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Alors que la solution diplomatique semblait se profiler depuis plusieurs semaines, Vladimir Poutine a balayé les discussions en reconnaissant l’indépendance des séparatistes pro-russes en Ukraine.
 
Le 8 décembre 1991, le Traité de Minsk signé par la Biélorussie, la Russie et l’Ukraine acte la fin de l’URSS et son morcellement en plusieurs territoires : la Communauté des États Indépendants (CEI). Ce traité s’inscrit dans la continuité d’une volonté manifeste de certains territoires de s’émanciper du géant soviétique. L’Ukraine, par exemple, voit le OUI à l’indépendance l’emporter à 92,3 % lors d’un référendum d’autodétermination organisé le 1er décembre 1991.
 
Ce processus d’indépendance se renforce dès 1994 avec les mémorandums de Budapest. Par le biais de cet accord, les États-Unis, la Russie et le Royaume-Uni s’engagent à accepter l’indépendance et la souveraineté territoriale de l’Ukraine en échange de son adhésion au Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires. Le nouvel État ne doit pas seulement abandonner son arsenal nucléaire mais le transférer à la Russie.
 
Après plus de 20 ans d’indépendance, l’histoire de l’Ukraine prend un tournant décisif en 2014. Victor Ianoukovitch alors président ukrainien pro-russe, embrase le pays fin 2013 par son refus de signer l’accord d’association avec l’Union européenne au profit d’un accord avec la Russie. Des manifestations éclatent dans tout le pays, regroupant entre 250 000 et 500 000 manifestants à Kiev. Ces protestations, rassemblées sur le nom d’Euromaïdan, se poursuivent en 2014 et provoquent la fuite du président vers la Russie. En guise de représailles, Vladimir Poutine décide d’annexer le territoire ukrainien de la Crimée en mars 2014.
 
Ce mouvement de protestation divise l’Ukraine durablement qui est en proie à un conflit interne avec les séparatistes pro-russes dans la région du Donbass. La guerre du Donbass, toujours en cours a déjà fait plus de 15 000 morts malgré le Protocole de Minsk et les accords de Minsk II, signés respectivement en septembre 2014 et février 2015, visant à rétablir la paix dans cette région. Pourtant, ce conflit a, une fois de plus, pris un nouveau tournant en 2022.
 
 
Début 2022, la Russie amasse 100 000 soldats aux frontières de l’Ukraine et souhaite que les Occidentaux donnent des garanties sur la non-intégration de l’Ukraine dans l’OTAN. Elle refuse ainsi à l’Ukraine sa souveraineté nationale alors que 60 % des Ukrainiens souhaitent rejoindre l’OTAN après l’annexion de la Crimée en 2014.
 
Vladimir Poutine, qui n’a jamais caché sa volonté de rendre à la Russie sa grandeur d’autrefois, ne supporte pas qu’un satellite de l’ex-URSS prenne son indépendance vis-à-vis du géant russe. Lundi 21 février 2022, Vladimir Poutine reconnait l’indépendance des séparatistes pro-russes d’Ukraine et plus précisément la souveraineté des séparatistes dans l’ensemble des régions de Lougansk et Donetsk, pourtant encore en partie contrôlées par l’Ukraine.
 
Une véritable déclaration de guerre pour l’Ukraine qui a annoncé l’état d’urgence et fait appel à ses réservistes dans la perspective d’un conflit armé. Il s’agit également d’un échec diplomatique pour l’Allemagne et la France, duo européen aux commandes des négociations.
 
Dans un scénario qui n’est pas sans rappeler les heures les plus sombres de l’histoire, la Russie a donc décidé d’envoyer son armée sur les territoires du Donbass pour « aider » les séparatistes à « maintenir la paix ». Un acte qui n’est pas sans rappeler (toute proportion gardée) la décision d’Hitler d’annexer la région des Sudètes au motif que ses habitants étaient germanophones.
 
Face à cette crise majeure, l’Allemagne a dû trouver sa place entre ses intérêts personnels et l’unité européenne. Considéré comme un « partenaire peu fiable » dans des propos rapportés par son ambassadrice à Washington, le pays a, en effet mis du temps à trouver sa place dans le ballet diplomatique.
 
L’Allemagne, qui doit fermer ses dernières centrales nucléaires en 2022, veut poursuivre sa transition énergétique grâce au gaz naturel. Le nouveau gazoduc Nord-Stream 2 qui relie le pays à la Russie a donc été construit en ce sens mais n’a pas encore été mis en marche. L’Allemagne a, un temps, été accusée de complaisance vis-à-vis de Moscou aux débuts de la crise ukrainienne pour sa discrétion sur l’utilisation du projet Nord-Stream 2 comme sanction potentielle. Olaf Scholz a cependant annoncé le 22 février la suspension de l’autorisation du gazoduc après que Vladimir Poutine a franchi la ligne rouge en reconnaissant l’indépendance des séparatistes. Un acte fort, souligné par la Maison Blanche, puisque ce projet représente l’avenir énergétique de l’Allemagne.
 
