Imaginez : un site internet bien construit, optimisé techniquement, agréable à parcourir et par-dessus tout conçu de façon écologique. Cela peut sembler être trop beau pour être vrai et pourtant, c’est une réalité tout à fait envisageable. À l’heure où l’écologie est un enjeu plus qu’incontournable et que les entreprises doivent réfléchir à réduire leur impact environnemental au maximum, l’éco-conception permet de développer des outils numériques qui respectent à la fois les besoins de l’utilisateur et ceux de la planète. Et ce n’est pas un luxe : on estime que le secteur du numérique est responsable aujourd’hui de 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, et que cette empreinte pourrait doubler d’ici 2025. Dans ce contexte qui invite à repenser notre façon de consommer le digital, l’éco-conception pourrait bien être une piste à suivre pour concilier numérique et écologie, tout en soignant l’expérience utilisateur.
À première vue, les objectifs respectifs de l’UX design et de l’éco-conception (aussi parfois appelée Green UX) sont pourtant assez éloignés. D’un côté, l’UX design, pour User eXperience, a pour but de créer la meilleure expérience possible pour l’utilisateur et de trouver les méthodes les plus efficaces pour répondre aux besoins de ce dernier. Prenons l’exemple du développement d’un site internet. Au moment de le concevoir, on va réfléchir aux différents moyens de faire vivre à l’utilisateur l’expérience qu’on a définie pour lui. Le but est de créer un sentiment positif, d’éviter tout type de frustration, afin de véhiculer une bonne image de sa marque, de fidéliser l’utilisateur sur le long terme ou même de le convertir en client s’il s’agit d’un site e-commerce. Pour cela, il existe différentes façons de faire : rendre la navigation la plus simple et la plus instinctive possible par la mise en avant de CTA (call to action) aux endroits opportuns, optimiser la partie technique pour que le site s’affiche rapidement et sans encombre, etc.
De l’autre côté, l’éco-conception a des objectifs tout aussi pragmatiques, mais bien différents. L’éco-conception est un concept qui regroupe les différentes méthodes et outils qui permettent de créer des produits numériques moins gourmands en ressources et plus sobres du point de vue énergétique. Alors que pendant des années on cherchait surtout à avoir la plus belle application ou le site le plus impactant à grand renfort de vidéos ou d’animations, on réfléchit désormais aux différentes façons de créer des produits digitaux moins énergivores et de réduire leur impact environnemental.
Pour résumer, quand l’UX design met au premier plan la praticité, l’éco-conception vise quant à elle la sobriété. Et cela tombe bien, car ces deux qualités sont compatibles, et même complémentaires !
La première bonne raison d’allier l’UX design et l’éco-conception est l’apport mutuel qu’ils ont l’un par rapport à l’autre. L’UX design peut servir les intérêts de l’éco-conception, et vice-versa. Quand on souhaite développer un site web éco-conçu, il faut qu’il soit sobre. Pour être sobre, il doit être efficace. Et pour être efficace, il doit avoir un UX design optimisé au maximum. Si l’UX design d’un site ou d’une appli est bien pensé, l’utilisateur va trouver tout de suite l’information ou le produit qu’il recherche, et donc passer moins de temps dessus. Et qui dit moins de temps d’utilisation, dit moins d’énergie consommée, que ce soit au niveau des serveurs ou des supports de lecture. CQFD !
Le second point commun entre ces deux concepts est le timing. Que ce soit pour l’UX design ou l’éco-conception, il faut prendre en considération leurs enjeux le plus tôt possible dans le processus de développement. Dans le cas de la création d’un site web, il faut se poser les bonnes questions dès la phase de réflexion initiale pour trouver un moyen d’atteindre les objectifs du site de façon efficace tout en réduisant au maximum son impact carbone. Cela passe notamment par une revue des fonctionnalités prévues et l’élimination de celles qui peuvent paraître inutiles. Là encore, la boîte à outils de l’UX designer est plus que précieuse : en gardant en tête les objectifs du site et les besoins de l’utilisateur, on se concentre sur l’essentiel et on évite le superflu, bien souvent synonyme de pollution numérique dispensable. On pratique alors ce qu’on appelle le « test and learn » : tester, corriger, tester, corriger… Pour finalement ne garder que ce qui importe vraiment.
Enfin, l’UX design et l’éco-conception se rejoignent aussi sur l’aspect technique. Un site éco-conçu se doit d’être un site léger et optimisé. Or, un site léger est un site qui s’affiche rapidement, ce qui améliore l’expérience utilisateur. À une époque où on ne supporte plus d’attendre qu’une page se charge plus de quelques secondes, cet aspect est primordial et compte beaucoup dans le ressenti de l’utilisateur. De plus, un site léger va prendre moins de place sur les serveurs, et donc encore une fois limiter son impact environnemental. Bonus non négligeable : un site qui se charge rapidement est excellent pour le référencement. C’est ce qui s’appelle : joindre l’utile à l’agréable et l’efficace au durable !
