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Publié par Olivier Andrieu | 1 Avr 2019 | | Temps de lecture : 6 minutes
Depuis quelques mois, Google communique sur le fait que l’algorithme de pertinence de son moteur de recherche ignore désormais les liens “spammy” plutôt que de pénaliser les sites qui usent de ces techniques. Bonne ou mauvaise façon de voir les choses ? Peu importe, c’était en tout cas la voie prise par les équipes dirigeantes de Mountain View depuis l’année dernière et, au fur et à mesure, le message commençait à passer dans le landerneau du référencement. La gestion des backlinks (ou liens entrants) s’en trouvait donc chamboulée, de façon logique. Difficile, en effet, de savoir si un lien acheté, par exemple, était véritablement efficace…
Mais Google a décidé d’aller (beaucoup) plus loin avec, à partir d’aujourd’hui, une décision radicale : en effet, l’algorithme ne prend désormais plus en compte aucun lien entrant externe (c’est-à-dire venant d’un autre nom de domaine) et se base dorénavant uniquement sur des critères “in page”, c’est-à-dire l’analyse du code HTML (ou Javascript) des pages. Aux dernières nouvelles, le maillage interne d’un site (donc les liens au sein d’un même nom de domaine et sous-domaine) resteraient valides, mais aucun moyen de savoir jusqu’à quand.
Premier corrolaire évident : la notion de PR (PageRank) devient désormais obsolète. Non pas la “petite barre verte” qu’on affichait dans les navigateurs (voir ci-contre) et qui, elle, a été tuée depuis des lustres, mais bien la véritable notion de PageRank avec ses corollaires : le surfeur aléatoire et/ou raisonnable, le PageRank thématique, etc. De même, les indicateurs de type TF/CF de Majestic (ou leurs équivalents chez Moz, Ahrefs et autres) ne servent plus à rien, en termes de SEO en tout cas. D’autre part, les différentes plateformes de netlinking actuelles ont bien du souci à se faire. Etc. On ne se rend pas compte, parfois, des incidences que peuvent avoir les décisions d’un moteur de recherche leader sur le pan entier d’une économie, d’une communauté, même s’il ne s’agit que d’une niche de marché.
Notre métier de SEO va donc bien entendu s’en trouver changé, voire totalement bouleversé, et ce du jour au lendemain. Certains référenceurs ne cachent d’ailleurs pas leur mécontentement sur les forums, en s’apercevant qu’ils vont désormais être obligés de rédiger du contenu de qualité pour se positionner. Une révolution dans leurs habitudes qui provoque parfois un véritable tollé sur la Toile !
David C. Bigfish, responsable de l’équipe “Search Quality Team” chez Google en Californie, nous l’a révélé lors d’un entretien exclusif à l’occasion du dernier SEO Camp’us : “Devant l’essor incroyable des trop nombreuses plateformes de netlinking de plus ou moins bonne qualité, les spams à base de PBN ou autres joyeusetés de même type (savez-vous que nous trouvons encore des pages contenant du texte en blanc sur fond blanc ? Pour l’anecdote, au sein de Google, l’ingénieur qui détecte encore aujourd’hui ce type de spam paléolithique paie l’apéro le jour-même…), nos réflexions nous ont poussé à abandonner cette famille de critères autour des backlinks, qui étaient de toutes façons devenue insignifiants en termes de poids depuis des années. Nos algorithmes d’intelligence artificielle et de “machine learning” nous permettent de toutes façons d’obtenir d’excellents résultats sans avoir recours à des archaïsmes spammés comme les liens hypertextes, qui sont un vieux souvenir des débuts du Web, il y a 30 ans de cela. Il faut vivre avec son temps et les réseaux de neurones actuels sont bien plus performants, d’autant plus qu’avec les ordinateurs quantiques que nous mettons dorénavant en place, la notion même de lien devient totalement caduque en termes d’analyse du contenu. Vous allez voir, vous n’allez pas être au bout de vos surprises dans les prochains mois !
En effet, M. Bigfish ne s’arrête pas là dans ses réflexions et voit beaucoup plus loin, continuant sur un effet de manche : “D’ici quelques années, peut-être quelques mois si les choses vont à la vitesse actuelle, nos algorithmes – à l’instar de l’actuel GPT-2 d’OpenAI – seront tout à fait capables de créer une page de résultats “made in Google” basée sur le contenu du Web, additionné de nombreux partenariats avec des sources d’information fiables pour “nourrir” les logiciels d’intelligence artificielle avec de la “data” de qualité. Ainsi, il n’y aura plus, comme actuellement, de “liens bleus” (résultats naturels) à la pertinence très aléatoire, mais uniquement de l’information qui viendra soit de sources 100% fiables, soit de contenus que nous auront créés grâce à des algorithmes de génération avancée de texte (là encore, les ordinateurs quantiques nous permettent de faire des choses mille fois plus avancées que ce que permet aujourd’hui un GPT-2), aidés par des “inputs” validés et crédibles.“.
Le vieux rêve d’Amit Singhal (ci-contre), l’une des têtes pensantes de Google (parti depuis vers de nouveaux horizons), désirant avant tout créer l’ordinateur de Star Trek, réfléchissant et pouvant répondre à n’importe quelle question quasiment de lui-même, serait-il en train de voir le jour ?
On notera d’ailleurs qu’Elon Musk, le PDG visionnaire (à la tête notamment de Space X et Tesla, et à l’origine de l’organisation OpenAI) vient d’intégrer le board de Google en tant que chargé de mission et consultant transhumaniste. Nul doute que ses idées d’avant-garde vont mener le moteur de recherche (et, d’une façon générale, toutes les activités du groupe Alphabet) vers de nouvelles voies futuristes.
Pour ce qui est du métier de référenceur, on peut se poser la question de son avenir. D’aucuns auront le réflexe classique et habituel du “SEO est mort”. D’autres répondront qu’il va, une fois de plus évoluer. L’abandon des liens fait certes penser à un retour en arrière, à l’époque des Lycos, Webcraler ou autres Infoseek. Peu importe, oublions le linkbaiting, gardons notre ligne, ne mordons pas à l’hameçon googlien… Et les poissons seront bien gardés ! 😉

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