Une stratégie data est un socle indispensable pour toute organisation qui veut durablement tirer de la valeur de cette matière surabondante, mais souvent sous-exploitée faute de maîtrise de la donnée.
Identifiée comme un enjeu stratégique par les décideurs, la maîtrise de la donnée est le signe distinctif des entreprises qui réussissent dans l’économie actuelle. Une stratégie data est un socle indispensable pour toute organisation qui veut durablement tirer de la valeur de cette matière surabondante, mais souvent sous-exploitée faute de maîtrise de la donnée elle-même et de maturité sur le sujet. Comprendre en quoi consiste une telle stratégie est la première étape pour rejoindre le clan des entreprises qui se démarquent et innovent grâce à leur maîtrise de la donnée.
Que la donnée soit devenue un actif stratégique de l’entreprise, tous les dirigeants en conviennent désormais. Mais, dans une majorité d’organisations, un large fossé sépare encore cette prise de conscience de la capacité effective à exploiter cet actif pour améliorer les processus décisionnels et opérationnels existants et continuer à innover. C’est particulièrement vrai dans les entreprises de taille intermédiaire (ETI). Dans tous les secteurs, elles se voient aujourd’hui challengées par de nouveaux entrants qui, précisément grâce à leur maîtrise de la donnée, reconfigurent les marchés et s’y imposent en proposant des produits et services tirant pleinement avantage des avancées du digital.
Pour rester dans la course et résister à ce type d’offensive, les entreprises doivent engager une démarche structurée visant à connaître, maîtriser et exploiter leurs données. Si ces trois verbes suffisent à résumer l’ambition de toute stratégie data, la démarche est beaucoup plus exigeante qu’il n’y paraît, pour des raisons qui sont loin d’être toutes d’ordre technique ou technologique. En effet, nécessairement transversale, une stratégie data implique des dispositifs organisationnels inédits dont l’acceptation, le fonctionnement et l’inscription dans la durée demandent une acculturation de toute l’entreprise aux enjeux de la data. En la matière, toutes les entreprises ne partent pas du même point. Et si les plus matures partent a priori avec un avantage, encore faut-il que tout le monde y partage la même compréhension de ce qu’est une stratégie data.
Dans le monde de l’entreprise, le mot stratégie s’entend comme l’élaboration et l’exécution d’un plan d'action en vue d’atteindre un but précis. Si l’on applique cette définition aux problématiques des données, on comprend qu’une stratégie Data ne se limite pas à la nomination d’un Chief Data Officer (par ailleurs indispensable) ou, comme on le voit trop souvent, au déploiement de nouveaux outils, avant même d’avoir défini les objectifs et le plan d’action. Cette confusion entre la fin et les moyens reviendrait, dans le domaine militaire, à nommer le général, acheter les armes et se lancer dans la bataille sans se soucier d’avoir ou non des troupes, ni rien connaître du terrain sur lequel on va opérer.
Une stratégie data efficace se décline obligatoirement à trois niveaux :
La stratégie comporte plusieurs niveaux, mais suit une trajectoire, une feuille de route logique qui dépend pour beaucoup des moyens humains et financiers de chaque structure. L’ambition dépend également du point de départ de chaque organisation et fondamentalement de sa maturité en matière de gestion des données.
L’articulation entre ces niveaux stratégiques ne fonctionne que si l’entreprise prend le soin de mettre en place un dispositif de gouvernance de la donnée. Placée sous l’autorité du Chief Data Officer, il s’agit d’une organisation décentralisée qui repose sur l’attribution, dans toutes les directions/business units/filiales, de rôles et de responsabilités spécifiques en matière de données. Parmi les rôles à distribuer dans chaque entité, deux sont essentiels :
Ces rôles ne correspondent pas à des créations de postes. À l’exception des très grandes entreprises, ils sont assumés par des personnes ayant d’autres responsabilités au sein du métier ou de l’entité qu’elles représentent. La constitution de cet « état-major de la donnée » ne se fait pas en un jour, mais au rythme du déploiement de la stratégie Data (sur des bases géographiques, métiers et/ou thématiques) et en avance de phase par rapport à ce déploiement. L’objectif à terme est que ces rôles existent de façon permanente dans toutes les directions/entités de l’entreprise. C’est la condition première d’une maîtrise durable de la donnée.
