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A la recherche du Pavillon de la Turquie, nous voilà tour à tour en présence de l’univers aux accents surréalistes de Moosa Al Halyan – l’artiste installé à Dubaï présente une série de dessins dans la Pavillon des Emirats arabes unis – puis viennent les étranges personnages en prière de Juan Carlos Distéfano – sculpteur présenté par le Pavillon argentin – et les photographies époustouflantes de Mário Macilau – invité avec Monika Bravo et Elpida Hadzi-Vasileva par le Pavillon du Vatican. Il faut ressortir du bâtiment et emprunter l’escalator extérieur. Une conversation joyeuse attire l’oreille : la bonne humeur d’un Barthélémy Toguo de passage est contagieuse ! A l’étage, il y a du monde. Un simple voile blanc barre l’entrée du Pavillon de la Turquie. Personne ne le déchire, mais chacun prend conscience que son franchissement est déjà tout un symbole. Dans ce temple consacré à l’œuvre de Sarkis, il n’est alors question que d’écouter la conversation des œuvres entre elles. Une immense glace à double face, séparant en deux la pièce, reflète de chaque côté un espace à la fois similaire et différent. Voyage de l’autre côté du miroir. Des formes colorées composées de centaines d’empreintes, appartenant à des enfants turcs et italiens, marquent l’identité au cœur de la création. Sarkis est turc d’origine arménienne – installé en France depuis le milieu des années 1960. Au-delà de la réputation de son art, il est ici le symbole d’une nation n’ignorant plus une part sombre de son histoire. On respire.
Mais la journée n’est pas terminée. A la Fondation Giorgio Cini, c’est avec une joie sans retenue que nous découvrons Crowd and Individual de Magdalena Abakanowicz. Dans la pénombre, l’armée silencieuse de l’artiste polonaise, née en 1930, fait face à une bête. Le reflet de l’homme serait-il le même pour tous ? En position de marche ou statiques, ces individus pour la plupart sans tête racontent, sans aucun doute, une part de notre humanité. Dans l’abbatiale San Giorgio Maggiore, Jaume Plensa a, pour sa part, installé une sélection de ses sculptures. Légères et transparentes dans la basilique et de marbre dans le monastère. Des rencontres qui, si elles ne sont pas inattendues, demeurent des moments bienvenus de contemplation. Dernière étape du jour : la Fondation Faurschou. Là, au bout du quai dans un bâtiment refait à neuf, est exposé le travail de Liu Xiaodong. Painting as Shooting prévient le titre. Pas d’accord ! Cette peinture-là n’a rien à voir avec une prise de vue si ce n’est qu’elle a été réalisée à l’endroit même où la scène représentée a eu lieu. L’artiste chinois, installé à Pékin, fait une démonstration de peinture. Son travail, très bien exposé et commenté – vidéo, croquis et textes à l’appui –, fait douter qu’une explication quelle qu’elle soit puisse décrire l’enthousiasme ressenti face aux toiles grands formats comme devant les petits dessins. Il y a dans ces scènes de vie ordinaire sous des cieux somptueux la preuve d’une inscription dans l’histoire de l’art et, plus important encore, une proposition de dépassement de l’existant. Oui, l’artiste documente la vie des gens qui sont devant lui, mais ce n’est pas tout, et c’est bien là l’essentiel.
Le marathon journalier débute à l’Arsenal ! Il faut absolument tenter d’épuiser le « In » aujourd’hui. Décision est prise d’augmenter la cadence… Nauman, Kentridge et Kounellis en font les frais. C’est bien, forcément. Mais filons ! Des artistes méconnus ont certainement un tas de choses à nous apprendre. Une oreille tout de même se tend au son de la voix d’Umberto Eco au Pavillon italien. Il y a des passions inextinguibles ! Dans l’espace réservé à la Chine, une vidéo attire l’œil. Wen Hui et son aïeule – une tante de son père rencontrée pour la première fois il y a quelques années seulement – exécutent une émouvante et esthétique chorégraphie, si hypnotisante que de nouveau le temps n’a plus cours. Un char aux allures de navire et à la proue de dinosaure arbore sans complexe un… périscope ! Ce drôle d’« oiseau » est niché dans le Pavillon indonésien. Dans chacun de ses canons, qui à y regarder de plus près ne sont que des longues vues, se déroule une scène dans un décor singulier. Suspendus dans les airs, d’autres véhicules ailés à têtes de divinités cornues poursuivent le récit du Voyage – Trokomod, signé par Heri Dono. L’artiste indonésien livre une vision fantastique d’un monde où modernité, tradition et imaginaire se rencontrent. Etonnant ! Même rapidement, il faut maintenant explorer les dessins des machines de guerre d’Abu Bakarr Mansaray. Présentés comme des croquis techniques, ils dissèquent de sinistres engins munis de scies circulaires ou autres matériels effrayants et crachant du sang. L’artiste, qui vit entre la Sierra Leone et les Pays-Bas, dénonce ici le principe même de la guerre. Dans un coin, un monstre aux yeux à facettes appuie sur des touches. Il faut certainement s’éloigner au plus vite : ça pourrait sauter !
