017), dont 14 destinés à l’espace post-soviétique. Les deux médias, en particulier Sputnik, recourent à des techniques visant à optimiser la visibilité de leurs contenus sur les moteurs de recherche et les réseaux sociaux, par des stratégies agressives de référencement payant ou naturel (comme le « piège à clics », ou clickbait).
Enfin, RT et Sputnik s’appuient respectivement sur près de 2 500 et 2 300 salariés, répartis entre leurs sièges moscovites et leurs bureaux à l’étranger. En 2018, leurs deux matrices, TV-Novosti et Rossia Segodnia, ont reçu 20,8 et 6,8 milliards de roubles de subventions publiques (380 millions d’euros pour les deux médias combinés).
Si entre 2005 et 2008, la ligne initiale de Russia Today suit une approche classique de soft power, centrée sur la Russie et soucieuse d’améliorer la réputation du pays auprès des audiences étrangères, l’année 2008 marque un tournant éditorial radical, à la suite du conflit survenu au mois d’août en Ossétie du Sud, entre la Russie et la Géorgie. La couverture des événements par les principaux médias occidentaux, notamment CNN, exaspère les élites russes, qui la jugent biaisée, unanime et pro-géorgienne. Margarita Simonian, de son côté, affirme avoir dû mener à l’époque « une guerre de l’information avec l’ensemble du monde occidental ».
La rédaction de Russia Today pose à ce moment-là les jalons d’un nouveau positionnement éditorial, plus offensif. Elle abandonne ce faisant l’approche russo-centrée qui caractérisait jusqu’alors la chaîne — avec des audiences médiocres — et cherche à imposer RT comme un média « alternatif » et global, à l’image de l’abandon en 2009 du nom « Russia Today » pour celui, plus neutre, de RT. C’est également ce que suggère le président russe lors d’une visite des locaux du groupe en 2013, justifiant rétrospectivement le lancement de RT comme une volonté de « briser le monopole des médias anglo-saxons dans le flux mondial de l’information ».
Le ton de Sputnik s’avère plus explicitement sensationnaliste ou provocateur, voire complotiste.
La crise ukrainienne confirme RT dans son rôle de média d’influence, vecteur d’une « perspective russe » sur les événements internationaux ; Sputnik, de la même manière, assume dès son lancement en 2014 cet ancrage alternatif. Malgré ce second point de convergence, il convient de souligner une différence qualitative de plus en plus évidente entre RT et Sputnik, dont la tonalité s’avère plus explicitement sensationnaliste ou provocatrice, voire complotiste.
Cette posture « alternative » est autant une méthode de persuasion qu’une ligne éditoriale idéologisée, compatible avec la vision officielle du Kremlin. Elle se traduit d’abord, chez RT et Sputnik, par une tendance à surmédiatiser des événements de crise (manifestations, catastrophes naturelles ou accidentelles, conflits armés, actes terroristes) et leur gestion par les pouvoirs publics (avec une appétence certaine pour les violences policières). Leur couverture des mouvements sociaux en Occident, toujours spectaculaire et anxiogène (Black Lives Matter, crise catalane, manifestations anti-réfugiés de Chemnitz, etc.), prend parfois une coloration partisane, « populiste » et anti-establishment, comme dans le cas des « gilets jaunes ». Le but est d’afficher à l’écran les fractures sociales, politiques et confessionnelles des sociétés occidentales et, en creux, de démystifier la capacité de la démocratie libérale et pluraliste à garantir l’ordre social et à régler pacifiquement ces tensions.
RT et Sputnik s’ingénient à dévoiler « l’envers du récit », au-delà de l’univocité supposée des « médias mainstream » occidentaux.
Cette approche sélective s’accompagne d’un discours d’autodéfense et d’autojustification caractéristique de ces deux médias et omniprésent dans les interventions de Margarita Simonian. Le relativisme en est la principale manifestation, comme en témoignent les devises de RT et Sputnik, Question More (en français, Osez questionner) et Telling the Untold. L’environnement médiatique y est considéré comme un espace fondamentalement concurrentiel, sans objectivité possible, où coexistent et s’entrechoquent des régimes de vérité distincts mais équivalents. RT et Sputnik, dans ce contexte, s’ingénient à dévoiler « l’envers du récit », au-delà de l’univocité supposée des « médias mainstream » occidentaux. Avec ses flux d’images bruts, l’agence vidéo de RT, Ruptly, revendique, elle, sa capacité à présenter les événements sans filtre, « tels qu’ils se déroulent ».