Si l’on oppose habituellement stratégie offensive et stratégie défensive, la question est largement rhétorique dans le domaine des données où les deux approches gagnent à être combinées. C’est en effet le plus souvent à l’occasion d’un projet spécifique (typiquement, un changement d’ERP, de CRM ou autre outil métier clé) que les questions de stratégie et de gouvernance des données se posent avec acuité dans l’entreprise. L’entrée dans la démarche se fait pour cette raison très souvent sur un mode défensif : il s’agit de résoudre un problème urgent – par un exemple, de structure de base de données ou de qualité de données – qui empêche de mener à bien une migration logicielle importante.
On peut, dans ce type de contexte, se contenter de résoudre le problème en menant une opération ponctuelle de nettoyage des données. On peut aussi aborder la question de manière plus stratégique et constructive en recherchant les causes du problème et les moyens d’éviter qu’il se reproduise. L’entreprise concilie ainsi les bénéfices d’un succès rapide, sur un périmètre bien délimité et facilement maîtrisable, avec la vision à long terme d’une stratégie globale.
Cette approche mixte est beaucoup plus réaliste qu’une stratégie offensive qui, obligeant à penser d’emblée un plan global et à s’attaquer à plusieurs fronts à la fois, demande énormément de préparation et peut différer d’autant la résolution des problèmes urgents et l’obtention de résultats mesurables dans les différentes activités de l’entreprise.
Il est essentiel de comprendre que les outils ne font pas la stratégie. Ce sont des moyens d’atteindre les objectifs stratégiques. Outre la possibilité de capitaliser sur les succès pour diffuser plus largement et ancrer plus profondément la culture data dans l’entreprise, une stratégie mixte permet de fonder sur des projets concrets, plutôt que sur une vision théorique des besoins, les choix technologiques structurants en matière d’architecture et d’infrastructure de données. Le volet tactique d’une stratégie Data inclut nécessairement le choix et le déploiement d’un outillage spécifique. Il s’agit d’outils de modélisation, de gestion, de visualisation et d’analyse de données, indispensables dans la mesure où ce sont eux qui permettent, respectivement, de :
On comprend implicitement que tous ces outils n’ont pas vocation à être déployés simultanément. Une entreprise qui prétend faire de l’analyse prédictive avant d’avoir résolu ses problèmes de stockage et de qualité de données va au-devant de grandes désillusions…
Compte tenu de ses implications organisationnelles et business, la décision de se doter d’une stratégie data relève de la direction générale de l’entreprise. La mise en œuvre de la stratégie est en revanche l’affaire de tous. Parce que la donnée est partout dans l’entreprise, parce qu’elle est au cœur de tous les processus, toutes les directions, tous les niveaux hiérarchiques sont concernés. L’ambition stratégique, la trajectoire et le rythme des avancées dépendent fondamentalement du niveau de maturité initial de l’entreprise en matière de gestion et de gouvernance de la donnée. Évaluer cette maturité, c’est savoir d’où l’on part et, donc, prendre la mesure des efforts et des moyens à engager pour que la data devienne un moteur de performance et de création de valeur.
La maturité data d’une organisation s’évalue à l’aune de ses pratiques existantes dans de multiples dimensions (culture, compétences, infrastructure, processus & méthodes, pilotage…). Réalisée dans les règles de l’art, cette évaluation est un exercice codifié qui met en relief les domaines où il faut agir en priorité pour orienter ou réorienter la stratégie Data de l’entreprise dans la bonne direction. C’est, à ce titre, un exercice aussi révélateur que fondateur, que nous recommandons à toute organisation qui veut partir sur de bonnes bases.
Identifiée comme un enjeu stratégique par les décideurs, la maîtrise de la donnée est le signe distinctif des entreprises qui réussissent dans l’économie actuelle. Une stratégie data est un socle indispensable pour toute organisation qui veut…
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