Il est 14 heures et voilà qu’apparaît le bateau qui va nous déposer sur l’île de Lazzaretto. Notre guide explique l’histoire de l’ancien lazaret, qui a donné son nom à ce lopin de terre de la lagune vénitienne. Les lieux ne sont habituellement pas ouverts au public, mais l’association à but écologique qui a entrepris de les entretenir et, bientôt, d’y organiser des événements, a besoin de communiquer. C’est là qu’herman de vries entre en scène et se fait entremetteur. Sans oublier toutefois de laisser plusieurs modestes témoignages de son passage dans l’île : Death was Here (La mort est passée ici) est-il ainsi gravé sur une petite plaque de marbre posée à même le sol ; Be Aware (Soyez vigilant) rappelle-t-il de la même manière un peu plus loin, à quelques pas d’un énigmatique Life is (La vie est), auquel chacun est laissé libre d’imaginer une suite. A moitié dissimulée par des herbes hautes, une inscription murale rend hommage à la nature – Natura Mater – qui a tranquillement repris ses droits sur l’îlot au passé douloureux. La visite prend des airs de promenade au jardin. Le soleil tape et d’aucun trouve un trèfle à quatre feuilles. Tout le monde est paisible et semble en cela avoir adhéré au projet de l’artiste pour lequel regarder, sentir, écouter… est essentiel.
De retour aux Giardini, le groupe se sépare. Cette fois, monde ou pas, le bâtiment principal doit être exploré. Les sculptures en bois polychromes d’Huma Bhabha ralentissent la course, les toiles de Victor Man forcent le regard à se concentrer et la mise en scène d’un jukebox par Jeremy Deller attire. Hello, Today You Have the Day Off (Bonjour, aujourd’hui, vous avez un jour de congé), annonce une bannière imaginée par l’artiste britannique. C’est vrai et faux à la fois ! Cependant, les événements les plus intéressants de ce périmètre se déroulent à l’Arena. Cette grande scène entourée de gradins accueille à horaires précis des performances. Seule devant un micro, Alicia Hall Moran chante quarante minutes non stop. Cette voix venue d’Afrique par les chemins détournés du blues nous emporte dans une véritable transe où le rythme du chant se confond avec celui du cœur de chacun. Work Songs est salué par les applaudissements d’un public déchaîné et debout. Génial ! Trois femmes font leur apparition, tout de noir vêtues. Cheveux tirés en un chignon de danseuse classique, portant des robes, elles vont interpréter une création du chorégraphe originaire des îles Samoa, Lemi Ponifasio. Avec Lagimoana – contraction des deux mots : lagi, le ciel, et moana, l’océan –, l’artiste néo-zélandais propose une danse chantée proche du haka des Maoris. Carrément épatant. Mais, déjà, les portes des Giardini se ferment. Il ne reste plus qu’à filer tout droit au Palazzo Mora. Il paraît qu’une colombe y vole dans l’eau !