Un des artifices récurrents de cette position relativiste, de type tu quoque (ou whataboutiste), consiste à réfuter les critiques émises en renvoyant l’interlocuteur à ses propres défauts (« Deutsche Welle, la BBC ou France 24 sont bien financés par des États, quelle différence cela fait-il avec nous ? », déclarait Simonian au Monde) ou en dénonçant systématiquement l’usage du « deux poids, deux mesures » des pays occidentaux, par mise en équivalence.
Les deux médias se font fort de leur autodérision, sur le mode du trolling, pour couper l’herbe sous les pieds de leurs détracteurs. Cette intonation sarcastique s’affiche ostensiblement sur les campagnes de publicité de RT présentes dans les aéroports moscovites et le métro londonien : « Regardez RT et découvrez qui nous avons l’intention de hacker la prochaine fois »…
Au-delà de ces procédés, dont le potentiel de manipulation est significatif, RT et Sputnik véhiculent des contenus profondément politisés, qui constituent leur principale ressource d’influence auprès des audiences ciblées.
La ligne éditoriale de RT ne doit pas être considérée comme idéologiquement uniforme, bien qu’elle demeure compatible avec les orientations des politiques étrangères du Kremlin et que les idées libérales y soient clairement sous-représentées parmi les intervenants. Il semble néanmoins erroné de considérer RT et Sputnik comme les porte-paroles du conservatisme moral valorisé par une partie des élites russes, et promus à l’étranger par la diplomatie culturelle et le patriarcat de Moscou. À travers leurs contenus et le choix des invités, les deux médias s’efforcent davantage de véhiculer une combinaison de valeurs antilibérales, non pas tant sur un plan moral que dans une perspective politique et institutionnelle, afin de présenter la Russie comme structurellement opposée à un « Occident libéral » prétendument universaliste, mais foncièrement interventionniste.
Les différentes rédactions du réseau adaptent leurs contenus en fonction des audiences des pays ciblés.
Tout en gardant ce dénominateur commun, les différentes rédactions du réseau adaptent leurs contenus en fonction des audiences des pays ciblés. Principal sujet de prédilection de RT, la critique de la politique étrangère des pays occidentaux et de l’Otan est ainsi présentée de manière différente selon le canal concerné. Elle se manifeste par une opposition vigoureuse au néoconservatisme et aux relents « russophobes » des élites américaines sur RT International ou RT America.
Sur la chaîne RT en Español, regardée principalement en Amérique latine, la tonalité anti-impérialiste dominante est empruntée au discours traditionnel de la gauche socialiste et bolivarienne. Ce discours est alimenté non seulement par une dénonciation récurrente de l’ingérence des États-Unis dans la région (comme en témoigne la couverture de la crise vénézuélienne), mais aussi par le choix des animateurs de la chaîne, à l’instar de l’avocate américaine Eva Golinger — la « fiancée du Venezuela » selon Hugo Chávez — et de l’ancien président équatorien Rafael Correa (2007 – 2017). Ce dernier a invité dans son talk-show sur RT les figures les plus éminentes du socialisme démocratique latino-américain.
De son côté, la chaîne RT Arabic se positionne en faveur d’une forme de stabilité garantie par les régimes laïcs autoritaires de la région, comme l’attestent la couverture sceptique des printemps arabes en 2011-2012 et la propension à faire porter la responsabilité de leurs échecs aux pays occidentaux.
Autre élément central, les trois branches européennes de RT (RT France, RT UK, RT Deutsch) se coulent dans un creuset souverainiste, qui transcende les divisions partisanes au sein des forces non-libérales Celui-ci prend notamment la forme d’un rejet de l’Union européenne (UE) comme entité néolibérale et supranationale agissant au détriment des nations. Cette affiliation est dominante parmi les intervenants et les chroniqueurs réguliers de ces chaînes, comme l’historien John Laughland ou l’économiste Jacques Sapir sur RT France), bien qu’elle ne soit pas toujours explicitée.
Sur les 38 articles consacrés par RT France en mars et avril aux élections européennes de 2019, 10 sont explicitement dépréciatifs vis-à-vis du gouvernement français ou des candidats les plus europhiles.
