Le CPF prend une part de plus en plus importante dans le chiffre d’affaires des écoles de conduite depuis bientôt 5 ans et le permis de conduire est la première formation financée en France. C’est particulièrement vrai dans les grandes agglomérations où les gens passent leur permis plus tardivement, mais c’est également le cas dans les plus petites villes. Certaines structures font désormais 30 à 50 % de leur chiffre d’affaires grâce au CPF. Dès lors, le référencement de leurs offres de formation sur Mon Compte Formation est un enjeu central pour ces écoles de conduite. Leurs offres doivent être référencées… mais elle doivent également être visibles !
Pour être visibles, les offres de formations doivent être positionnées en tête de liste (la CDC explique le fonctionnement de son moteur de recherche et le calcul de l’ordre d’affichage) et/ou être présentes en grand nombre… afin que les offres concurrentes soient noyées dans la masse.
C’est la seconde stratégie qu’ont adoptée certaines auto-écoles plateformes en publiant des milliers d’offres de formation, partout en France… y compris dans des secteurs où elles ne sont pas présentes. Ainsi, de nombreuses auto-écoles ont eu la surprise de voir ces offres de formation apparaître sur des communes où les plateformes ne disposent par de local, ni d’agrément. C’est le cas notamment de CAVAL (La Bonne Allure), LEPERMISLIBRE (Le Permis Libre) et MERCURE FORMATION (Stych) qui, à eux trois ont posté près de 18 000 offres de formation… là où une auto-école de proximité va généralement poster entre 5 et 15 offres de formation.
Pour Xavier Quentin, président de Mobilians-ESR pour le département de l’Essonne (91) : « il s’agit d’une stratégie délibérée [des plateformes] pour invisibiliser les auto-écoles de proximité et l’État ne fait rien pour que cela cesse ». Et il ajoute « elles adoptent une stratégie similaire sur Google ».
En effet, en multipliant les offres de formation sur un secteur donné, les auto-écoles plateformes vont mathématiquement réduire la visibilité des offres déposées par les auto-écoles de proximité. Prenons un exemple fictif d’une ville moyenne dans laquelle 2 auto-écoles sont implantées. Chacune met en ligne 5 offres de formation. Deux plateformes disposent chacune d’un point de rendez-vous dans cette ville, ainsi que dans les 4 communes voisines. Chacun de ses points de rendez-vous est référencé comme « centre de formation » et 5 offres de formation sont attachées à chacun de ces centres (voir schéma ci-dessous).
Dans cet exemple, un futur candidat qui cherche des offres sur ce secteur verra 50 offres de formation déposées par des plateformes (83 % des offres) et seulement 10 offres déposées par des auto-écoles traditionnelles (17 % des offres). Alors même que l’offre de formation sur le secteur est constitué de 2 auto-écoles traditionnelles (50 % des organismes présents) et 2 plateformes (50 % des organismes présents).
La sur-représentation des plateforme incitera – statistiquement – une proportion plus importante d’élèves à s’orienter vers elles.
Le référencement des points de rendez-vous en tant que centres de formation pose plusieurs questions.
Le référencement d’une offre de formation est gratuite sur Mon Compte Formation, dès lors que l’organisme dispose de la certification Qualiopi. En ajoutant des milliers d’offres partout en France, ces auto-écoles plateformes sont comparativement beaucoup plus visibles que les auto-écoles de proximité qu’elles viennent concurrencer, et sur des zones de chalandise beaucoup plus étendues. Sans pour autant avoir à supporter les charges d’un local (à l’exception de Stych, qui dispose de 30 locaux et d’autant d’agréments).
La Caisse des Dépôts et Consignations a édicté des règles d’éligibilité sur le référencement des offres sur Mon Compte Formation. Ces informations sont publiques. Elles prévoient deux types d’offres : les formations en centre et les formations en ligne.
Jusqu’à présent les offres de formation « en centre de formation » devaient indiquer une adresse postale et un numéro d’agrément. Ces règles sont précisées dans un document mis en ligne en avril 2021 (paragraphe 1.1). Il y a quelques semaines, l’interface de Mon Compte Formation a été modifiée et il n’était plus obligatoire d’indiquer d’adresse ni de faire figurer d’agrément. La CDC a, depuis lors, rétabli l’obligation d’indiquer une adresse postale. Cependant, des dizaines d’offres que nous avons pu consulter ne comportent toujours aucun numéro d’agrément (y compris des offres déposées par des auto-écoles traditionnelles).
