La plateforme VTC américaine a déposé son document d’entrée en Bourse, qui lève le voile sur de nombreux aspects de ses finances et de son business.
C'est une mine d'informations aussi bien pour ses futurs investisseurs que ses concurrents. Uber a déposé le 11 avril son formulaire S-1, un document préalable à l'entrée en Bourse de toute entreprise aux Etats-Unis, et qui révèle de nombreuses données jusqu'ici inconnues au sujet du leader mondial du VTC. On y découvre l'échelle massive atteinte par l'entreprise et les nombreux défis qu'il lui reste à relever pour atteindre la rentabilité. Position sur le marché, finances, dépenses, risques, actionnaires… Voici ce que l'on apprend sur Uber.
Au dernier trimestre 2018, Uber comptait 91 millions de "consommateurs actifs mensuels". Il s'agit de la moyenne sur trois mois de toutes les personnes ayant payé une course VTC, une commande Uber Eats, ou un trajet en vélo et trotinette (Jump) au moins une fois par mois. 15 millions de ces utilisateurs proviennent d'Uber Eats et presque tout le reste du VTC, les nouveaux services de mobilités étant une activité très récente (Jump a été racheté par Uber courant 2018) et pas encore déployée sur tous les marchés de l'entreprise. Ces utilisateurs réalisent en moyenne 5,5 "voyages" (commandes Uber Eats incluses) par mois.
Uber affirme être leader sur tous ses marchés. L'entreprise révèle pour la première fois ses estimations en la matière. Uber disposerait de 65% des parts du marché VTC en Europe, en Amérique du Nord, ainsi qu'en Amérique Latine. L'entreprise se dit moins dominante dans la zone Moyen-Orient et Afrique, avec 50% du marché. Mais elle pourrait se retrouver en situation de quasi-monopole au Moyen-Orient si le rachat de son concurrent Careem était validé par les régulateurs. Uber revendique également 50% du marché indien, où son rival Ola lui oppose une féroce concurrence. On apprend également qu'Uber possède 38% du capital de sa joint-venture avec le Russe Yandex, 15% du chinois Didi et 23% du Singapourien Grab. Des participations acquises aux termes d'accords qui ont vu Uber se retirer des marchés de ces entreprises.
Les données fournies par Uber montrent les énormes progrès parcourus ces dernières années et alertent sur un possible essoufflement. Le chiffre d'affaires de l'entreprise est passé de 3,8 milliards de dollars en 2016 à 11,3 milliards en 2018. Une croissance de 105% entre 2016 et 2017 qui a chuté à 39% l'année dernière. En cause : l'activité reine d'Uber, le VTC. Entre 2017 et 2018, le chiffre d'affaires des courses avec chauffeur n'a cru que de 33% pour atteindre 9,2 milliards de dollars, contre 95% l'année précédente. Outre une arrivée à maturité progressive de ses plus vieux marchés, Uber paie aussi sa défaite sur trois marchés clés, dont il s'est retiré en prenant une participation minoritaire dans le concurrent local en position de force : la Russie (Yandex), la Chine (Didi) et l'Asie du Sud-Est (Grab).
Uber a toutefois su anticiper ce ralentissement en lançant de nouveaux business à forte croissance. Uber Eats a cru de 470% en 2017, puis de 149% en 2018 avec un chiffre d'affaires de 1,5 milliard de dollars. On apprend également qu'Uber commence à tirer de solides revenus en B2B grâce à Uber Freight, sa plateforme qui met en relation des entreprises de camionnage avec des clients. La catégorie "Other Bets" (autres paris), principalement constituée d'Uber Freight, enregistre ainsi 373 millions de dollars de chiffre d'affaires en 2018, dont 125 rien qu'au dernier trimestre, ainsi qu'une croissance de 457 % l'année dernière. Lancé en mai 2017 aux Etats-Unis, le service fait travailler 400 000 chauffeurs provenant de 36 000 sociétés de camionnage, qui assurent les besoins de transport de marchandises d'un millier d'entreprises. Uber compte désormais le lancer en Europe.
Uber continue de perdre massivement de l'argent, même si ses pertes sont en nette baisse : après 2,6 milliards de dollars en 2017, elles s'établissent à 1,8 milliard en 2018. Avec des dépenses colossales, notamment dans le marketing (3,2 milliards) ainsi que la recherche et développement (1,5 milliard de dollars). Uber assure disposer d'une marge de coût variable de 9%, un indicateur de rentabilité de ses opérations quine prend pas en compte ses frais globaux comme le marketing et la R&D, . Uber a également accumulé 6,9 milliards de dollars de dette. Fin 2018, l'entreprise disposait d'une trésorerie de 6,4 milliards de dollars. Uber avertit d'ailleurs qu'en raison de ses investissements, ses futurs actionnaires ne recevront aucun dividende "dans un futur prévisible".
Les risques contre lesquels Uber met en garde sont trop nombreux pour être tous cités, mais voici les plus importants.
Uber a dévoilé la liste de ses actionnaires les plus importants. Il s'agit de Softbank (via SB Cayman 2) avec 16,3% du capital, suivi par Benchmark Capital Partners (11%), puis ses cofondateurs Travis Kalanick (8,6%) et Garett Camp (6%) qui deviendront ainsi multimilliardaires. Le fonds souverain d'Arabie Saoudite possède 5,3% d'Uber et Alphabet (Google) presque autant (5,2%).
C'est une mine d'informations aussi bien pour ses futurs investisseurs que ses concurrents. Uber a déposé le 11 avril son formulaire S-1 , un document préalable à l'entrée en Bourse de toute entreprise aux Etats-Unis, et qui révèle de…
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