Dans le cadre de la Biennale des imaginaires numériques qui se tient à Aix, Avignon et Marseille jusqu’au 22 janvier 2023, nous avons pu apprécier les réalisations d’artistes dans divers lieux, certains d’entre eux n’étant pas spécialement « dédiés » à l’art. Nous avons été heureux de retrouver Nicole et Norbert Corsino, les pionniers en France de la cinédanse – au sens large où nous l’entendons, incluant vidéodanse, digidanse, interactivité entre corps et image – qui exposent au Plateau R3 de la Friche et au Pôle Média Belle de mai.
À Aix, où la Biennale est pour partie délocalisée, on ne saurait être déçu ni par le propos de Donatien Aubert ni par des « propositions » ou « installations » comme son triptyque holographique accroché au 3 bis f, le Centre d’arts contemporains dirigé par Jasmine Lebert au sein de l’hôpital psychiatrique Montperrin. Dans sa Veille infinie, l’artiste s’engage politiquement, s’interrogeant sur « la souveraineté des données, l’économie cognitive, le profilage et la légalité des techniques le permettant ». Sophie Whetnall tend à prouver in situ, dans le magnifique musée et jardin du Pavillon de Vendôme, que les Étoiles ne dorment jamais. Elle filtre les reflets stellaires à travers des rideaux en papier, dédouble la vidéo basse déf, vampirise les paysages et invente des ombres portées végétales, aussi artificielles que peut être la lumière.
Pierre Vasarely, fils d’Yvaral, petit-fils de Vasarely, nous a chaleureusement accueilli dans la fondation qui éternise le patronyme du grand artiste Op. Nous avons été sensible aux Vidéosculptures XXI et XXII, précisément photosensibles, d’Emmanuel van der Auwera, à base d’images cachées au commun des mortels, captées par voie aérienne ou par caméras de surveillance, dévoilées, révélées, décryptées comme peut le permettre l’encre « sympathique », les couches de l’écran LCD ayant été pelées au couteau comme un oignon, l’image n’étant visible qu’à travers des verres la re-synthétisant. À Marseille, les robots ne se sont pas fait la Belle, veillant au grain jour et nuit, composant et décomposant des œuvres spectaculaires, d’une précision diabolique, en même temps qu’ironiques ou dérisoires comme Puff Out, du collectif belge : Mentalklinik.
La mini-rétrospective des Corsino visible au R3, 7 mesures par seconde, démontre, s’il le fallait, que les essais numériques récents du couple artistique, sont des coups de maître. n + n Corsino ont par le passé produit des installations à base de petits rectangles LCD. On pense aux écrans de caméra détournés en œuvres miniatures à la Ferme du Buisson et aux iPad disposés verticalement, éclairant des galeries du Muséum d’histoire naturelle plongées dans la pénombre, vues par nous en 2011. Les danseurs et, par la suite, aussi vidéastes, stylistes (cf. les beaux costumes coupés dans du tissu écossais), artistes numériques ont fait le grand écart en 2014 à Shanghaï en diffusant leurs images sur des écrans gigantesques, de 60 mètres de hauteur et de 40 mètres de large. Depuis l’expo monographique (ou bi-graphique) que leur consacra l’Espace des arts d’Enghien, n + n Corsino nous ont prodigué une merveilleuse application pour smartphone permettant de mixer en direct mondes réel et imaginaire. 
Il est fait usage de ce logiciel à la portée de tous dans 7 mesures par seconde, un des événements de la Biennale. Les espaces du R3 sont historiés de créations récentes, faisant la part belle à la danse où évoluent de merveilleux solistes coréens, invitant le public à danser, à participer aux festivités, là où le virtuel se concrétise. Au studio des Corsino qu’est la Scène 44, les danseurs se démultiplient dans Event by Eleven. La danse, pour la première fois chez eux, devient ballet. Leurs fidèles collaborateurs sont là : Claudine Galea au manuscrit, Jacques Diennet à la B.O, Patrick Zanoli à la 3D. Anaël Seghezzi a cloné les 11 interprètes – Kim Jae Duk, Noah, Kim Bora, Choi So Young, Seo Taeji, Lee Jung In, Eoreen, Kim Hansol, Sonamu, Lee Jae Rin, Moon Haewon, Ioana Marchidan, Arcadie Rusu, Pooja Purohit, Revanta Sarabhai. Pour cet event ou occasion, n + n ont imaginé et matérialisé un nouvel écran, un nouveau format au ratio 4 pour 1, près du double de large que le CinémaScope. Autant dire que ça en jette.
 
Toutes infos sur l’exposition à La Friche
Visuel : Event by Eleven © n + n Corsino 2022
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