Aujourd’hui, ni Arsenal ni Giardini. Au programme : arpenter encore et toujours la ville. Première halte au Palazzo Falier, installé sur le Grand Canal. C’est ici que la peinture de Sean Scully a élu domicile. De l’aveu même de l’artiste américain, né en Irlande, ce sont ses souvenirs de Venise qu’il a peints sur la toile : le mouvement de l’eau, la manière dont cette dernière vient mourir sur l’architecture de la ville. Des aplats de couleur se succèdent, le plus souvent en bandes horizontales où les bleus dominent. Non loin à vol d’oiseau, le Palazzo Grassi accueille, quant à lui, une rétrospective de l’œuvre du Français Martial Raysse, de 1958 à 2015. Pour tous ceux qui n’auraient pas vu l’exposition que lui a consacrée le Centre Pompidou l’an dernier, voici une occasion à ne pas manquer. D’autant qu’elle peut se vanter de montrer plus d’œuvres qu’à Paris ! Le parti pris de la non-chronologie rend plus difficile la lecture des évolutions dans le temps mais offre des dialogues inattendus entre des pièces d’époques différentes. Le plaisir de retrouver certaines œuvres emblématiques est intact. La Raysse Beach continue de faire un tabac. Tout comme Nissa Bella.
Autre palais, autre style. Au Palazzo Barbaro, The Union of Fire and Water réunit Almagul Menlibayeva et Rashad Alakbarov. Chacun menant un travail singulier, tous deux explorent pour l’occasion une même intersection entre Venise et Bakou, capitale de l’Azerbaïdjan. L’exposition, organisée par Yarat – institution privée azerbaïdjanaise à but non lucratif pour la promotion de l’art contemporain –, a été imaginée autour d’un bâtiment historique de Bakou construit dans le style gothique vénitien : le Palais de Mukhtarov. Retenons plus particulièrement la superbe installation labyrinthique (à l’échelle d’une pièce entière), faite d’escaliers en bois, d’Alakbarov et le dispositif vidéo complexe et passionnant de Menlibayeva. Dix écrans diffusent chacun une part de l’histoire d’un des premiers magnats du pétrole, Murtuza Mukhtarov, et de son épouse. Le récit se déroule comme dans un rêve exposant des éléments tangibles et des visions subjectives ainsi qu’allégoriques des faits. Emporté par l’esthétique de l’image et le jeu de construction induit par la diversité des écrans (qui ne se trouvent pas tous dans la même pièce), le spectateur sait qu’il est ici face à l’une des œuvres les plus captivantes de passage à Venise. A quelques ruelles de là, la mélodie d’un violoncelle agit tel un chant de sirène. Echoué sur un pouf en bois, l’amateur d’art contemporain se ressource en écoutant quelques partitions interprétées par un musicien de chair et d’os installé dans la cour intérieure du Palazzo Pisani. Ce pavillon « de lumière et de son », intitulé Reverberation, a été pensé par le fameux architecte japonais Shigeru Ban et commandé par la société nippone de cosmétiques Shiseido. Une halte bien agréable.
Installée dans le Palazzo Morosini, The Writings of Today are a Promise for Tomorrow (Les écrits d’aujourd’hui sont une promesse pour demain) est une proposition signée par l’artiste chinois Zheng Guogu et le collectif qui opère avec lui, Yangjiang Group. Véritable critique de la marchandisation dans la société chinoise contemporaine, l’exposition a des allures de manifeste. L’utilisation de la calligraphie se donne à voir comme un acte militant. Inscrite sur un rideau, la nouvelle tombe : « Nietzsche est mort ! Suicide après vente ! » Après avoir tué Dieu, l’homme a tué le philosophe. La démonstration ici est une dénonciation. Le stock de chaussures d’un magasin en liquidation est figé par une épaisse couche de cire, des drapeaux affichent l’activité cérébrale d’un certain nombre de personnalités – Marco Polo, Pierre Paolo Pasolini, Giorgio Agamben, Michel-Ange… –, des balles blanches en plastique accueillent des citations du Capital de Karl Marx, etc. Avec humour, les artistes proposent de substituer à la circulation des capitaux, celle de l’énergie. A bon entendeur, salut !
