Crise ukrainienne, difficultés d’approvisionnement en matières premières, envolée de l’inflation, remontée des taux d’intérêt, ralentissement de la croissance… Tout devrait concourir à miner le moral des chefs d’entreprise et par voie de conséquence à voir le marché de l’emploi se contracter sérieusement. Ce n’est pas le cas heureusement pour le moment. Publiées au printemps dernier, les dernières prévisions de l’Apec sur les recrutements des cadres en 2022 tablaient encore sur une hausse de 5% par rapport à 2021. Même si ces prochains mois demeurent très incertains, les besoins en profils qualifiés ont toutes les chances de demeurer soutenus.
Il est vrai que les entreprises doivent se préparer à une double transition: numérique d’abord, avec notamment une influence grandissante des data dans le pilotage des activités. Ecologique ensuite, avec l’obligation de revoir toutes les organisations internes pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et parvenir à l’objectif de la neutralité carbone affiché par la France d’ici 2050. Ces bouleversements entraînent de nouvelles opportunités de carrière.
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En interrogeant les principaux cabinets de recrutement mais aussi les écoles, nous avons recensé les spécialités les plus recherchées aujourd’hui et demain par les employeurs, avec les filières de formation pour les étudiants qui seraient intéressés et les fourchettes communes de rémunération. A noter que les embauches ne seront pas massives dans tous les métiers présentés ici. Mais ils sont plein d’avenir et les bons profils sur le marché sont rares. Certaines fonctions sont également propres aux jeunes entreprises innovantes auxquelles nous consacrons ce dossier. D’autres concernent toutes les entreprises, même celles de la bonne «vieille économie». Bref, il y en a pour tous les goûts.
Les entreprises en ont besoin pour recruter les cadres qui leur manquent
La bonne santé du marché de l’emploi a une incidence directe sur les chargés de recrutement. Toutes les entreprises en recherchent activement. Et les incertitudes sur la conjoncture ne pèsent pas encore sur la fonction. Dans les start-up, on parle de talent acquisition specialist, capable de sourcer les meilleurs profils tech sur les réseaux sociaux. A noter aussi une progression récente sur les métiers liés à la qualité de vie au travail (QVT): une fois séduits, les nouveaux embauchés doivent en effet être fidélisés.
Formation: bac+5. Masters en ressources humaines ou écoles de commerce.
Salaire: de 30.000 à 45.000 euros par an selon la taille de l’entreprise.
Ce poste d’administration du personnel est très demandé parmi les expertises RH
Pas forcément très glamour, la fonction de gestionnaire de paie est toutefois l’une des plus recherchées actuellement parmi les cadres RH selon une étude de l’Apec. Ces métiers de la paie et de l’administration du personnel pèsent à eux seuls 20% des offres. «Ils intéressent aussi bien les entreprises que les cabinets d’expertise comptable ou les éditeurs de logiciels RH spécialisés sur la paie pour leurs clients», précise Aline Scouarnec, responsable du master RH de l’IAE de Caen.
Formation: de bac+3 (licence pro ressources humaines, gestion des entreprises) à bac+5 (master RH).
Salaire: de 28.000 à 40.000 euros selon la taille de la société.
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Les demandes sont constantes en cabinet d’audit et de transaction services
Les cabinets d’audit sont toujours très demandeurs de jeunes diplômés pour assurer les contrôles financiers légaux chez leurs clients. Cette expertise qui porte de plus en plus sur le conseil est aussi appréciée au sein des cabinets de transaction chargés d’évaluer et de valoriser les sociétés en cours de rachat. A noter par ailleurs, dans les cabinets d’expertise comptable, une pénurie récurrente de comptables aux profils moins capés, malgré l’automatisation grandissante des tâches de base.
Formation: bac+5. Ecoles de commerce ou masters universitaires CCA et finance.
Salaire: de 32.000 à 55.000 euros selon la taille des cabinets au départ.
Ce nouveau métier est à la croisée de la finance et de la communication
Les données extrafinancières d’une entreprise en matière de RSE (responsabilité sociale et environnementale) sont de plus en plus scrutées par les marchés, la presse ou les ONG. Cet expert devra définir les indicateurs pertinents, assurer leur suivi et les diffuser. «Une fonction de niche mais porteuse pour des profils capés venant de la finance ou de la com souhaitant évoluer», estime Aude Boudaud, directrice associée du cabinet Robert Walters.
