Entre science-fiction et histoire d’amitié féminine, le drama Glitch (Netflix) inspire une certaine sympathie, mais peine à faire décoller l’encéphalogramme.
Les extraterrestres sont-ils parmi nous ? C’est ce dont est persuadée l’héroïne de Glitch, un drama coréen produit par Netflix et disponible sur la plateforme depuis le 7 octobre 2022. Le couple de Ji Hyo (Jeon Yeo Bin) est en pleine crise lorsque son petit ami se volatilise sans laisser de traces. Une succession de phénomènes étranges amènent Ji Hyo à se convaincre qu’il a été enlevé par des aliens. Aidée de son amie d’enfance Bora (Nana) et d’un groupe de passionnés d’ovnis, la jeune femme mène l’enquête et découvre l’existence d’une mystérieuse secte vouant un culte aux apparitions d’extraterrestres.
Glitch fait partie du line-up 2022 particulièrement dense de Netflix, puisque plus de douze séries originales seront sorties cette année sur la plateforme. Réalisé par Roh Deok (SF8: Manxin), le drama est aussi écrit par Jin Han Sae, scénariste talentueux auquel nous devons notamment l’excellent Extracurricular. On attendait donc beaucoup de cette histoire au postulat fantaisiste dont le point départ semble orienter l’histoire vers un thème rare dans les dramas, celui des aliens. Mais la vérité est ailleurs. Ce sujet est surtout prétexte à en explorer un autre, celui des sectes exploitant le phénomène des apparitions d’ovnis.
Glitch tire ainsi son intérêt de l’angle original utilisé pour aborder un problème de société bien réel, celui de l’emprise des cultes. La Corée du Sud n’a pas le monopole en la matière, mais les sectes y ont pignon sur rue. Le sujet trouve une pertinence particulière quand on sait que l’une d’entre elles (l’église Shincheonji de Jésus) a été pointée du doigt par le gouvernement pour sa responsabilité dans la propagation du COVID-19. Il n’est pas étonnant de voir fleurir des dramas sur le sujet depuis deux ans, de Hellbound à Glitch, en passant par l’inquiétant Hometown.
Dans Glitch, le thème des sectes est abordé avec un réalisme appréciable. Le scénariste Jin Han Sae semble bien connaître les phénomènes d’emprise individuelle et collective inhérents à ces organisations déguisées en associations d’intérêt général, qu’il s’agisse de l’emploi de drogues ou des séances d’hystérie de groupe. Le gourou et ses agents nous sont d’ailleurs introduits comme d’inoffensifs citoyens (une agent immobilier, un médecin…), avant de révéler leur part sombre au fil des découvertes de Ji Hyo et Bora.
Et le contact avec les extra-terrestres, dans tout cela ? L’intrigue joue la carte de l’ambiguïté en laissant constamment planer le doute sur leur existence, chaque événement surnaturel pouvant donner lieu à une interprétation psychologique.
Si certaines scènes de Glitch ne sont pas dénuées de qualités artistiques et d’un certain pouvoir de fascination (la disparition de Si Guk, l’apparition de milliers de papillons devant Ji Hyo), l’ensemble laisse néanmoins un arrière-goût d’inachevé. Comme si, lors d’un repas au restaurant, nous dégustions une bonne entrée qui aurait tardé à venir et qu’on nous annonçait qu’il n’y avait pas de plat de résistance.
Le principal défaut du drama est son rythme inégal et son incapacité à capturer durablement les émotions du spectateur. Glitch se laisse regarder sans déplaisir et fait parfois monter le suspense, mais ne suscite jamais cette impression de dépendance que l’on attend d’une série, et qui nous pousse à nous précipiter vers l’épisode suivant.
Il faut dire que l’histoire aurait gagné à être franchement condensée – au lieu de 10, nous aurions bien vu 4-5 épisodes maximum – et la réalisation à se faire plus inventive. Ainsi, le drama nous invite à côtoyer des passionnés d’ovnis, mais il ne s’agrémente à aucun moment du petit grain de fantaisie que l’on attend de ce type d’univers. Le mix entre polar et science-fiction ne fonctionne d’ailleurs qu’à moitié, la dimension policière demeurant trop superficielle, tandis que le versant SF n’est pas suffisamment assumé pour faire travailler l’imaginaire.
Le drama Glitch se révèle plus attrayant dans sa dimension buddy movie au féminin à travers le duo formé par Ji Hyo et Bora. Les actrices Jeon Yeo Bin (Vincenzo) et Nana (Kill It) entretiennent une alchimie évidente et se complètent parfaitement, la première en timide plus téméraire qu’il n’y parait, la seconde en insolente grunge au grand cœur. Nana contribue d’ailleurs énormément à apporter un ton au drama, qui trouve ses meilleurs moments lorsque l’humour se mêle au suspense. On retiendra aussi Ryu Kyung Soo (Hellbound) en flic persévérant sous des dehors nonchalants, et la toujours convaincante Jung Da Bin (Extracurricular) en adolescente endoctrinée par la secte.
En résumé, n’attendez pas un X-Files à la coréenne. Glitch a des atouts de son côté et suscite une certaine sympathie grâce à ses personnages attachants, mais aurait gagné à bénéficier d’un développement plus percutant et d’une réalisation plus impactante. Dommage.
Elodie Leroy
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