La sérénité, quant à elle, donne rendez-vous au Palazzo Contarini-Polignac et s’exprime à travers deux expositions : la première intitulée Dansaekhwa et la seconde consacrée à l’œuvre de Lee Ufan. Dansaekhwa désigne la peinture monochrome qui s’est développée en Corée du Sud à partir des années 1970 avec des artistes tels que Park Seo-Bo, Lee Ufan, Chung Chang-Sup et Ha Chong-Hyun, entre autres. Si cette pratique est au départ influencée par l’art minimal occidental, elle va vite acquérir des spécificités. A la place de la limitation des interventions de la main du peintre et de l’absence de sentiments revendiquée en Occident sont notamment recherchés en Corée la médiation, l’effort intellectuel et la répétition visible des coups de pinceau. Les artistes du Dansaekhwa mettent en avant des notions telles que la contemplation, le mouvement dans l’immobilité et la modération. A Venise, c’est le choc face à cette peinture habitée. Lee Ufan présente, en marge, des installations qui mettent en exergue l’attention particulière qu’il porte à la symbolique des matériaux. Son art est en prise directe avec la sensibilité et l’intelligence du regardeur. Il se diffuse comme un parfum d’encens qui instruit et élève à la fois.
Il faut rester concentré et choisir ce qu’il est indispensable de faire durant les deux prochaines heures. Direction l’exposition-fleuve du Palazzo Fortuny ! Proportio explore l’omniprésence de proportions universelles dans l’art, la science, la musique et l’architecture. Il y est question de géométrie sacrée, dont le nombre d’or est l’élément de loin le plus connu. Une liste impressionnante de grands noms constitue l’affiche de l’exposition. Citons par exemple Marina Abramovic, Bae Bien-U, Michael Borremans, Antony Gormley, Anish Kapoor, Anselm Kiefer et Bill Viola. Leurs pièces entrent en dialogue avec des œuvres anciennes : objets égyptiens, comme tableaux de maîtres hollandais ou italiens. Pour apprécier l’ensemble de la proposition, il faut assurément plus de deux heures ! S’il n’est plus temps de comptabiliser les petits regrets, il est encore possible de filer place Saint-Marc pour assister à une dernière performance : Concertino Unisono de Michael Staab. A 17 heures précises, un homme en queue de pie apparaît. Installé à équidistance des trois orchestres de la place (animant chacun la terrasse d’un café particulier), il lève sa baguette et un petit miracle se produit : les trois formations, qui habituellement jouent chacune leur tour pour éviter toute cacophonie, entonnent ensemble Le Beau Danube bleu de Johann Strauss ! A Paris, des amateurs connectés au site Internet du Laboratoire artistique du groupe Bel assistent également à l’événement. L’essentiel étant de toujours partager son expérience.
Voici en quelques lignes des informations pratiques concernant la 56e édition de la Biennale de Venise.
– La Biennale dure jusqu’au 22 novembre. Les Giardini et l’Arsenal sont ouverts de 10 heures à 18 heures. Fermés le lundi. Il est possible d’acheter les billets en ligne. Un ticket « deux jours » donne accès aux deux lieux pour 30 euros. www.labiennale.org
– Attention, tous les événements en marge de la manifestation officielle ne durent pas forcément jusqu’en novembre. Avant de vous déplacer, n’hésitez pas à vous renseigner via le Net.
– En arrivant, procurez-vous un titre de transport forfaitaire qui vous permettra d’emprunter toutes les lignes de navigation et ce le nombre de fois que vous le souhaiterez. Actuellement, un ticket à l’unité, qui dure 60 minutes, vaut 7 euros, un forfait une journée, 20 euros, et trois jours, 40 euros.
– Après avoir longtemps milité pour le déplacement en train, il faut aujourd’hui conseiller l’avion ! La compagnie ferroviaire Thello, qui désormais assure cette destination, n’est pas toujours fiable. Exemple vécu : le train de retour, ayant été annulé pour des raisons obscures 48 heures avant son départ, a été remplacé par un… bus ! Très moyen.
Les deux articles mis en ligne hier et aujourd’hui sont à retrouver, aux côtés de quelque 300 événements estivaux d’art contemporain sélectionnés par notre rédaction en France et en Europe, dans le numéro spécial Eté 2015 de l’e-magazine pour tablettes numériques ArtsHebdoMédias. Il suffit pour cela de télécharger gratuitement notre application sur l’Appstore ou sur Google Play.
