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Publié par Olivier Andrieu | 18 Mar 2020 | | Temps de lecture : 9 minutes
Revenons sur les faits : le 12 mars dernier, la société d’origine Belge Selectos publiait un communiqué expliquant que, le 9 mars 2020, le site web de l’entreprise avait été “pris par la patrouille” antispam de Google et que leur site fait désormais l’objet d’une action manuelle de la part du moteur de recherche. Quelques informations sont ainsi fournies dans le communiqué de presse : le trafic du site a connu à cette occasion une chute de 90%, la majeure partie du trafic venant des moteurs, donc de Google.
A noter qu’en complémentarité de cet article, le site Sistrix a publié hier une analyse claire de la situation à plusieurs niveaux : trafic, liens, etc. Nous n’y reviendrons donc pas.
 
Analyse du trafic du site Selectos, avant et après sa pénalité, par Sistrix. Source : Sistrix
Le but ici n’est donc pas d’analyser ce qui a été fait en détail par la société Selectos, ni de juger ces actions (ils ont, je pense, bien compris leurs erreurs et on peut parier qu’ils ne les renouvelleront pas), mais plutôt, à la lumière de ce cas particulier, de réfléchir aux conséquences d’une telle action manuelle sur un site web et, par là-même, sur l’activité d’une entreprise et de ses employés.
 
Le premier point qui m’est venu à l’esprit lorsque j’ai lu le communiqué de Selectos est le fait que leur trafic, leur stratégie de visibilité était uniquement basés sur le trafic Google. Si lors d’une action manuelle, vous perdez 90% de votre trafic, comme expliqué dans le communiqué de presse, c’est que dès le départ, la vision stratégique de l’entreprise était biaisée et la pérennité impossible. Je l’ai dit à plusieurs reprises ici-même dans le passé : il ne faut pas dépasser les 40 à 50% de trafic “Organic Search” ou, en d’autres termes, il faut que votre activité puisse continuer à vivre (ou survivre) si vous perdez ce trafic “moteurs” pendant une période donnée et temporaire.
La règle n’est pas valable que pour des pénalités (action manuelle, filtre algorithmique) pour spamdexing. En 25 ans de SEO, j’ai rencontré des dizaines (pour ne pas dire plus) de sites web ayant perdu leur trafic Google de façon totale ou partielle à cause d’un tas de raisons diverses et variées : problèmes techniques, migration mal maîtrisée, bug chez Google (cela arrive plus souvent qu’on ne le pense), dommages collatéraux sur des “core updates”, arrivée de gros concurrents, stratégie de moteur de réponse de Google, etc. Même si vous êtes plus propre que Mr Propre, vous pouvez perdre votre trafic “moteurs” en tout ou partie, à un moment donné. Il faut en être conscient ! Baser sa stratégie sur du trafic SEO en majorité est un suicide numérique à plus ou moins long terme !. Un point que Selectos, comme beaucoup d’autres sites d’ailleurs, a trop négligé dès le départ de son activité.
 
Deuxième point qui me semble important : faut-il suivre les règles recommandées par Google en termes de SEO ? Il vous est certainement arrivé de jouer à un jeu de société, comme le Scrabble, le Monopoly ou autre Cluedo. Ces jeux proposent un règlement, des règles édictées sur un document et qu’il faut suivre. Si vous ne les suivez pas, vous risquez d’être éjecté du jeu. C’est ainsi. La notice d’explication du Trivial Pursuit n’est pas “loi”, en termes de “règles juridiques”. Il n’est pas régi par exemple par le code civil, etc. Il s’agit de règles à suivre, qui ont été édictées par le concepteur du jeu. Si vous les suivez, vous jouez. Si vous ne les suivez pas, vous trichez et vous devez en assumer les conséquences (aller en prison sans passer par la case “départ” ?).
C’est la même chose dans le monde du référencement naturel. Google émet des recommandations aux SEO qui, au fil des années, sont devenues assez claires. On sait donc aujourd’hui où se situe la “ligne jaune” (ou rouge, selon les goûts et les couleurs). A chacun ensuite de passer outre ou pas. Il ne s’agit pas de juger ici untel ou untel, chacun est libre de mettre en place les actions qu’il désire. Un point qui a changé depuis quelques années, c’est qu’on sait, avant de faire quoi que ce soit, si ce qu’on va mettre en place est “autorisé” par les “règles du jeu” ou pas, si c’est “white hat” ou “black hat”. Il faut ensuite gérer les risques éventuellement pris.
En créant des liens artificiels (certainement de façon un peu trop “visible”), Selectos a dépassé la ligne jaune et il le savait certainement. S’il ne le savait pas, c’est qu’il avait mal fait son travail au départ, car l’information est disponible partout sur le Web. Donc, dans ce cas, il aurait dû savoir. Mais la tentation du “pas vu, pas pris” est souvent forte. Et compréhensible, car des centaines, des milliers de sites web (et encore, je suis certainement en-dessous de la réalité) mettent en place aujourd’hui des liens factices, ne nous voilons pas la face. Et eux ne sont pas pénalisés. Alors, pourquoi ne pas y aller aussi, puisque c’est presque devenu un standard ? Qui plus est, la stratégie de Google, qui est désormais d’ignorer les liens factices le plus souvent (sauf dans certains cas, comme celui de Selectos), encourage certainement la mise en place d’actions “limites” en netlinking.
Le problème vient donc lorsqu’on se fait “choper par la patrouille”. Et encore, une action manuelle, ce n’est jamais agréable, mais in fine, on s’en sort toujours, puisqu’il y a une procédure de réexamen mise en place par le moteur. La situation est bien moins agréable lorsqu’il s’agit d’un filtre algorithmique (historiquement Panda ou Penguin, plus récemment Medic, Florida 2, Bedlam ou autres “code updates” qui ont fait pas mal de dégâts) : dans une majorité de cas, la galère commence et il est parfois difficile (voire impossible) de réparer les pots cassés par la suite…
 
