Réalisé par Park Chan-wook
Avec Tang Wei, Park Hae-il et Go Kyung-pyo
Édité par M6 Vidéo
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Prix de la mise en scène à Cannes en 2022, une romance ambiguë entre un policier et une suspecte, subtilement réalisée.

Decision to Leave
Un alpiniste meurt en tombant du piton qu’il venait d’escalader. Accident, suicide ou meurtre ? Chargé de l’enquête, le capitaine Jang Hae-joon, un policier méticuleux de Busan, commence à soupçonner Sore, la femme du défunt, une Chinoise immigrée, et à sentir naître une troublante attirance vers elle…
Decision to Leave (Heojil kyolshim), sorti dans nos salles le 29 juin 2022, est le douzième long métrage du cinéaste coréen Park Chan-wook. Révélé en 2000 par son troisième film, JSA – Joint Security Area (Gongdong gyeongbi guyeok JSA), il a enchaîné des réalisations saluées par des prix prestigieux, l’Ours d’or pour le court métrage Paranmanjang en 2011, le Prix du jury à Cannes pour Old Boy (Oldeuboi, 2003), le premier volet d’une « trilogie de la vengeance » avec Sympathy for Mister Vengeance (Boksuneun naui geo, 2002) et Lady Vengeance (Chinjeolhan geumjassi, 2005), puis Thirst (Bakjwi, 2009).
Decision to Leave
Decision to Leave met en images un scénario original coécrit avec Chung Seo-kyung qui a contribué à tous les cinq films de Park Chan-wook depuis Lady Vengeance (Chinjeolhan geumjassi, 2005). Cette histoire d’amour impossible sur fond d’enquête criminelle frappe par sa construction particulièrement originale en deux parties, avec une perception des mêmes faits que modifie l’évolution des relations entre les deux personnages. Rappelant celle de Mademoiselle (Ah-ga-ssi, 2016), nommé pour la Palme d’or et salué par le BAFTA Award du meilleur film étranger, cette construction sophistiquée, bousculant le temps et l’espace, sollicite l’intelligence du spectateur. Un deuxième visionnage permettra de découvrir les indices éclairant les réactions des deux personnages.
Decision to Leave révèle également l’inventivité de la mise en scène de Park Chan-wook, en particulier quand Jang Hae-joon apparaît sur les lieux-mêmes qu’il observe pourtant de loin avec des jumelles ou quand, dans la deuxième partie, on le voit sur la scène du crime au moment où il est commis.
Decision to Leave
Decision to Leave doit aussi au charisme des deux acteurs. Park Hae-il, réputé en Corée avec plus d’une trentaine de rôles depuis 2001, campe un policier intègre et scrupuleux, un emploi tout à fait différent de ceux qui nous l’avaient fait découvrir, celui de principal suspect de l’inoubliable Memories of Murder (Salinui chueok, Bong Joon-ho, 2005) et celui du roi Injo dans The Fortress (Namhansanseong, Hwang Dong-hyuk, 2017). Sore est interprétée par la Chinoise TangWei, révélée par Lust, Caution (Se, jie, Ang Lee, 2007). Bien que leur relation physique se limite à un baiser, les deux acteurs diffusent par leurs attitudes et leurs regards une délicate charge érotique.
Decision to Leave a d’autres atouts dans sa manche : la photographie de Kim Ji-yong, chef-opérateur de A Bittersweet Life (Dalkomhan insaeng, Jee-woon Kim, 2005) et The Fortress, l’étrange beauté des paysages de mer et de montagne, l’harmonie avec l’image de la partition originale de Jo Yeong-wook, compositeur attitré de Park Chan-wook et de quelques mesures de l’adagietto de la cinquième symphonie de Gustav Mahler.
Decision to Leave

Decision to Leave (139 minutes) et ses suppléments (46 minutes) tiennent sur un Blu-ray BD-50 logé dans le traditionnel boîtier bleu, glissé dans un étui.
Le menu animé et musical propose le film dans sa version originale, au format Dolby Atmos, compatible Dolby TrueHD 7.1, avec sous-titres optionnels, et dans un doublage en français, avec le choix entre deux formats audio, DTS-HD Master Audio 5.1 ou 2.0 stéréo.
Sous-titres pour malentendants.
Une édition DVD est disponible avec le même contenu.

Entre terre et mer… le cinéma de Park Chan-wook (37’), par Philippe Rouyer (Positif). Park Chan-wook, un des porte-drapeaux de la nouvelle vague du cinéma coréen apparue à la fin des années 90 avec Bong Joon-ho, Im Sang-soo et Kim Jee-woon, a été révélé par JSA – Joint Security Area, la Trilogie de la vengeance et Mademoiselle. L’idée de Decision to Leave lui vint d’une chanson populaire, La Brume, et de l’inspecteur Martin Beck, le personnage obsédé par son travail d’une série de romans policiers suédois. Le développement des personnages féminins est probablement dû à Chung Seo-kyung, devenue sa scénariste attitrée. On observe une « abolition du temps et de l’espace » avec « les projections fantasmatiques » du policier sur les lieux auxquels il pense ou qu’il observe de loin. La mise en scène est inventive, avec des raccords inspirés et des plans fixes jouant sur une mise au point sur un personnage, puis sur un autre, au lieu de l’habituelle alternance de champs/contrechamps. Park Chan-wook anticipe ses tournages avec un storyboard très détaillé, plan par plan, avec le concours d’un graphiste. Philippe Rouyer souligne « la fin sublime et bouleversante » symbolisant toute l’histoire et l’érotisme délicat diffusé par le film.
Une fine et utile analyse du film !
Making of Decision to Leave (9’). Appuyé par le chef-opérateur et les acteurs, le réalisateur révèle ses sources d’inspiration et les intentions du scénario dans un document en forme de teaser, bien construit.
Decision to Leave

L’image numérique (2.39:1, 1080p, AVC), très finement résolue, d’une délicate texture, déploie des couleurs naturelles, soigneusement étalonnées. Lumineuse, agréablement contrastée avec des noirs denses, elle assure une excellente lisibilité des scènes de nuit et permet d’apprécier la qualité des jeux avec la lumière.
Decision to Leave

Le son Dolby Atmos, testé sous le format Dolby TrueHD 7.1, garantit la clarté des dialogues, en parfait équilibre avec l’accompagnement musical et l’ambiance dans laquelle on est immergé par une bonne répartition du signal sur les sept canaux.
Le doublage en français, avec le choix entre deux formats, DTS-HD Master Audio 5.1 ou stéréo, donne une image sonore un peu plus centrée sur le plan frontal et place les dialogues trop en avant, au détriment de l’ambiance. Il n’a pas été pris en compte pour l’attribution de la note.
Crédits images : © Sajin Jeon
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