Formation: bac+5. Ecoles de commerce avec une dizaine d’années d’expérience.
Salaire: de 70.000 à 90.000 euros.
Un job hybride qui n’est plus l’apanage des start-up
Apparu dans les start-up, ce poste à mi-chemin entre le marketing et la tech se diffuse désormais dans des sociétés nettement plus traditionnelles. «Il doit bâtir une stratégie efficace, pour attirer la clientèle sur leurs sites, en recourant à tous les leviers du Web», détaille Quentin de Beaufort, directeur chez le cabinet de recrutement Robert Half. Référencement gratuit (SEO), payant (SEA), promotion sur les réseaux sociaux (SMO), campagnes de pub digitales, partenariats…
Formation: bac+5. Ecole de commerce, avec spécialisation en marketing digital.
Salaire: 38.000 euros pour un junior, 45.000 à 60.000 euros avec plus d’expérience.
Des commerciaux très prisés notamment dans l’univers de la tech
Identifier les nouveaux marchés, trouver des opportunités commerciales B to B, prospecter de nouveaux clients intéressés mais pas encore convertis. Voilà les missions du «bizdev». S’il est toujours recherché par les start-up, ce profil de chasseur intéresse aussi d’autres entreprises. «Nos clients ont besoin de ces profils avec une forte aisance technique», confirme Nolwenn Pigault, directrice marketing de la plateforme de recrutement Golden Bees. Rien que sur LinkedIn, on trouve plus de 4000 offres de postes en France.
Formation: bac+5. Ecoles de commerce ou IAE.
Salaire: de 35.000 à 42.000 euros en début de carrière avec une variable.
Sa mission importante est de soigner le client
Les fonctions commerciales dans le B to B sont de plus en plus découpées de l’amont à l’aval: le growth manager fait venir le chaland, le business developer le fait signer. Et le customer success manager le fait rester en s’assurant de sa satisfaction par rapport aux produits ou services vendus. «C’est un poste très recherché», souligne Manuelle Malot, directrice carrières et prospective de l’Edhec. En lien avec les commerciaux, il pourra aussi faciliter la vente de nouvelles prestations.
Formation: bac+5. Ecoles de commerce
Salaire: de 32.000 à 40.000 euros en début de carrière.
Les missions ne sont pas près de manquer pour ces experts du code
Plus de 10.000 offres uniquement à l’Apec! Au cœur de la numérisation de l’économie, les spécialistes de la programmation restent privilégiés même si beaucoup sont en free-lance. Parmi eux, les «full-stack» sont actuellement les plus courtisés selon une étude du site CodinGame. Leur polyvalence technique leur permet d’intervenir sur l’interface d’un site ou d’une appli mais aussi sur leur architecture ou sur les bases de données et les serveurs. Ils sont également impliqués dans les tendances phares actuelles comme les projets d’intelligence artificielle et la technologie blockchain.
Formation: de bac+2/3 en informatique à bac+5 (écoles d’ingénieurs, informatique et masters universitaires en informatique).
Salaire: de 35.000 à 55.000 euros, voire plus selon le degré d’expertise.
Toute gestion de projet informatique en a besoin
Cet intitulé un peu abscons fait le lien entre les développeurs («dev») et les ingénieurs systèmes («ops» pour operations). Il a une double compétence rare sur le marché lui permettant de mettre en place tous les process d’automatisation de la chaîne de production des logiciels ainsi que leur déploiement pour gagner en fluidité. «La demande est actuellement bien plus élevée que l’offre disponible sur le marché de l’emploi», note Aude Barral, directrice du site CodinGame.
Formation: pas de cursus spécifique. Bac +5. Ecoles d’ingénieurs et masters universitaires en informatique.
Salaire: de 40.000 à 60.000 euros.
La protection des systèmes d’information exige toujours plus de spécialistes
Rien qu’en 2021, le nombre d’offres d’emplois en cybersécurité a grimpé de 92% à l’Apec. Les menaces se multiplient pour les entreprises du fait de leurs réseaux largement ouverts et d’un usage toujours plus élevé de données notamment via leurs produits et services connectés (IoT). De bon augure pour ces pros capables de protéger leurs systèmes d’information (veille, tests, analyse des failles, mise en place de solutions…). Ils peuvent travailler aussi bien en entreprises que dans les SSII.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs ou masters universitaires, avec une spécialisation en cybersécurité. Des formations à niveau bac+3 commencent à apparaître.
