Le Wimax peine à se développer en France malgré son potentiel. Le point sur la technologie, son utilité au sein des entreprises et pour la mobilité avec un expert du Wimax.
Qu'est-ce que le Wimax ?
Le Wimax est un standard de transmission sans fil à haut débit. Il est prévu pour connecter les points d'accès Wi-Fi à un réseau de fibre optique, ou pour relayer une connexion partagée à haut-débit vers de multiples utilisateurs. Avec une portée théorique de 50 kilomètres, il devait permettre à terme le développement de réseaux métropolitains reposant sur un unique point d'accès.
Le Wimax a été inventé il y a six ans et pourtant la technologie peine à s'imposer en France, comment l'expliquer ? Quels sont les pays où il est en déploiement ?
Au dernier congrès mondial annuel, le Wimax forum faisait état de 475 déploiements de réseaux Wimax dans 140 pays. Cependant une analyse plus fine permet de mettre en évidence que deux tiers de ces déploiements ont lieu dans les pays émergents où les infrastructures fixes sont inexistantes ou de mauvaise qualité. Dans la majorité des autres cas il s'agit de réseau broadband fixe en substitution ou en complément d'une infrastructure ADSL. Il est tout de même important de souligner quelques initiatives majeures, qui pourraient agir comme catalyseur pour cette technologie, en lui permettant d'atteindre un volume critique et de fait entrainer une baisse des coûts.
Ces déploiements, qui se positionnent directement en concurrent des réseaux mobiles 3G (et leur évolution, en particulier le LTE) se situent en Corée du Sud (KT Telecom qui compterait 1 million d'abonnés), en Russie (Yota et Comstar), au Japon (KDDI) et aux Etats-Unis avec Sprint Nextel. Les services proposés dans ces pays vont de l'accès Internet mobile grâce à des puces embarquées dans les PC ou des clés USB, à des services de voix intégrés dans des téléphones mobiles. Samsung, HTC et Intel sont très actifs sur ce marché.
En France la situation réglementaire est telle que l'utilisation en mobilité de la technologie Wimax est interdite. Aussi, Free, détenteur d'une licence nationale, ne peut pas déployer de réseau Wimax concurrent des opérateurs mobiles, ce qui explique son implication dans l'appel d'offres en vue de l'obtention de la quatrième licence 3G
Le lobbying des opérateurs qui ont payée très chère leur licence 3G en 2001 n'est certainement pas étranger à cette décision, voyant d'un mauvais œil l'arrivée d'un nouvel acteur avec une technologie disruptive plus performante.
Aussi dans la situation actuelle trois principaux usages peuvent être envisagés pour le Wimax en France:
– fourniture d'un service broadband fixe en substitution d'une ligne fixe ADSL
– fourniture d'un service internet nomade
– fourniture d'un service de backhaul c'est-à-dire permettant de connecter entre eux des équipements réseaux opérateurs dans des lieux où aucune autre technologie (fibre ou ADSL) n'est disponible.
En France, les forts taux de pénétration de l'ADSL, les prix faibles, font que le Wimax en tant que service fixe n'a de sens que dans des zones géographiques blanches où l'ADSL n'est pas disponible.
Comment expliquer que les grandes entreprises qui ont généralisé le Wi-Fi ou la 3G ne l'ont pas encore fait pour le Wimax ? Est-ce que cela va arriver ?
"Il n'existe aucune offre Wimax opérateur au niveau national en France"
On observe une progression de l'Internet nomade au sein des entreprises. La réponse au besoin d'accéder à son réseau d'entreprise depuis l'extérieur, est rendu possible au travers des solutions existantes à savoir principalement le Wi-Fi et la connectivité 3G grâce à des cartes PCMCIA ou des clés USB. Aujourd'hui il n'existe aucune offre Wimax opérateur au niveau national en France et la couverture Wimax sur le territoire est tellement faible qu'il n'est pas pertinent pour une entreprise de s'équiper, et par conséquent d'investir, en terminaux Wimax. Par ailleurs les terminaux compatibles sont encore rares et l'interopérabilité n'est pas assurée.
Pour ce qui est de la mise à disposition de réseau privé d'entreprise Wimax, comme cela est le cas avec le WiFi, cette solution n'est pas envisageable car, outre les éléments pré-mentionnés, une licence est nécessaire pour déployer des solutions Wimax, ce qu'aucune entreprise ne possède. La situation est la même pour les réseaux 3G, à la différence que la plupart des sites des entreprises sont déjà couverts en 3G par les réseaux d'opérateurs.
