Depuis quelques mois, les rachats de médias tech se suivent, pour aller vers une concentration dans des groupes média, afin de mutualiser les coûts et les modèles économiques. Dans le même temps, la presse tech française indépendante tire la sonnette d’alarme en voyant ses difficultés financières s’accroître. Vers où va la presse tech française ?
Pour être transparent, je précise que j’ai effectué un stage au sein de la rédaction de Frandroid dans le cadre de mes études il y a quelques mois.
Le 18 mars 2022, Le Figaro nous informait du rachat de la société Humanoid (éditrice de Frandroid) par le groupe EBRA pour 40 à 60 millions d’euros, entreprise de presse basée dans l’Est de la France. Il s’agit du premier groupe de presse régionale en France, propriété intégrale du Crédit Mutuel. Selon Philippe Carli, président d’EBRA, ce rachat « s’inscrit parfaitement dans la stratégie de diversification des revenus du groupe, avec le développement de nouvelles verticales sectorielles, des activités digitales et évènementielles ». Le Figaro précisait que « pour le groupe de presse régionale, cette acquisition est aussi l’occasion d’internaliser l’expertise d’Humanoid dans le contenu de marques, ainsi que son savoir-faire dans l’affiliation et le SEO ». Il s’agit d’un événement important pour l’entreprise, qui n’a selon les témoignages que j’ai pu recueillir, pas eu de conséquences sur la partie éditoriale des médias rachetés. 
Frandroid et Numerama ne sont cependant pas les seuls médias en ligne consacrés aux nouvelles technologies qui ont vécu un rachat depuis le début de l’année.
Le 1 juin, le groupe média Keleops a annoncé l’acquisition de 01Net, cédé par le groupe Altice. L’éditeur de presse numérique poursuit ses rachats « après Presse-citron en 2018, iPhon en 2019 et Journal du Geek en 2021 », ce qui en fait le « numéro 1 de l’actualité high-tech en France avec plus de 17 millions de visiteurs uniques mensuels ».
Le 28 du même mois, c’est le groupe Reworld Media qui faisait l’acquisition du pôle Publishers de UNIFY, ancienne propriété de TF1. Parmi les médias concernés, on trouve Gamekult (consacré aux jeux vidéo), ZDNet, CNET France ou encore Les Numériques.
Ce à quoi on assiste ces temps-ci, c’est une sorte de concentration de la presse tech française, dont les médias intègrent des groupes aux côtés d’autres médias du même domaine. C’est ce qu’a notamment fait remarquer le journaliste de Frandroid Geoffroy Husson, en comparant l’état des lieux entre 2012 et 2022. Selon lui, il s’agit là d’un moyen pour devenir plus fort vis-à-vis des questions économiques (coûts de production, rémunération).
Ca a quand même beaucoup bougé la presse tech française en 10 ans… et encore, j'ai fait que le online. pic.twitter.com/H4skW0OYRw
Une analyse qui semble juste au regard de la situation de CanardPC (magazine en ligne et papier) qui tirait la sonnette d’alarme le 20 juin, en déclarant que « les temps sont durs pour la presse indé ». En cause, l’augmentation des coûts de fabrication du journal (le prix du papier) de 26% en deux mois. Le média avait pris la lourde décision de supprimer trois emplois. Bien qu’entre « 2019 et 2021, nos abonnements ont augmenté de 50 % et le chiffre d’affaires de notre activité numérique a été multiplié par trois », pour CanardPC, cela ne suffit pas. Il ajoute que « changer le modèle économique d’un magazine comme le nôtre est un processus lent et nous n’avions prévu ni la crise du papier, ni l’invasion russe, ni surtout la radicalité de leurs conséquences ».
Quelques jours plus tard, c’était au tour de Next INpact de publier un article alarmiste, introduit par « La presse indépendante vit une crise sans précédent. Malheureusement, Next INpact ne fait pas exception. Nous vivons peut-être les derniers instants de notre journal […]. Next INpact est en effet dans une situation financière très difficile. De son côté aussi, le nombre d’abonnés est loins de l’objectif que le média s’était fixé, d’autant plus que les abonnements payants sont sa principale source de revenus.
Plus tôt dans l’année, c’était le site HardWare.fr, dédié au matériel informatique, qui soufflait sa 21ème bougie, mais aussi son arrêt de mort. Pour ses journalistes, « rentabiliser du contenu sur Internet est des plus complexes : le modèle du tout gratuit qui a fait le succès du web est arrivé depuis quelques années à ses limites ». Aussi, « la question de l’avenir de la presse en ligne et de son financement est un problème qui dépasse largement notre petit milieu du Hardware », écrivait Guillaume Louel, journaliste.
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