Globalement, nous avons constaté que la Suède, et d’autres pays nordiques, sont à l’avant-garde de l’adoption de packagings plus efficaces pour réduire les émissions dans le domaine des vins », rappelle en préambule Judith Candy, responsable du développement commercial chez Packamama, société britannique à l’origine de la bouteille plate en PET recyclé. « Comme ce sont des monopoles, ils ont une influence considérable pour exiger de leurs fournisseurs des packagings plus respectueux du climat et ce, depuis de nombreuses années ». Malgré l’ancienneté de la démarche, cette volonté devient de plus en plus tangible.
Entre autres initiatives, le monopole finlandais Alko a instauré un nouveau label "Green Choice" (70 % de son offre d’ici 2030) pour indiquer à ses consommateurs les entreprises qui font des efforts pour réduire leur impact environnemental. En Norvège, Vinmonopolet vise une réduction de 40 % de son empreinte carbone d’ici 2030 et œuvre pour amplifier son système de consigne ainsi que la part des packagings respectueux de l’environnement.
Un moyen de se démarquer en linéaire
Parmi les solutions novatrices en matière de packaging, la bouteille plate en PET recyclé a été choisie par TWS Collective, dont le portefeuille englobe des opérateurs comme la maison espagnole Torres ou les français Joseph Castan et Paul Sapin. Linda Skalberg, responsable de marque, résume les motivations derrière ce choix : « Comme nous sommes un marché à monopole, nous avons peu de marge de manœuvre en matière de marketing. Ainsi, se démarquer dans les linéaires augmente la visibilité du produit. La bouteille de Packamama, avec sa forme unique et ses grands panneaux plats, me paraissait être un bon moyen de le faire. De plus, Systembolaget s'est fixé un objectif élevé de réduction de l'empreinte carbone et invite donc les importateurs à remplacer nos packagings par des alternatives plus durables. Et comme les effets du changement climatique s’aggravent de manière visible, j’ai pensé que le moment était opportun de lancer ce nouveau format ».
Pari gagnant : la marque Rio Claro, élaborée par la société Torres au Chili, était en perte de vitesse. Dès la transition vers la bouteille plate en PET, le référencement s’est fortement développé. « Actuellement, la référence n'est distribuée que dans 7 magasins mais à partir du mois de mars 2023, ce nombre passera à 301. Cette évolution est très encourageante, car elle montre que les produits plus respectueux du climat sont priorisés dans les magasins ». S’il est trop tôt pour mesurer le volume des ventes, les retours sur les réseaux sociaux sont positifs : « Les consommateurs suédois apprécient beaucoup les avantages environnementaux du packaging, ainsi que son côté pratique. Ils aiment emporter les bouteilles au lac ou au chalet, car elles sont incassables et plus faciles à stocker et à transporter ». TWS Collective espère à terme que la réaction des consommateurs suédois se calquera sur celle qui a été constatée en Australie : « Il s’agit d’une bonne référence car 8 Australiens sur 10 sont préoccupés par le changement climatique, comme les Suédois. En Australie, les marques qui emploient ces bouteilles ont fait état d'une augmentation de la production pour répondre à la demande, d'une extension de la gamme et de ventes de vins dans les bouteilles plates quasi identiques à celles des équivalents en verre ».
Les bouteilles lourdes en verre vouées à disparaître
D’ores et déjà, TWS Collective étudie la possibilité de faire référencer d’autres vins en bouteilles PET plates, répondant ainsi aux desiderata formulés par Systembolaget. « A l’avenir, nous verrons une augmentation des bouteilles PET et des cannettes », prédit Linda Skalberg. « Systembolaget est très ouvert aux nouvelles idées, et nous verrons probablement arriver encore plus d'innovations en matière de packaging, notamment davantage de bouteilles éco-plates ». Si les bouteilles en verre ont encore un avenir sur le marché suédois, « notamment pour les vins destinés à la garde », les formats lourds sont voués à disparaître.
Dans ce contexte, la responsable de marque propose quelques conseils aux exportateurs : « N’ayez pas peur de faire des changements. Si nous voulons atteindre les objectifs élevés de réduction de notre empreinte carbone, nous devons tous trouver de nouveaux modes de fonctionnement, non seulement en matière de packaging, mais aussi de transport et d'optimisation de nos livraisons, etc. Même de petits changements peuvent contribuer à l'objectif de réduction de l'empreinte carbone. L'immobilisme n'est plus possible. Le risque de ne rien faire est bien plus dangereux que celui d'agir ».
 

source