Salaire: de 37.000 à 70.000 euros.
La cote des pros de la donnée ne faiblit pas
Finance, marketing, supply chain: aucune fonction de l’entreprise n’échappe à une exploitation intensive de la donnée pour optimiser l’activité. Sans compter la multiplication de projets pointus d’intelligence artificielle (machine learning). D’où des besoins importants en experts, aux profils différents. En amont, les data engineers mettent en place l’infrastructure de la collecte des données, pendant qu’en aval les data scientists, aux compétences plus statistiques, analyseront et traiteront ces informations.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs et masters d’informatique avec des spécialisations en data science ou en statistiques.
Salaire: de 35.000 à 65.000 euros.
Les entreprises de services numériques peinent à en trouver
La dernière enquête de Numeum, le syndicat professionnel représentant les entreprises du numérique, le confirme: pour les SSII, les pros du cloud font partie des plus compliqués à trouver, alors que la dématérialisation des serveurs informatiques sur le Web ne fait plus débat dans les entreprises. Dans les sociétés de conseil, ces experts ont pour mission d’aider les clients à opérer la transition de leurs infrastructures dans le cloud dans de bonnes conditions et à leur assurer une disponibilité et fiabilité optimales.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs ou d’informatique.
Salaire: de 40.000 à 65.000 euros selon les profils.
Le développement des objets ne peut se faire sans eux
La tendance n’est pas nouvelle mais elle est durable, comme le signale une récente analyse du cabinet Kyu. Santé, transport, industrie, énergie… les systèmes embarqués sont au cœur des objets connectés qui via leurs capteurs transmettent de multiples données pour optimiser les usages. Ils sont constitués d’une partie électronique (hardware) et d’une partie informatique (software). C’est sur cette dernière que, là aussi, les développeurs spécialisés sont très appréciés des industriels et des sociétés d’ingénierie.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs.
Salaire: de 35.000 à 50.000 euros selon les profils.
La protection et la gestion respectueuse des données sont de son ressort
Depuis l’instauration du règlement général sur la protection des données personnelles (RGPD) en 2018, toutes les sociétés qui ont à traiter des données personnelles à grande échelle doivent nommer un référent en la matière. En interne, cette fonction peut parfois être prise en charge par le responsable de la sécurité informatique. Mais il y a aussi de la demande dans les cabinets de conseil pour apporter une expertise à la fois technique et juridique à leurs entreprises clientes.
Formation: bac+5. Ecoles d’informatique, masters en droit du numérique. Diplôme universitaire DPO, en un an pour des cadres juridiques ou informatiques en poste.
Salaire: de 40.000 à 80.000 euros selon les profils.
Il est à la croisée de l’IT et de la RSE
Un poste émergent dans l’informatique? Parions sur ce manager chargé de réduire l’empreinte carbone des parcs informatiques des entreprises. «Il le fera en mettant en place des processus écoresponsables (consommation énergétique, recyclage…) mais aussi en négociant avec les prestataires», souligne Olivier Pacaud, du cabinet de recrutement Hays. On pourra le trouver aussi bien dans les grands groupes qu’au sein des SSII pour une activité de conseil.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs ou masters d’informatique. Et un mastère RSE, éco-efficacité ou développement durable.
Salaire: de 40.000 à 65.000 euros selon les profils.
Les PMI et les ETI en redemandent
Un métier classique mais couru. Selon l’association professionnelle France Supply Chain, les PME industrielles sont soucieuses de renforcer l’encadrement de leurs flux logistiques dans un contexte de plus en plus complexe, lié à la crise sanitaire et aux tensions géopolitiques actuelles. D’où l’intérêt pour ces profils, capables de bien planifier la chaîne d’approvisionnement et d’assurer la bonne exécution des commandes (stockage, préparation des commandes, transport et livraison).
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs ou de commerce, avec une spécialisation logistique-supply chain et une expérience dans l’univers industriel.
Salaire: de 45.000 à 90.000 euros selon les profils.
De nouvelles responsabilités qui ont de l’avenir.
Un peu de prospective. Les contraintes environnementales de plus en plus strictes obligent les entreprises à repenser leur supply chain (usines, entrepôts et transports) pour améliorer leur bilan carbone et réduire leurs déchets. Un défi de taille qui impacte déjà tous les métiers actuels du secteur mais qui pourrait donner naissance, selon le cabinet Michael Page, à une fonction à part entière, déjà existante dans certains grands groupes.
