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Ils seraient cachés entre des publicités et quelques publications suggérées.
Il n’y a pas si longtemps, Instagram était une application tendance, appréciée par de nombreux utilisateurs. Le réseau social avait d’abord su convaincre les jeunes, puis tous ceux qui, petit-à-petit, s’était désintéressés de Facebook.
Force est de constater qu’aujourd’hui, l’application suit la triste trajectoire de son grand frère.
Pour quelles raisons ? Une recherche de rentabilité exacerbée, qui dégrade fortement l’expérience utilisateur ; peu d’innovation de rupture, des « nouveautés » qui ne sont que des copies conformes de fonctionnalités TikTok ou Snapchat ; et des algorithmes qui montrent leurs limites.
Premier constat : sur Instagram, il y a beaucoup de monde. Le réseau social ne communique plus sur son nombre d’utilisateurs, mais on sait qu’on peut atteindre près de 1,5 milliard de personnes via les publicités diffusées sur l’application.
C’est assez emblématique : d’un côté, on ne dit plus combien de personnes utilisent Instagram. Mais de l’autre, le réseau social indique nécessairement aux annonceurs le nombre de cibles qu’ils peuvent atteindre.
On assiste au schéma classique d’un service numérique gratuit qui veut maximiser sa rentabilité. On attire d’abord les utilisateurs, puis on monétise, de plus en plus. Les enchères renforcent la concurrence entre les clients. Et ça marche : Google et Meta trustent largement les budgets de la publicité en ligne, avec Amazon. Rien qu’au 1er trimestre 2022, Meta a réalisé un chiffre d’affaires de 7,72 dollars par utilisateur, tout en proposant aux annonceurs des prix compétitifs. Et ce n’est pas très étonnant, au vu de la pression exercée sur les utilisateurs…
Des personnes à atteindre, des annonceurs, des revenus importants : où est le problème ? Stan Schroeder publie un article sur Mashable qui le résume assez bien.
L’expérience vécue par les utilisateurs d’Instagram semble en effet tellement dégradée aujourd’hui qu’on peut légitimement se poser des questions sur les performances futures de l’application.
Le journaliste dénonce la surexposition publicitaire à laquelle sont confrontés les utilisateurs et la qualité des suggestions. Bien qu’un exemple ne soit pas nécessairement représentatif de l’expérience vécue par tous, voici les contenus que nous avons pu découvrir en regardant le feed et les stories.
Vous avez beau avoir ignoré ces gens 10 fois, Instagram pense encore que vous pourriez vouloir les suivre…
Encore une fois, ce n’est qu’un test à un instant T : il suffit que vous reveniez un peu trop souvent sur Instagram pour que les suggestions et les publicités remplacent des contenus déjà vus, ou des contenus que les algorithmes du réseau social ont préféré ne pas vous montrer.
Les dark patterns correspondent à des techniques conçues pour faire grimper un indicateur au détriment des utilisateurs. Instagram en propose un particulièrement intéressant. Désormais, la flèche située à côté du logo Instagram, qui identifie la fonctionnalité pour switcher entre les différentes versions du feed (classique, abonnements, favoris) n’est plus visible lors du lancement de l’appli. Vous devez scroller légèrement pour activer la petite flèche située à droite du logo.
En mars dernier, Instagram avait communiqué en grandes pompes sur le retour du fil d’actualité chronologique. Une manière de redonner le pouvoir aux utilisateurs, qui peuvent à nouveau explorer des feeds exclusivement constitués de contenus auxquels ils sont abonnés. Cette petite contrainte du scroll est symbolique, et illustre assez bien les choix effectués par le réseau social.
Enfin, dernier point : la qualité des suggestions. En août 2020, Instagram lançait un flux sans fin, avec des suggestions de publications. Avant, on accédait à d’anciennes publications des comptes suivis. Désormais, le scroll amène vers des publications suggérées. Quid de leur pertinence ?
Instagram s’est inspiré de l’expérience qu’on peut vivre sur TikTok, où l’utilisateur accède à des contenus postés par des comptes qu’il n’a pas décidé de suivre. Une bonne manière de suggérer des posts, mieux comprendre les intérêts de chacun, augmenter le temps d’usage, capter de l’attention… et diffuser des publicités.
Instagram a copié, mais Instagram n’a pas égalé : il suffit d’utiliser quelque peu le flux For You de TikTok et le feed suggeré d’Instagram pour remarquer la différence de pertinence entre les contenus des 2 applications.
Nous pourrions également évoquer le nombre de Reels qui ne sont que des captures vidéo de TikTok… L’audience d’Instagram est gigantesque, mais la création s’opère désormais sur d’autres applications.
C’est un fait, Instagram n’aide pas vraiment l’utilisateur à bénéficier d’une expérience optimale. En revanche, l’application a développé des outils, parfois méconnus, pour reprendre le contrôle de son fil d’actualité et améliorer les contenus que vous consultez au quotidien.
Instagram était tendance, Instagram devient has-been. Cela ne veut pas dire qu’Instagram va dégringoler de si tôt. Il suffit de regarder Facebook : un réseau social vieillissant, dont tout le monde annonce la mort, avec des contenus dont la qualité laisse souvent à désirer… Mais la plateforme reste, malgré tout, celle qui attire le plus d’utilisateurs mensuels et bien évidemment le plus d’annonceurs.
Instagram a fait le pari de copier toutes les fonctionnalités de ses concurrents, jusqu’aux posts épinglés, pour mieux les contrer. Force est de constater que TikTok est toujours là.
Instagram va-t-il suivre l’exemple de Facebook ? C’est possible. Sur sa fonctionnalité de base, le partage de photos, l’application ne souffre heureusement d’aucune concurrence. Mais pour l’innovation et l’expérience utilisateur, il semble désormais temps de regarder ailleurs.
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