Plateformes spécialisées, click and collect, paiement sans contact… Les nouveaux outils facilitent l'acte d'achat. Les commerçants s'adaptent, même les plus réticents. Et les clients en redemandent.
Par Valérie Talmon
Avec le boom de l' e-commerce et la hausse des loyers , certains commerçants se posent la question de l'utilité de conserver une boutique ou de basculer sur le tout digital. Reste que les ventes en ligne sont en majorité concluent par les grands groupes, qui bénéficient d'un meilleur référencement.
La solution reste sans doute d'utiliser les nouvelles technologies pour faire revenir les clients en boutique. A l'heure où la circulation difficile dans les centres-villes a éloigné les clients des commerces, le référencement local est une arme précieuse. La mise en place d'une stratégie « drive-to-store » est accessible même aux plus petites boutiques.
Cela passe par la création d'une fiche Google My Business ou Facebook Pro, afin de partager horaires, adresse, itinéraires, contact… Elle peut être couplée avec Google Maps , permettant aux clients de vous localiser mais aussi d'optimiser votre référencement.
Si l'e-commerce attire les commerçants indépendants, attention : le dynamisme sur les réseaux sociaux ne fait pas tout, selon Philippe Maurel, fondateur de deux magazines en ligne Boutique2Mode et L'echommerces : « Instagram et Facebook permettent de drainer du trafic. Mais seuls 5 % des indépendants réalisent de fortes ventes via ce canal. Réaliser de 5 à 10 % de chiffre d'affaires en e-commerce, c'est déjà très bien. »
Pour booster les ventes, de nombreuses alternatives fleurissent se voulant les « anti-Amazon ». Mavillemonshopping, Fairemescourses sont des plateformes mettant en avant les boutiques, classées par ville et par catégories. Leur atout ? Mixer local et accès au digital à moindre coût.
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Fairemescourses, une plateforme qui permet aux commerçants de vendre leurs produits en ligne, née pendant le premier confinement, a été créée par un couple de bénévoles : « Nous voulions aider les commerçants à vendre, explique Alexandra Lemercier, cofondatrice de la plateforme, qu'elle a créée avec son mari. Aujourd'hui, nous touchons 24.000 communes avec près de 14.000 commerces. » Cette application gratuite permet aux commerçants de cibler une clientèle locale avec un atout précieux : la liberté.
Nous voulions aider les commerçants à vendre.
« Le commerçant peut choisir ses moyens de paiement, sa zone de chalandise, le click and collect ou la livraison ainsi que l'adresse Internet qu'il veut partager. Certains commerçants encore réticents au numérique ont pu atteindre une clientèle souhaitant désormais être livrée ou choisir ses produits chez elle avant d'aller en boutique. » La plateforme est ainsi complémentaire des réseaux sociaux, « et des jeux, des promotions incitent à la première commande », conseille Alexandra Lemercier.
C'est au coeur de Vichy que Katia Quagliarella a ouvert L'Unique, une boutique de prêt-à-porter et d'accessoires. Mais c'était en 2020. Autant dire en pleine tourmente sanitaire : « Je me suis donc rapidement tournée vers des outils digitaux pour faire venir les clientes, explique-t-elle. Je suis sur Mavillemonshopping.fr, mais ce sont surtout les réseaux sociaux qui génèrent des ventes. »
Le numérique à la rescousse de l'attractivité des magasins
Surtout les vidéos d'essayage. « Une robe à un prix de 150 euros attire davantage l'oeil quand elle est portée dans une vidéo ! Mon conseil ? Ne pas faire l'impasse sur la qualité des visuels. J'organise des shootings dans la ville et ces belles photos des robes et de la ville attirent localement », argumente la commerçante vichyssoise.
Avec la crise sanitaire, le click and collect s'est développé. Le client commande en ligne et se rend en magasin pour retirer la commande. De quoi bénéficier des atouts de la vente en ligne sans ses inconvénients (frais d'expédition, rupture de contact avec le client). Attention toutefois : sa mise en oeuvre implique un vrai travail de logistique, l'informatisation de votre gestion des stocks et la mise en place d'un POS (point of sale ou point de vente en français).
Une fois le client en boutique, le commerçant peut également lui faciliter la vie via un outil de paiement adapté. En 2020, 60 % des paiements de moins de 50 euros en magasin ont été effectués sans contact. Si les banques proposent toutes des solutions, des start-up se sont également lancées. C'est le cas de Smile&Pay qui propose des solutions d'encaissement de cartes bancaires, avec des services de ventes à distance. « Pour faciliter les ventes via les réseaux sociaux et mon site, j'ai mis en place le système de paiement Stripe, qui permet de transférer de l'argent du compte bancaire d'un client vers le compte de ma boutique. C'est souple et fonctionne bien ! » confie Katia Quagliarella.
Pour faciliter les ventes via les réseaux sociaux et mon site, j'ai mis en place le système de paiement Stripe.
Dans sa boutique Klubb Store du Mans, Catherine Sasso confirme l'importance du sujet : « Je ne veux pas bloquer une vente pour un problème de paiement ! Je suis passée par Shopify, un système sécurisé, qui ouvre des perspectives comme des programmes de fidélité, des fichiers clients. »
Côté paiement mobile, entre Google Pay, Apple Pay, ou encore Paylib… plusieurs outils sont sur le marché. Ce mode de paiement représente désormais la moitié des règlements par carte, note l'Observatoire de la sécurité des moyens de paiement. Mais pour le proposer aux clients, un terminal de paiement sans contact (NFC) s'impose. Quant au paiement par QR Code, il reste plus limité puisque le commerçant doit disposer de la même application que le client. Il existe donc le choix dans ces technologies de paiement, de quoi redonner un second souffle au shopping de proximité !
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Valérie Talmon
Infographie
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