Publié le 23/01/2023
« C’est fou de rentrer dans la vie de grands dirigeants ». Depuis septembre 2022, Ruben Taïeb rédige les posts LinkedIn de chefs d’entreprise, en tant que ghostwriter ou (écrivain fantôme pour les amoureux de la langue de Molière). Quotidiennement en contact avec eux, il retranscrit l’état d’esprit, les réflexions ou encore les ambitions des dirigeants qu’ils partagent ensuite sur LinkedIn, afin de créer de l’engagement. « En publiant régulièrement, ils améliorent leur marque employeur pour attirer des talents. Ils élargissent leur réseau et gagnent en visibilité auprès de certaines cibles comme des investisseurs ou des futurs partenaires ». En travaillant pour le compte de onze clients, en majorité à la tête d’entreprises de plus de 500 salariés, Ruben Taïeb a fait de son entreprise un succès avec un chiffre d’affaires à six chiffres. Le rédacteur de l’ombre revient sur son parcours d’autodidacte, son métier et l’impact qu’a LinkedIn sur sa carrière.
« Il y a cinq ans, j’étais dans mon salon, en dépression à jouer à World of Warcraft. Aujourd’hui LinkedIn a changé ma vie ». En 2018, cet autodidacte qui, après son bac décidait d’entreprendre et pour qui le travail était synonyme de réussite tombe en burn out. Six années de petits boulots alimentaires et deux aventures entrepreneuriales plus tard, Ruben Taïeb s’enferme chez lui et dans les jeux vidéo. Après avoir passé sept mois seul, décidé à reprendre sa vie en main et grâce au soutien de ses proches, il obtient un nouvel emploi. « Harold Gardas, le cofondateur de l’agence Köm, m’a permis d’intégrer une entreprise spécialisée en référencement naturel ».
En parallèle, il décide de se lancer sur LinkedIn et de publier chaque jour un contenu. « Mon compte explose, j’atteins très vite les 30 000 abonnés ! On me contacte alors pour me demander comment accroître sa visibilité sur le réseau ». Ruben Taïeb renfile sa casquette d’entrepreneur, quitte son travail et lance une agence de conseils spécialisée. En plein confinement, LinkedIn voit sa fréquentation augmenter. Les entreprises étant de plus en plus demandeuses de conseils pour bien communiquer, l’expert en profite pour développer son activité et étoffe son réseau. « J’ai eu la chance de travailler pour de très grosses sociétés comme Orange ou Amazon par exemple ».
En 2021, Ruben Taïeb souhaite revenir à l’essentiel et consacrer son temps à sa vie de famille. Il ferme son agence, sans néanmoins mettre un terme à sa carrière « d’influenceur LinkedIn ». Il devient même, en janvier 2022, le premier créateur de contenu reconnu par la plateforme. L’entrepreneur qui doit son succès au réseau social décide d’accompagner des dirigeants à publier des articles sur LinkedIn, jusqu’à avoir un déclic : « Je me rends compte que sur dix personnes formées, seulement deux passent vraiment à l’action ». Parmi les raisons, le manque de temps. Ruben Taïeb y voit donc une opportunité de business. « En septembre 2022 je décide de me « brander » ghostwriter sur Linkedin ».
Par son expérience et sa notoriété, Ruben Taïeb arrive rapidement à développer une clientèle. S’il connaît les codes du réseau social, le créateur de contenus doit cependant apprendre à rédiger pour les autres, sans que ça ne se remarque. « J’ai contacté des journalistes et des auteurs pour en savoir plus sur leurs méthodes et leurs outils afin de trouver un axe éditorial. J’ai lu tous les livres sur le sujet, regardé toutes les vidéos, toutes les formations. Je suis un psychopathe du ghostwriting », plaisante l’entrepreneur. Spécialisé dans le storytelling, le rédacteur est en contact permanent avec ses clients et passe en moyenne deux heures au téléphone avec chacun d’entre eux chaque mois. Ensemble, ils définissent des sujets à traiter, échangent de la stratégie de publication, des objectifs et du ton à adopter. « J’ai une relation particulière avec eux, ils me racontent leur quotidien ». Une fois tous ces éléments rassemblés, Ruben Taïeb ordonne et synthétise leurs pensées. Il rédige des posts en s’imprégnant du style d’écriture du client tout en y intégrant les codes du moment de LinkedIn. « Chaque personne que j’accompagne a une singularité que je cherche à mettre en avant. Je leur demande toujours de valider chaque post avant publication pour être sûr d’être en adéquation avec leur personnalité ».
En moyenne, l’entrepreneur rédige deux posts par semaine pour chacun de ses clients, qu’il facture à 500 euros par publication selon ses dires. En parallèle, il propose des créneaux ouverts à tous ceux qui souhaitent avoir des conseils en rédaction ou en stratégie sur LinkedIn, de manière ponctuelle. « Pour cette première année d’activité, j’ambitionne d’atteindre un chiffre d’affaires à plusieurs centaines de milliers d’euros ». Si Ruben Taïeb réussit à faire de son quotidien de ghostwriter un succès, il l’admet : « Nous ne sommes que trois personnes en France à atteindre ces chiffres ». Pour autant, de plus en plus de personnes se déclarent écrivains de l’ombre sur le réseau social professionnel. « LinkedIn est encore assez jeune et le métier de ghostwriter pour des dirigeants l’est d’autant plus. Les chefs d’entreprise qui publient quotidiennement ne font que croître et donc les besoins de rédaction aussi. Les modes opérationnels aussi bien du côté du business model que de la manière de faire ne sont pas figés ».
Touche à tout, Ruben Taïeb s’est lancé un nouveau défi pour 2023 : créer des communautés et partager encore plus de contenus sur son compte. « Je produis actuellement des concepts d’émissions qui devraient prochainement sortir. C’est aussi ça qui t’apporte des clients et te donne de la visibilité », assure le créateur, qui, malgré des propositions, ne se voit pas exercer sur d’autres réseaux sociaux.
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