Image d’ouverture : Le pavilon central des Giardini © Photo S. Deman – Crowd and Individual © Marina Abakanowicz, photo MLD – © Lee Ufan, Photo S. Deman – Dance with Third Grandmother © Wen Hui, photo S. Deman – © Sean Scully, Photo S. Deman – Respiro (détail) © Sarkis, photo S. Deman – Fire Talk to Me © Almagul Menlibayeva – Performance pour quatre pianos donnée à l’Arena, d’après Crazy Nigger de Julius Eastman (1940-1990) © Photo S. Deman
16 décembre 2022
9 décembre 2022
1 décembre 2022
28 novembre 2022
23 novembre 2022
21 novembre 2022
17 novembre 2022
1 novembre 2022
08 décembre 202223 janvier 2023
Entre ce que l’on voit et son évocation, entre le mirage et la réalité, entre la lumière et l’ombre, les tableaux de la série The Crossing sont une recherche plastique puissante et une recherche poétique de ce qui lie Bao Vuong à son pays perdu. Les monochromes noirs de l’artiste sont au départ la projection du traumatisme de l’exil de sa famille, des nuits en haute mer vécues par d’innombrables boat people, la même vision que connaissent des milliers de migrants à travers les siècles et chaque jour encore. S’inspirant des terreurs et des tristesses qu’accompagnent l’exil, Bao Vuong utilise de grandes masses de peinture noire qu’il sculpte, dessine minutieusement chaque vague comme une litanie, un mantra. En nous déplaçant face aux toiles du peintre, nous vivons une expérience visuelle et introspective. Les reflets sur ces reliefs noirs nous rappellent à notre lumière intérieure, celle même qui nous guide dans les moments les plus sombres de nos vies et nous pousse à avancer. Pour cette nouvelle exposition « Horizons », il a rajouté la matière d’encens. Dans ses tableaux sous forme de cendre, l’encens figurent les nuages qui parfois cachent la lumière des astres. Dans le rituel des ancêtres – tradition encore bien présente dans tous les foyers vietnamiens – la fumée des encens est le véhicule entre les vivants et les défunts, un lien entre les hommes et l’au-delà. Sur les tableaux, la cendre d’encens est le reste palpable de cet acte sacré, la trace de nombreuses prières, la trace du souhait d’un lendemain meilleur ; mais elle est aussi la trace de ceux qui sont partis pour toujours et ne reviendront plus. Visuel > Bao Vuong, The crossing 115, 2022.
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09 novembre 202225 février 2023
 Arno Rafael Minkkinen (né le 4 juin 1945 à Helsinki en Finlande) est un photographe finlando-américain. Son œuvre, reconnue partout dans le monde, est entièrement consacrée à l’autoportrait, sur fond d’engagement militant en faveur d’une meilleure place de l’homme dans la nature. Celle qu’il s’assigne à lui-même se veut souvent discrète, fondue, évocatrice de cet Eden perdu dans lequel l’humanité commença son aventure ontologique. Habitant le monde, son monde, en poète, l’artiste considère son intervention dans le paysage comme un prolongement naturel de son corps, faisant ainsi citation de la partie par rapport au tout. Cette tautologie amène à découvrir comment ce corps humain, le sien, s’intègre parfaitement dans la nature dont il est partie prenante, mais aussi tributaire. Il n’hésite pas, en effet, à se mettre même en danger, à repousser les limites du possible et du tolérable par une forte contrainte corporelle liée à des pratiques de respiration, de contorsion, de résistance au froid et à la chaleur, cette posture ascétique, proche de celle du fakir, allant même parfois jusqu’à la disparition. C’est toujours seul que l’artiste se photographie au moyen d’un déclencheur, sans retouche ultérieure, ni intervention extérieure. Visuel > Arno Rafael Minkkinen, Stranda, 2007, Norway, photographie, 147 x 194 cm.
