Le Général d’aviation est mort mardi 25 février à l’âge de 91 ans à l’hôpital militaire de Galaa. Hosni Moubarak a remporté son dernier combat: mourir en Egypte. Les nombreux attentats et tentatives de meurtre comme ces tirs nourris contre son cortège en juin 1995 alors qu’il arrivait à Addis Abeba pour le sommet de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) n’auront pas eu raison de cette volonté suprême.
Cet ancien pilote de Mig-21 formé en URSS fut d’abord l’emblématique chef d’état-major d’une armée de l’air égyptienne qui lors de la guerre de Kippour, du 6 au 23 octobre 1973, brisa plusieurs lignes israéliennes avant de se faire contenir par devant et par derrière par un certain Ariel Sharon, général alors reconverti en politique, rappelé d’urgence. S’il ne prit pas Tel Avid, Moubarak fit tomber le mythe de l’invincibilité de l’armée israélienne et poussa la dame de fer, Golda Meir, premier ministre, à la démission pendant que le monde entier basculait dans le premier choc pétrolier.
Pendant ce temps, au Caire, une légende était née. Hosni Moubarak, fêté dans les mosquées et les cabarets, succédera en octobre 1981 à Anouar Sadate assassiné quelques jours plutôt pour avoir normalisé avec Israël, l’ennemi héréditaire aux yeux de la rue arabe.
Moins flamboyant que ses deux prédécesseurs, Anouar el-Sadate, l’homme de la normalisation avec Israël ou Gamal Abdel Nasser, le Raïs au destin tragique dont le coup d’éclat fut la nationalisation du canal de Suez, Moubarak était plutôt un pragmatique qui a travaillé durant toute sa présidence à contenir les frères musulmans et à préserver les accords de Camp David envers et contre l’opinion publique. Réélu successivement président de la république d’Egypte en 1987, 1993 et 1999, Moubarak a vu son règne de 30 ans interrompu par la bourrasque du printemps arabe.
C’est certain, de ce pharaon de la dernière dynastie, l’on ne retiendra pas que le césar sanglé de blanc et traîné sur civière devant une justice, somme toute, révolutionnaire. Son pays, l’Egypte, porte encore les stigmates d’un programme d’ouverture économique lancé en 1990 et qui a abouti à l’explosion de la pauvreté. 20 ans plus tard, 40% de ses concitoyens vivaient avec moins de 2 dollars par jour. La colère contagieuse du printemps arabe aboutira un soir du 11 février 2011, sur la place Tahrir, à faire plier le vieux Raïs.
«Le président Hosni Moubarak a décidé de renoncer à ses fonctions de président de la république», annonce la télévision nationale. Moins de 18 jours de manifestations auront suffi pour balayer un règne de près de 30 ans. Son procès démarre le 3 août 2011, avant les premières élections du pays en 2012. Un scrutin remporté par Mohamed Morsi , issu des frères musulmans. Ce dernier ne restera qu’un an au pouvoir, évincé par Abdel Fattah al-Sissi, lequel devient le nouvel homme fort d’Egypte, appartenant apparemment à la même école de Moubarak, l’expérience de la guerre en moins.
Le président Al-Sissi libèrera Moubarak en 2017. Le raïs a vécu ses derniers moments au bord de la mer à Charm El-Cheikh. Proche des Etats-Unis et de l’Arabie Saoudite, médiateur dans le conflit israélo-palestinien, Moubarak partira sans avoir vu s’instaurer cette paix tant rêvée et alors que Israël, encouragé par l’administration Donald Trump, veut faire de Jérusalem sa capitale. S’il l’avait su quelques années plutôt, l’homme de Yom Kippour et du plateau du Golan aurait-il renoncé au pacte du camp David? L’interrogation vaut bien un plateau de Sinaï.
Economiste de formation, passionné des questions de développement, suit l’actualité financière africaine au jour le jour. Milite pour une Afrique nouvelle sans frontières et sans préjugés. A lu Marx, Adam Smith et Cheikh Anta Diop et aime échanger sur ces sujets.








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