Pour créer un site ou une appli éco-conçue, il existe différentes bonnes pratiques à suivre pour « alléger » le poids écologique de votre produit numérique.
Comme évoqué plus haut, plus léger est votre produit, mieux c’est. Il prend moins de place sur les serveurs, s’affiche plus rapidement et permet de se concentrer sur l’essentiel. Il faut donc rationaliser au maximum l’utilisation de vidéos et éviter de multiplier les photos. Si vous n’avez pas le choix et que vous devez utiliser des médias, compressez-les au maximum en vue de l’utilisation prévue. Rien ne sert de proposer de la qualité HD si votre contenu est consulté sur un écran de portable par exemple. Au niveau des textes, découpez-les en blocs pour faciliter la lecture et fluidifier la navigation. Dans cette optique, il est bon de penser « mobile first » : réfléchir à la version mobile d’abord puis l’adapter vers le desktop ensuite, et non l’inverse. En procédant dans cet ordre, on se concentre sur l’essentiel dès le départ plutôt que de réfléchir à « remplir » un écran de PC avant de se battre pour tenter de tout faire rentrer sur celui d’un smartphone.
Dans la même idée, réduire l’utilisation de police offre un double avantage : limiter l’utilisation de ressources et optimiser l’UX en hiérarchisant clairement les informations. Une police pour les titres, une autre pour les corps de texte, et le tour est joué !
Plus il y a de couleurs, plus leur affichage est gourmand en énergie. Et plus elles sont claires, pire c’est ! Privilégiez donc les couleurs sombres, qui évitent d’allumer les pixels des écrans qui les affichent.
L’éco-conception se joue également sur la structure même du site ou de l’appli. Ne multipliez pas les pages et les fonctionnalités inutiles qui rendent la navigation complexe. Encore une fois, pensez efficacité : une arborescence claire et un nombre réduit de pages et de fonctionnalités, débarrassées du superflu !
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Insérer des widgets ou des plug-ins alourdit considérablement le site ou l’appli qui les accueille. Plutôt que d’insérer une carte Google Maps directement sur votre site, vous pouvez par exemple créer un icône cliquable qui renverra vers le site dédié.
Au-delà du produit numérique en lui-même, son hébergement et son stockage dans des datacenters très énergivores impactent très fortement son bilan carbone. Il faut donc compresser les données autant que possible, et les héberger chez un fournisseur qui prend en compte ces enjeux écologiques. On peut notamment citer l’hébergeur suisse Infomaniak qui déclare compenser toutes ses émissions de gaz à effet de serre à 200% ou encore PlanetHoster qui priorise l’utilisation d’une électricité issue à 100% d’énergies renouvelables pour son datacenter français.
Pour mesurer où vous en êtes et surtout le chemin qu’il vous reste à faire pour proposer un site le plus éco-conçu possible, vous pouvez vous rendre sur EcoIndex pour évaluer la performance environnementale de votre site. Et si vous voulez mettre le pied à l’étrier dès maintenant, retrouvez la liste complète des 115 bonnes pratiques de l’éco-conception web proposées par le collectif Green-it par ici !
Pour vous donner quelques modèles à suivre, voici trois sites web qui répondent scrupuleusement aux principes de l’éco-conception.
Le site officiel de l’association des designers éthiques est logiquement le parfait exemple de ce qu’il faut faire. Site en deux couleurs, polices simplifiées et absence d’image : il coche toutes les cases du site éco-conçu de référence.
Sur ce site qui met en avant les principes de la Low Tech, les images sont traitées d’une façon astucieuse : leur rendu basse définition (et donc écologique) est placé au cœur du graphisme épuré du site.
Difficile de faire mieux que ce site. Là encore, l’utilisation d’images en basse définition est bien amenée et le design très sobre. Cerise sur le gâteau : le site fonctionne à l’énergie solaire.
Pour résumer cette question du mariage entre l’UX et l’éco-conception, François Guibilato, UX Designer et enseignant à Excelia Digital School, aime bien rappeler cette phrase de Blaise Pascal : « Je vous écris une longue lettre parce que je n’ai pas le temps d’en écrire une courte ». Elle illustre bien selon lui la notion de « gras numérique » qui arrive par manque de temps car l’essentiel de l’impact environnemental d’un produit est déterminé lors de sa conception. « Les variables d’ajustement sont souvent ténues pour que le produit réponde à vos objectifs, soit optimisé pour l’utilisateur, le tout en respectant la planète ! », souligne François Guibilato, avant de conclure : « l’UX design est bien au service de l’éco-conception, puisqu’il aide à trouver où placer le curseur. »
Envie d’en savoir plus sur l’éco-conception et les dernières tendances du digital ? Retrouvez les formations d’Excelia Digital School sur sa page école dédiée !
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