 
Par ailleurs, si l’Allemagne se refuse à envoyer des armes à l’Ukraine, ce sont tout d’abord 5 000 casques qui ont été envoyés, ainsi qu’un hôpital de campagne. Le pays se dit par ailleurs « prêt » à déployer des soldats en Lituanie a déclaré la ministre fédérale de la Défense Christine Lambrecht mardi 22 février à l’occasion d’une visite dans le pays.
 
Plus largement, l’Allemagne s’est impliquée progressivement dans la crise jusqu’à former un duo européen aux côtés de la France. Olaf Scholz s’est ainsi rendu en Ukraine et en Russie pour tenter de négocier une sortie de crise puis s’est assis autour de la table lors du sommet format Normandie réunissant l’Allemagne, la Russie, l’Ukraine et la France. Tous ces efforts ont toutefois été piétinés par Moscou qui, après avoir fait grimper la tension, a balayé d’un revers de main les tentatives de sortie de crise par la voie diplomatique.
 
Depuis le début de la crise et notamment depuis la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l’indépendance des séparatistes, plusieurs voix se sont fait entendre au travers de l’Allemagne.
 
Pour le nouveau gouvernement d’Olaf Scholz, ce nœud diplomatique a des allures de baptême du feu après les « années Merkel ». La ministre des Affaires étrangères Annalena Baerbock s’est particulièrement illustrée comme personnalité politique incontournable en Allemagne. La ministre écologiste n’a pas hésité à fustiger la décision de Vladimir Poutine d’amasser des troupes à la frontière dans un communiqué :
 
« Avec un déploiement sans précédent de troupes à la frontière avec l’Ukraine et des exigences datant de la Guerre froide, la Russie remet en cause les principes fondamentaux de l’ordre de paix européen ». Annalena Baerbock
Un de ses prédécesseurs, Sigmar Gabriel, ministre des Affaires étrangères de janvier 2017 à mars 2018, s’est aussi exprimé sur les sanctions promises par les Occidentaux en direct sur RTL News : « Nous devons maintenant montrer ce que vaut pour nous la paix en Europe et je trouve que l’on ne doit pas reculer » avant d’ajouter qu’elles ne doivent pour l’instant pas impressionner le chef de l’État russe « parce que des sanctions de ce type sont probablement calculées depuis longtemps chez lui ». « Mais le pays (la Russie) n’est pas du tout en bonne santé et c’est pourquoi les Européens et les États-Unis feront certainement plus que simplement arrêter Nord-Stream. »
 
Robert Habeck, ministre fédéral de l’Économie et du Climat, auparavant à la tête des Verts s’est quant à lui fendu d’un commentaire plutôt explicite sur le gazoduc Nord-Stream 2 : « Ne pas construire du tout, cela aurait été plus intelligent » a-t-il ainsi déploré lors de « thèmes du jour » proposé par le Tagesschau.
 

 
La présidente du groupe parlementaire des Verts, Katharina Dröge s’est elle aussi exprimée, en faveur des sanctions et en fustigeant sur Twitter l’attitude de Vladimir Poutine : « Ce que fait Poutine est une violation flagrante du droit international et des accords de Minsk et menace réellement des vies humaines dans le Donbass. »
 
Was #Putin macht ist eine eklatante Verletzung des Völkerrechts und der Minsker Vereinbarungen und bedroht real Menschenleben im Donbass. Es ist richtig, dass die EU angekündigt hat, hierauf mit Sanktionen zu reagieren. #StandWithUkraine https://t.co/xz5gfbs4AL
 
La grande majorité du paysage politique allemand s’est exprimée en faveur des sanctions et a affirmé son soutien à l’Ukraine. Seul le parti d’extrême droite l’AfD rejette les sanctions annoncées par les Occidentaux dans un communiqué rapporté par le Tagesschau. Le parti dit ainsi regretter « l’évolution actuelle et l’aggravation de la situation ». « Mais il ne faut pas “commettre l’erreur d’attribuer à la seule Russie la responsabilité de cette évolution” ». « La situation est une conséquence de “l’élargissement de l’OTAN vers l’Est, contrairement à tous les accords conclus avec Moscou” ». « L’Occident a ainsi “violé les intérêts légitimes de la Russie en matière de sécurité”. »
 
 
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