Formation: bac+5. Master en projets logistiques ou gestion de production logistique.
Salaire: de 40.000 à 65.000 euros selon les profils (estimation).
Des besoins en hausse régulière dans la construction
Les métiers du bâtiment sont eux aussi impactés par la digitalisation. De plus en plus de grands chantiers de construction ou de rénovation s’organisent ainsi autour de maquettes numérisées en 3D accessibles aux différents corps de métiers et qui évoluent au fur et à mesure de l’avancée des travaux. D’où le nom de BIM, pour «bâti immobilier modélisé». Des dessinateurs-projeteurs les réalisent. Et des managers spécialisés sont nécessaires pour gérer les projets et coordonner tout le monde.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs en BTP et génie civil. Ecoles d’architecture. Masters spécialisés BIM.
Salaire: de 45.000 à 55.000 euros selon les profils.
Le retour en grâce de l’atome lui est bénéfique
Six nouveaux réacteurs nucléaires d’ici 2050 et huit autres en option. Pour parvenir à l’objectif zéro carbone pour notre économie, les pouvoirs publics misent sur une relance du nucléaire, alors que la filière était en déclin depuis plusieurs années. Une bonne nouvelle pour tous les ouvriers, techniciens et ingénieurs concernés. Parmi ces derniers, on citera ceux en génie civil (construction) et les experts de la sûreté qui interviennent aussi bien au niveau des études que de l’exploitation et du contrôle.
Formation: bac+ 5. Ecoles d’ingénieurs spécialisées en génie nucléaire. Masters nucléaires.
Salaire: 40.000 euros en début de carrière.
Les normes environnementales jouent en leur faveur
Les ingénieurs thermiciens et autres professionnels de l’ingénierie des bâtiments ont du pain sur la planche pour ces prochaines années, les normes environnementales étant de plus en plus strictes. De la conception à la rénovation des bâtiments, ils interviennent à toutes les étapes pour auditer et apporter des solutions techniques visant à optimiser les énergies et permettre à leurs clients de bénéficier des subventions publiques prévues.
Formation: bac+5. Ecoles d’ingénieurs (BTP, génie civil). Masters universitaires construction durable, efficacité énergétique.
Salaire: de 35.000 à 50.000 euros selon les profils.
Dans les usines, leurs compétences sont indispensables.
La réindustrialisation de la France restera un vœu pieux si les compétences manquent dans les usines. Au niveau des techniciens, les employeurs cherchent des conducteurs de ligne et des pros de la maintenance. «Même chose chez les cadres», juge Simon Bancel, du cabinet Talents Industrie. Les responsables en maintenance industrielle sont considérés par l’Apec comme un des métiers porteurs de cette année avec des compétences recherchées dans la mise en place de systèmes préventifs.
Formation: bac +5. Ecoles d’ingénieurs, masters en génie industriel et gestion de la production.
Salaire: de 35.000 à 51. 000 euros.
Il illustre l’importance stratégique de la RSE dans les entreprises
Cela peut paraître anecdotique. Mais l’apparition de ce titre un peu ronflant dans les organigrammes des entreprises (notamment dans le secteur de la tech) indique le poids grandissant que prend la RSE. En intégrant les comités exécutifs, les responsables RSE prennent du galon, selon le cabinet Birdeo, en veillant à ce que la stratégie et l’organisation de leur société soient bien orientées pour aller vers un modèle social et environnemental plus vertueux.
Formation: bac +5. Ecoles de commerce ou master universitaire, avec une spécialisation en RSE.
Salaire: +80.000 euros dans une grande structure.
Des postes intéressants pour des cadres expérimentés
Apparu au début des années 1990 en France, le management de transition, qui consiste pour les entreprises à faire appel à des managers extérieurs pour des missions précises et temporaires, a la cote. En un an, l’activité a grimpé de 50%, principalement dans la finance, l’informatique et les RH. 45% des missions consistent à remplacer au pied levé un dirigeant, avec une dominante dans l’industrie. Les intervenants? Des cadres en transition professionnelle ou qui ont fait librement ce choix de carrière.
Formation: bac+5. Ecoles de commerce ou d’ingénieurs avec au moins dix à quinze ans d’expérience dans le secteur.
Facturation moyenne: 1.213 euros/jour HT (France Transition).
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