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Paré de chaleureuses couleurs qui semblent aller comme un gant au pays, symbole inratable dans la capitale, objet d’adoration, de rassemblement mais aussi de franches divisions, le drapeau national est en Espagne un sujet passionné. Si sa version actuelle date de la fin du XVIIIe, il a pourtant changé au fil des siècles. Dans un pays complexe aux identités affirmées, il doit également cohabiter parfois avec d’autres oriflammes. 
 
 
Les premiers étendards dans la Péninsule, comme dans nombre de pays européens, étaient romains et utilisés principalement pour la guerre comme signe de ralliement. Par la suite, les Wisigoths et les Musulmans d’al-Andalous se serviront aussi de ces symboles représentants alors surtout les armoiries des familles régnantes. 
 

 

Afin de trouver une première version d’un drapeau « espagnol », il faut attendre le début du XVIe siècle avec l’avènement d’une monarchie centralisatrice incarnée par les Rois Catholiques, Isabelle et Ferdinand et leurs successeurs. C’est ainsi de leur propre fille Jeanne, dite « la Folle », que viendra cette oriflamme primitive. Ou plutôt de son mari : Philippe le Beau. Ephémère roi de Castille, cet Habsbourg est également duc de Bourgogne.

C’est donc de la garde bourguignonne accompagnant Philippe le Beau que vient le drapeau à croix rouge sur fond blanc, appelé à une certaine postérité. Il s’agit précisément d’une croix de Saint André, saint patron de la Bourgogne. Le fils de Jeanne et Philippe, l’empereur Charles Quint, en fera son étendard personnel.

Malgré tout, si on peut considérer la croix de Bourgogne comme une première oriflamme unificatrice, il s’agit avant tout du drapeau de l’empereur et non de la seule Espagne. D’ailleurs, même la forme n’est pas fixe : le fils et héritier de Charles, Philippe II gardera la croix de Bourgogne mais changera le fond blanc en jaune. 
     
 
Au début du XVIIIe siècle, on assiste à un changement de dynastie. Les Bourbons venus de France remplacent les Habsbourg. Philippe V, petit-fils de Louis XIV, montre sur le trône et entend marquer cette nouvelle ère, entre autres, par de nouveaux symboles. La croix de Bourgogne est donc remplacée par le drapeau blanc des Bourbons. 

Toutefois, un problème va se poser au cours du siècle des Lumières où les Bourbons tiennent plusieurs royaumes dont la France : les drapeaux sont presque tous similaires et peuvent induire en erreur. La question est sensible sur le plan miliaire mais aussi en ce qui concerne le commerce maritime. 

C’est ainsi que Charles III d’Espagne, roi réformateur s’il en est, demande à changer l’oriflamme blanche du royaume pour les navires afin d’éviter les confusions. Divers modèles sont alors présentés au souverain qui arrête son choix : deux bandes rouges et une bande or au centre. 
 

Ce drapeau ne sera toutefois officiellement le symbole national qu’au milieu du XIXe siècle sur décision de la reine Isabelle II. Très proche du drapeau contemporain, y figurent la tour de Castille et le lion de León surmontés de la couronne symbole de la monarchie. 

Dans les décennies suivantes, seul le très bref épisode de la première République espagnole en 1873 apportera une modification minime : la couronne monarchique sera supprimée des armoiries sur le drapeau national. 

En revanche, la seconde République, au début des années 1930 apporte de visibles changements. Les armoiries sont centrées avec les ajouts des couleurs de l’Aragon, des chaînes de Navarre et de la grenade. Les colonnes d’Hercule sont parées du « Plus Ultra » tandis que la couronne est remplacée par un château. 
 

Enfin, et c’est certainement l’élément le plus reconnaissable du drapeau républicain, une bande voilette remplace une rouge dans la partie inférieure. Cette couleur est une référence à la révolte des comuneros de Castille : un soulèvement dans plusieurs villes contre Charles Quint au début du XVIe siècle.  
 
Après la chute de la seconde République et la prise du pouvoir par Francisco Franco, le drapeau change à nouveau. S’il reprend de nombreux éléments du drapeau républicain, il comprend le  grand aigle noir de Saint Jean, symbole personnel d’Isabelle la Catholique. La devise impériale « Plus Ultra » est moins visible mais présente tandis que Franco ajoute la sienne : Una, grande, libre. 
A la fin de l’époque franquiste et avec la mise en place de la Constitution espagnole, le drapeau national est fixé : une bande centrale jaune, deux fois plus large que les rouges de part et d’autre. Dans la bande jaune, se trouvent les armoiries.  
 
 
En partant du coin supérieur gauche, on trouve la tour dorée de Castille. A sa droite, le lion de León puis, en dessous du noble animal, les chaînes d’or de la Navarre se rejoignent en leur centre en une émeraude. Dans le coin inférieur gauche, quatre bandes verticales rouges sur fond jaune représentent l’Aragon, patrie de Ferdinand II, le roi Catholique. Enfin, coincée entre l’Aragon et la Navarre, la grenade représente l’ancien royaume éponyme.

Au cœur des représentations symboliques des parties constitutives de l’Espagne, les trois fleurs de lys des Bourbons, la dynastie régnante. Le tout est encadré par les colonnes d’Hercules parées de la devise impériale par excellence « Plus Ultra ». Elles représentent le détroit de Gibraltar : porte étroite mais ouverte entre le monde méditerranéen et les immensités de l’océan Atlantique, souvenirs de l’empire où le soleil ne se couche jamais. 
Le drapeau national espagnol est le symbole de l’unité d’un pays aux traditions et identités régionales voire locales fortes. C’est pourquoi, il cohabite avec d’autres étendards : les drapeaux régionaux. 
   

Ainsi nous avons par exemple le drapeau de Castille-la-Manche, terre de Don Quichotte, reconnaissable par le classique château castillan à trois tours dorées aux ouvertures azures. Bleu, l’étendard asturien avec sa croix d’or rappelle la geste de Pélage, héros de la Reconquista initiale : l’alpha et l’oméga de la croix représentant l’éternité dans la religion catholique. 
Plus simple, le drapeau des Canaries est tricolore : le blanc pour la paix, le bleu pour l’océan et le jaune du soleil. Les deux chiens au centre nous rappellent que les îles se nomment ainsi en raison des canidés et non de petits oiseaux jaunes. 
 
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