Par ailleurs, dans le Guide d’utilisation et de saisie EDOF daté du 4 juin 2021, il est précisé au paragraphe 2.4.5. Duplication d’offres sur la plateforme :
 Dupliquer sur EDOF une offre ou une action de formation sans la modifier ou en ne modifiant que certains éléments non différenciants est proscrite. Plusieurs pratiques suspectes ont été identifiées et classées par ordre de gravité :
[…] 3. Vous dupliquez des offres et modifiez très légèrement certaines informations (intitulé, prix, lieux), alors que les actions sont quasiment identiques, la neutralité du moteur de recherche est impactée. Par exemple, vous proposez la même action de formation (même intitulé, même prix, même modalité pédagogique) dans deux lieux situés à quelques kilomètres de distance l’un de l’autre. 

Des offres liées à des points de rendez-vous distants de quelques kilomètres sont donc contraires aux règles d’éligibilité de Mon Compte Formation.
La Caisse des Dépôts et Consignations ne semble effectuer aucune vérification sur les lieux indiqués. Ainsi, sont référencés en tant que centres de formation des places de parkings, des adresses sans numéro de voie et… des restaurants vietnamiens.
La Caisse des Dépôts et Consignations ne met pas en place les vérifications élémentaires pour les formations dites « en centre » et ne retire pas des annonces qui ne respectent manifestement pas les critères d’éligibilité. Elle laisse en ligne des annonces de formation « en centre » alors qu’il n’y a aucun « centre de formation » à l’adresse indiquée.
Selon nos informations, les représentants de la Caisses des Dépôts auraient validé oralement le fait de référencer des points de rendez-vous en tant que « centre de formation ». Sollicités par email, ils n’ont pas donné suite à nos demandes d’entretien.
La question est donc de savoir si l’autorité responsable de Mon Compte Formation est incapable de faire respecter les règles de sa propre plateforme (par manque de moyens ou manque de volonté ?), où si elle a octroyé des dérogations à certains acteurs, en contradiction avec les règles qui s’appliquent aux autres.
Quelle que soit la réponse, la position de la Caisse des Dépôts et Consignations n’est pas défendable et doit être revue.
Le référencement des points de rendez-vous en tant que « centre de formation » pose la question, plus large, du référencement des nouveaux acteurs. Il s’agit d’un débat en cours depuis plusieurs mois qui n’est pas tranché. La question a déjà été posée à l’automne dernier lors d’une réunion de travail dans les locaux de la Délégation à la sécurité routière (DSR) au sujet de la mise en place de la future « plateforme du permis de conduire ».
Comme l’indique Sandra Carasco, représentante UNIC (départements 33 et 40) « les auto-écoles en ligne voulaient être localisées là où elles fixent des rendez-vous et où elles font passer l’examen. C’est-à-dire partout en France » ou à défaut figurer sur une carte dédiée (position défendue par Benjamin Gaignault pour le compte d’Ornikar).
Les représentants des organisations professionnelles ont proposé que les plateformes soient référencées au niveau des centres d’examen du permis de conduire. Une proposition rejetée par les plateformes car une telle mesure les rendrait beaucoup moins visibles (les centres d’examen sont souvent situés en périphérie des centres urbains).
Le Ministère de l’Intérieur qui a pris 3 ans de retard sur la mise en place de la plateforme n’a pour l’instant pas tranché.
Face à la multiplication d’offres de formation contraires à ses règles d’éligibilité et au préjudice que cela cause aux écoles de conduite, la Caisse des Dépôts et Consignations doit prendre les mesures qui s’imposent :
Si c’est le cas, les auto-écoles de proximité sauront s’adapter et pourront créer des points de rendez-vous et des formations dans les communes environnantes. Cette solution n’est pas idéale car il en résultera une multiplication très importante du nombre d’offres de formation et une lisibilité moins bonne pour les candidats mais tous les acteurs seront remis sur un pied d’égalité.
Relire sur le même sujet : Mon Compte Formation: le nouveau Far West du permis de conduire (5 déc. 2019)
Il ne fallait pas être grand clerc pour prévoir ces dérives officielle (d’aucun parleront de bug qui va être tre corrigé… D’autres diront que ce n’est rien et qu’il ne faut pas crier avant d’avoir mal).
Après le soutien de dame Dumas, celui de la BPI… Qui croyait que les plates-formes allaient s’arrêter en si bon chemin ? Sérieusement ?
Juste écœuré de devoir faire hyper plein d’administratif et très très très cher : site internet, référencement, qualiopi, certification etc etc etc, tout çà pour quoi ??????? Faire exactement le même travail !!! Foutage de gueule pour extorquer aux auto-écoles le très peu de trésorerie qu’elles avaient…. Le tout avec la bénédiction de nos syndicats qui se jettent dans la geule du loup en faisant, eux-aussi, des centres de formation.






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