Quelles sont les pistes pour développer le Wimax ? Par exemple les modems ADSL pourraient émettre de la 3G en plus du Wi-Fi, est-ce envisageable pour le Wimax ?
Les routeurs ADSL réémettant le signal 3G sont appelés des femtocells. Ils permettent notamment d'étendre la couverture 3G à l'intérieur des bâtiments à moindre frais pour l'opérateur. SFR vient d'ailleurs d'annoncer la mise à disposition sur le marché d'un tel terminal. Cependant cette technologie vient en complément d'un réseau déjà bien déployé afin de répondre à deux objectifs majeurs pour l'opérateur :
– Extension de la couverture 3G
– Réduction de ces mêmes coûts de couverture
Cette solution est rendue possible par le fait que SFR soit tout à la fois opérateur mobile avec un réseau 3G conséquent et opérateur ADSL, avec une part de marché notable dans le mobile et l'Internet.
Dans le cas du Wimax, la question ne se pose pas encore en ces termes, la technologie et le marché adressable n'étant pas suffisamment matures. Les femtocells sont une solution permettant d'offrir une solution de croissance et d'optimisation des coûts pour une offre mature. Nous en sommes encore loin en ce qui concerne le Wimax, et de telles perspectives sont peu envisageables dans la situation actuelle. Il n'y a pas aujourd'hui de solutions miracles pour développer le Wimax, qui fait face à un concurrent de poids, le LTE, largement adopté comme évolution des infrastructures de réseaux mobiles existantes. Le Wimax aura principalement son rôle à jouer dans les pays émergents et dans la couverture des zones blanches.
Y a-t-il des contraintes au niveau de la sécurité pour cette technologie ?
"Le signal Wimax peut facilement être brouillé"
Tout d'abord, dans le contexte du grenelle des ondes, la dangerosité des ondes radios reste toujours un point de surveillance. Le Wimax ne fait pas exception à la règle, et la mise en place des antennes relais pose nécessairement quelques questions sanitaires. Par ailleurs comme toutes les technologies radios, le Wimax est sensible à des attaques par « déni de service ». Ceci signifie que le signal Wimax peut facilement être brouillé, et donc devenir inexploitable, par l'émission d'un signal parasite. Dans le cas d'un accès entreprise, les communications d'une société peuvent donc être coupées par la simple émission d'un signal tiers perturbateur.
Par ailleurs existent les questions liées à la sécurité et à la confidentialité des informations. Là encore, si l'accent sur la sécurité a été fortement mis lors de la standardisation du Wimax, encore faut-il correctement implémenter cette solution sur le terrain, en particulier en ce qui concerne les mécanismes de chiffrement de données et d'authentification mutuelle. Ce dernier permet de s'assurer que l'équipement client est lié à la station relais de l'opérateur. Aussi un équipement tiers ne peut-il pas s'intercaler dans la communication en simulant une fausse identité, avec tous les dangers que cela implique en termes de sécurité de l'information.
Récemment, des téléphones Androïd sont conçus pour fonctionner avec le Wimax, est-ce une tendance ?
"Le Wimax mobile semble avoir perdu la bataille de la 4G"
Comme mentionné dans la liste des pays déployant la technologie Wimax mobile, un marché (restreint) existe pour des terminaux mobiles supportant le Wimax.
Certains industriels ont déjà embarqué et commercialisé cette technologie comme HTC et Samsung avec des terminaux fonctionnant sous Windows mobile (par exemple HTC Max 4G).
Cependant le Wimax mobile (802.16e) semble avoir perdu la bataille de la 4G face au LTE. Certains industriels majeurs ont récemment déclaré abandonner le support du Wimax au profit du LTE.
Concernant Android, il s'agit d'un système d'exploitation open source, dont les projections de vente dans les années à venir, tant sur les mobiles que sur les PC, sont fortes. Notamment le système Android devrait représenter 14,5% du marché en vendant 76 millions de terminaux par an fin 2012 selon une étude de l'agence Gartner.
Aussi il est naturel que les industriels (fournisseurs de chipset notamment) qui soutiennent le Wimax fassent en sorte que celui-ci soit intégré dans Android. D2 Technologies, Beceem Communications et ECS se sont ainsi réunis pour développer le support du Wimax dans Android.
Cependant l'intégration du Wimax dans les terminaux, si elle existe bien, n'est pas aujourd'hui une tendance lourde du marché, eut égard à la taille du marché correspondant, même si quelques acteurs importants du marché comme Samsung ou encore Intel soutiennent cette technologie et les différentes initiatives existantes.
Avec la participation de Cyril Maillet, expert pour Solucom
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