La réflexion préalable est donc importante et peut avoir des conséquences parfois grave. Lorsque vous travaillez seul et sur vos propres sites web, le fait de passer du “côté obscur de la force” n’implique finalement que vous. Vous jouez, vous gagnez ou vous perdez. Dans les deux cas, vous assumez. Tout dépend finalement du nombre de balles que vous mettez dans le barillet de la roulette russe…
Si vous êtes un freelance ou une entreprise et que vous mettez en place des actions “non recommandées” voire “interdites” par les moteurs de recherche et que vous en avertissez vos clients, et que ces derniers sont pleinement au courant des risques qu’ils prennent, pas de problèmes. Vous jouez, vous gagnez ou vous perdez. Dans les deux cas, vous assumez, vos clients et vous-mêmes, le fait d’avoir voulu changer les règles. La situation est assez similaire à celle du cas précédent.
Si vous avez mis en place des actions “non recommandées” voire “interdites” par les moteurs de recherche et que vous n’avez pas mis au courant vos clients, dans ce cas, c’est différent en cas de pénalité. Vous avez joué, ils ont perdu. Vous risquez donc gros.
De plus, si vous avez mis en place ce type d’action et que vous avez une entreprise derrière vous (pour revenir au cas de Selectos, la société comprend 12 personnes), vous risquez dans ce cas de mettre en difficulté les personnes qui travaillent au sein de votre structure, vos employés. Et là, il s’agira de votre responsabilité. Ce n’est pas rien à assumer !
 