Il en résulte un clivage binaire : les gouvernements, partis ou personnalités politiques pro-européens et favorables aux liens transatlantiques sont discrédités, alors que leurs homologues souverainistes et eurosceptiques reçoivent une couverture positive ou sont nettement plus médiatisés qu’ailleurs, comme Nicolas Dupont-Aignan lors de la campagne présidentielle de 2016 ou le député européen Nigel Farage, désormais leader du Parti du Brexit. Ouvertement pro-Brexit, l’ancien député britannique George Galloway, qui présente une émission hebdomadaire sur RT UK, a d’ailleurs récemment apporté son soutien au parti de Farage. Sur les 38 articles consacrés par RT France en mars et avril aux élections européennes de 2019, 10 sont explicitement dépréciatifs vis-à-vis du gouvernement français ou des candidats les plus europhiles, tandis que 9 ont des accents sinon conciliants, du moins neutres à l’égard de l’opposition, de droite comme de gauche, souverainiste ou critique de l’UE. Les articles restants visent dans leur grande majorité à susciter une polémique ou polariser le débat une fois partagés sur les réseaux sociaux.
Précisons enfin que certains programmes diffusés par RT sortent de cette logique éditoriale. C’est le cas des deux talk-shows de l’ancien animateur vedette de CNN Larry King et de l’émission de débat Interdit d’interdire, présentée par le journaliste Frédéric Taddeï depuis l’été 2018 sur RT France. Ces émissions, particulièrement pluralistes, accordent également une place importante à des acteurs du monde culturel, sans aucun lien avec les thématiques récurrentes de la chaîne. L’intérêt de ces émissions réside surtout dans la notoriété de ces journalistes, que RT tente de mettre à profit pour renforcer sa crédibilité.
Depuis la crise ukrainienne et les accusations d’ingérence multiples dont la Russie fait l’objet, plusieurs institutions occidentales ont reproché à RT et Sputnik leurs velléités propagandistes, de la direction du renseignement américain au Parlement européen en passant par le Président de la République française. Des mécanismes de lutte contre la désinformation ont été mis en place, qui privilégient un cadre méthodologique fondé sur une dichotomie entre le vrai et le faux, entre la fiabilité et le mensonge. C’est le cas de la task force lancée par l’UE en mars 2015, et de sa campagne « EU vs. Disinfo ». Cette cellule de vérification des faits (fact-checking) consacre ainsi la plupart de ses activités à débusquer les infox les plus grossières et à déconstruire les éléments de langage diffusés par les médias russes, y compris nationaux.
Certes, RT et Sputnik représentent le versant le plus exposé et le moins coercitif d’une influence informationnelle russe plus large(1) , dont l’étendue dépasse largement le spectre du soft power, des fermes à « trolls » aux actions cybernétiques. La popularité du concept de sharp power, façonné par des chercheurs américains du National Endowment for Democracy, en est un exemple probant : cette notion renvoie à l’influence informationnelle, « subversive et corrosive », développée par des États autoritaires comme la Chine et la Russie pour affaiblir les démocraties occidentales en exploitant leurs vulnérabilités. Ces deux médias n’en demeurent pas moins porteurs de valeurs politiques et de contenus fortement idéologisés(2) , susceptibles de trouver un écho favorable auprès d’un réservoir d’audience composite et contestataire du modèle (néo)libéral (souverainistes, conservateurs, eurosceptiques, « populistes illibéraux », anti-atlantistes, anti-impérialistes, etc.). Leur capacité d’attraction, de persuasion ou de mobilisation ne saurait, en définitive, être négligée.
Voir, entre autres : Maxime AUDINET, Kevin LIMONIER, « La stratégie informationnelle et numérique de la Russie en Europe », Hérodote, n°164, 2017, p. 123-144 et Kevin LIMONIER, Colin GERARD, « Guerre hybride russe dans le cyberespace », in Hérodote, n°166-167, 2017, p. 145-164.
Voir, sur l’attractivité potentielle des valeurs conservatrices et illibérales promues par la diplomatie publique russe, marlène LARUELLE, « L’idéologie comme instrument du soft power russe : Succès, échecs et incertitudes », in Hérodote, n°166-167, 2017, p. 23-36 et Vincent Charles, KEATING, Katarzyna KACZMARSKA, « Conservative soft power : liberal soft power bias and the “hidden” attraction of Russia », in Journal of International Relations and Development, 2017, p. 1-27.
Chercheur à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire (IRSEM)
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