Rédiger des posts sur les réseaux sociaux en différentes langues, démarcher des clients par e-mail, créer des sites, affiner ses cibles ou produire des « moodboards » de campagnes publicitaires… L'IA peut s'immiscer à tous les étages.
Par Stéphane Loignon
Il suffit de faire un tour sur des sites de génération de texte, comme Rytr.me ou Jasper.ai, pour comprendre que le marketing et la communication sont les cibles privilégiées de ces nouveaux outils.
La rédaction automatisée d'articles de blogs optimisant le référencement, de posts sur les réseaux sociaux, d'e-mails de démarchage, de fiches produits, de titres de vidéos accrocheurs, voire de publicités Facebook ou Google ou encore la recherche d'un nom de marque sont les principaux cas d'usage mis en avant par ces services.
En matière de marketing, l'IA permet même d'aller plus loin et d'imaginer des produits. Cet automne, les designers de Mattel ont ainsi cherché de l'inspiration sur Dall-e, le service d'Open AI, pour concevoir de nouvelles petites voitures, relève Xavier Perret, le directeur d'Azure, chez Microsoft, qui a annoncé en octobre l'intégration de la dernière version, Dall-e 2, dans l'application Microsoft Designer.
La combinaison des services d'IA de génération d'image, de texte et de code laisse aussi augurer la possibilité de créer un site web complet par l'IA, selon le spécialiste de la transformation digitale, Benoît Raphaël. « On peut demander au robot de créer l'image d'arrière-plan d'un site web, de transformer ça en code, puis de rédiger un texte d'introduction vendeur », imagine-t-il. A condition de faire les vérifications nécessaires à chaque étape.
L'IA, un outil déjà indispensable pour les métiers créatifs
Cependant, pour les grandes marques, la campagne de communication entièrement automatisée n'est pas à l'ordre du jour. « Il y a une curiosité de nos créatifs pour des services comme Dall-e ou ChatGPT, mais ces solutions ne sont pas encore complètement stables techniquement et ont de nombreuses limites », relativise Weilin Ho, le directeur de l'innovation et de l'expérience chez Havas Paris.
« La communication de marque, notamment sur les réseaux sociaux, est aujourd'hui très basée sur le second degré, l'humour, les références culturelles, ce dont l'IA n'est pas capable », ajoute-t-il. Et la communication institutionnelle plus sérieuse ne laisse pas de place à l'erreur. « Une information mal transmise peut être mal interprétée », alerte Weilin Ho.
Le groupe de communication regarde cependant ces technologies de près et soutient plusieurs start-up dans son accélérateur, à Station F. Par exemple Ollang, qui traduit automatiquement des vidéos dans plus de 50 langues, AlloReview, qui fait de l'analyse sémantique marketing de commentaires clients vocaux, ou Butterfl.ai, qui établit des profils clients en croisant des informations de livraison et des bases de données publiques.
« Je rencontre beaucoup d'entrepreneurs qui réfléchissent à la manière d'améliorer le workflow des créatifs », ajoute Weilin Ho. Ainsi, « automatiser une partie de la création en amont – les moodboards, des planches de tendance préalables à la conception d'une campagne -, ça nous intéresse et nous suivons ça de près, ça peut permettre de libérer du temps pour nos créatifs pour la recherche d'idées et de concepts », poursuit-il.
Les grandes agences comme Havas, qui veillent à la réputation de leurs clients, envisagent également à terme une utilisation plus défensive de l'IA, pour détecter les fausses nouvelles, faux avis clients, voire deep fakes et autres faux communiqués que celle-ci peut aussi produire.
Stéphane Loignon
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