Encore une fois, il ne s’agit ici ni de juger ou blâmer Selectos ou toute autre structure ou site web, ni de jeter l’opprobre sur les gens qui font du “black hat SEO”. Chacun, pour moi, est libre de voir le métier selon l’angle qui lui convient (et qu’est-ce qui dit que ma vision est la bonne, d’abord ?). Mais je crois qu’il faut avant tout, lorsqu’on met en place une stratégie SEO :
Sur cette base, toute personne empreinte de bon sens pourra prendre les décisions qu’elle juge bonne et pérenne (si la pérennité est l’un des objectifs visés) en fonction de ses objectifs.
Pour terminer, souhaitons par ailleurs à Selectos de sortir rapidement de l’action manuelle en cours au travers de la procédure de réexamen, et de corriger les autres points “sensibles” sur leur site (ils sont au courant). Et surtout de repartir sur de bonnes bases à l’avenir. C’est tout ce que l’on souhaite en tout cas aux 12 employés de l’entreprise…
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Note :
Bonjour et merci pour cet article très instructif.
En analysant rapidement les backlinks du site et de ses satellites j’ai vraiment de très très gros doute sur la possibilité de monter un tel réseau de lien juste basé sur de l’échange, d’autant que dans la liste il y a des sites que je connais pour vendre des sponsos.
Après je me demande si une meilleure politique de gestion des ancres n’aurait pas suffi à continuer de passer en dessous du radar…
Est ce que tu ne penses pas que ce sont les liens sortants d’affiliation, notamment vers amazon, qui ont causé la pénalité ? (guerre commerciale ouverte entre Google et amazon)
Certaines pages ont beaucoup trop de liens de ce type alors qu’on sait bien qu’il faut limiter les liens sortants sur une même page pour qu’une celle-ci soit qualitative aux yeux des Quality Raters
C’est un des problèmes du site (les liens sont qui plus est en dofollow » et pas en « sponsored ») mais l’action manuelle porte bien sur les backlinks…
Rappelons ici, quand même qu’il s’agit d’une pénalité manuelle. A vu d’œil, il dispose d’une stratégie très agressive sur tout un pan de possibilité pour venir se positionner, en plus de disposer d’un business model peu apprécié par Google.
Je suis intimement persuadé que, en plus des liens, la nature même du site a causé sa chute. Les liens peuvent être un prétexte (tout en étant bien réel) pour faire chuter ce site là.
C’est bien possible, effectivement. Et les backlinks ne sont pas la seule chose « répréhensible » sur le site…
Il y a toujours eu un jeu du chat et de la souris avec les moteurs de recherche mais que ceux qui abusent soient sanctionnés permet de redistribuer un peu les cartes.
À une époque, j’avais été complétement déréférencé à cause de quelques pages satellites… et je n’ai jamais retrouvé mon niveau d’antan (en même temps, j’ai laissé tomber, vu la concurrence dans mon secteur).
Actuellement, la mode est à l’utilisation de blogs plus ou moins factices avec des liens dans des articles à rallonge pour brosser Google dans le sens du référencèrent.
Je partage le positionnement d’Abondance pour un référencèrent éthique mais cela devient compliqué quand on est entouré que de requins du web !.
Passe du temps à valoriser les réponses à tes utilisateurs plutôt que faire de l’éphémère et de l’artificiel.
De leur propre aveu, ils (Selectos) ont « collaboré avec des blogueurs » (apparemment en quantité) pour « améliorer leur référencement ».
Alors, si Google veut pénaliser cela, il va devoir engager tellement de monde que le chômage dans le monde va disparaître tant cette pratique de référencement est ultra, ultra répandue.
Aujourd’hui, les trois quarts (voire les 97%) des blogs participent à ce « jeu ».
Des blogs faits par des bénévoles passionnés, cela n’existe quasi plus (et, le comble, c’est Google qui, par sa politique, les a fait disparaître).
Que d’hypocrisies dans tout cela !!.
Ce ne sont pas les blogs qui contribuent particulièrement à la puissance d’un site. Désormais, ce sont les « sources d’autorité ». En gros, Google indexe ce qu’il estime être populaire à ce qui fait la popularité « dans la vraie vie » : le linking passera bientôt par un travail de relation presse à plein temps
Je n’ai jamais dit que Google considérait les blogs comme étant des sites d’autorité. Que du contraire.
Mais de son propre aveu, Solestos imaginait que c’était le cas.
Les vrais blogs et blogueurs existent encore mais ils sont sur les plateformes web 2.0 comme canalblog, blogger, etc….et croyez-moi, certains, sans aucun backlinks, génèrent un trafic organique monstrueux qui ferait bander n’importe quel SEO ! Ces personnes anonymes, à mille lieux du monde du référencement pourraient très bien gagner leur vie s’ils connaissaient la valeur financière de leurs blogs.
L’authenticité des contenus plait et attire des lecteurs qualifiés.
Donc NON, le blog n’est pas mort.
Même s’ils sortent de la pénalité sera perdu ce qu’ils gagnaient avec les pratiques qui leur sont reprochées.
Donc, ne pas y laisser des plumes est a priori impossible… sauf si les actions reprochées étaient plus borderline qu’efficaces…
En même temps, ne plus voir ces contenus indispensables remonter dans les moteurs va créer un manque certain…
Est-ce que les agences de référencement préviennent toutes leurs clients les risques des liens artificiels ?
Bonne question. Espérons que oui… Mais j’en doute parfois…
Pour répondre à ta question, il suffit de regarder l’activité principale de certains sponsors du SEO campus : Ventes de liens, ventes de domaines expirés…
On va pas pleurer à chaque fois qu’un tricheur se fait prendre. D’un autre côté Google est loin d’etre blanc comme neige et un jour où l’autre il faudra qu’ils se soumettent à des contrôles de transparence.
Je suis heureux à titre personnel quand des gens ont voulu jouer avec les règles perdent une fois de temps en temps. Sur la masse, ça reste infime, mais ça fait du bien. Les moteurs sont un des seuls endroits où les tricheurs sont rois. Certes, Google est loin d’être blanc comme neige, on peut lui faire des milliers de reproches comme le dit Patalf, mais si on ne l’aime pas, sommes-nous obligés de l’utiliser pour faire notre business ? C’est un peu facile d’en profiter et de lui faire des reproches…
Google est un de mes directeurs commerciaux, je l’interprète comme ça, et je le respecte comme mes autres directeurs commerciaux (réseaux sociaux, etc.), mais si je lui manque de respect (être hors des règles), je comprends qu’il me vire et qu’il fasse remonter quelqu’un de plus honnête/juste à ma place, c’est le jeu. 😉
Chacun est libre de choisir la voie qui lui semble la plus juste, mais j’en ai un peu marre qu’on critique toujours Google quand ce sont les tricheurs qui se font choper. Bientôt, cela reviendrait à défendre les voleurs plutôt que les volés… ^^
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