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26 novembre 202215 janvier 2023
Anthony D Green présente huit nouvelles œuvres, entre peintures et bas-reliefs, qui témoignent de sa fascination pour la représentation, en même temps qu’elle la dépasse. La photographie commerciale a longtemps été considérée comme l’instrument de séduction et de coercition du capitalisme, manipulant nos désirs manifestes et subliminaux et les réifiant en images de masse. En réalité, cette critique a été si répandue qu’elle a fini par être absorbée dans la culture de consommation ; la subversion, l’ironie et la perturbation sont toutes devenues partie intégrante de la boîte à outils du commerçant avisé. Ainsi, la représentation des entreprises et nos moyens de résister à son attrait ont fusionné – et le détournement est devenu un autre visage de la production esthétique chimérique. Aujourd’hui, alors que l’industrie est passée d’un modèle issu de cadres créatifs et de vastes campagnes à une publicité ciblée par algorithme et à des consommateurs atomisés, il semble que le besoin d’images contraignantes ait diminué, et que le besoin de contraindre de manière imaginative soit tout à fait superflu. Pourquoi manipuler quand il suffit d’un coup de pouce bien placé pour vous faire rentrer dans un cycle de consommation déjà tracé ? Détourés avec la clarté aliénante d’une infographie, les assemblages d’Anthony D Green présentent un tableau familier : des images sans prétention guidées par les principes médiatiques de neutralité du marché, des marques si génériques qu’elles en deviennent presque élémentaires, et les ouvertures élégamment encastrées, les losanges grossiers et les courbes souples du design des produits de base ; une norme esthétique qui a commencé avec les smartphones et les ordinateurs portables et qui a maintenant été appliquée à tout, des humidificateurs d’air aux cuiseurs de riz. Comme dans le monde des logos d’entreprise, la géométrie est réchauffée et arrondie en forme de pilule – un motif saillant, hermétique et profilé pour la consommation. Visuel > Anthony D Green, Coffee Machine, 2022. MDF, peinture en aérosol, peinture acrylique, papier imprimé. Courtesy the artist and Art : Concept, Paris. Photo : Romain Darnaud.
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02 décembre 202226 février 2023
Déployée sur trois lieux (Mucem, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et la chapelle de la Vieille Charité), l’exposition « Ghada Amer » est la première rétrospective de l’artiste franco-américano-égyptienne en France. Elle réunit ses différents modes d’expression plastique depuis ses débuts jusqu’à ses créations les plus récentes. La broderie, la peinture, la céramique, le bronze et la création de jardins sont au cœur de son art. Entre Orient et Occident, l’artiste interroge d’une culture à l’autre les représentations, les rapports de domination, les processus d’assimilation, d’opposition ou de traduction. Elle est aujourd’hui une voix majeure des enjeux post-coloniaux et féministes de la création contemporaine. Deployé sur les 280m2 du premier plateau, le parcours présenté au Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur met en lumière l’engagement résolument féministe de Ghada Amer. Pour elle, la question de la femme transcende celle de l’appartenance culturelle ou religieuse. Elle s’est emparée du médium traditionnellement féminin, la broderie. Entre hommage et revendication, ses toiles entrent en dialogue avec les « maîtres » d’une histoire de l’art trop longtemps dominée par les hommes. Elles se développent sous le signe d’une puissance créatrice jubilatoire et d’un intérêt nouveau pour le portrait. Visuel > Ghada Amer, Portrait Of The Revolutionary Woman [portrait de la femme révolutionnaire], 2017 Grès cérame avec incrustations de porcelaine et barbotine de porcelaine Collection privée, Munich (Allemagne) © Ghada Amer, photo : Christopher Burke Studios.
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01 décembre 202204 février 2023
Par son travail d’estampes brodées «Les Âmes animales», Lara Blanchard souhaite célébrer le «Vivant» et tout ce qui le compose. Elle explore les liens immuables entre l’Homme et l’Animal à travers la création de thérianthropes, créatures humaine/ animale auxquelles elle ajoute des éléments naturalistes. En complément, avec Ad Lucem, création de masques, parures et animaux oniriques mêlant céramique, feutrage, assemblage, elle laisse place à ce qu’elle nomme «le magique universel». Inspirée du monde naturel, organique et animal, elle s’inscrit en « passeur », laissant ce qui se sait pour ce qui se ressent. Un état primaire en ce sens qu’il était au commencement, peut-être un ressenti plus animal ? Un lien immuable à la nature et au vivant. Selon l’artiste, « Nous sommes les ancêtres d’un monde à venir… ». Visuel > Affiche de l’exposition.
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10 décembre 202212 février 2023
Peintre, graveur et poète, Gérard Titus-Carmel mêle depuis cinquante ans la peinture, le dessin, la poésie et la pensée. Pour lui, en effet, “peindre, c’est joindre le geste à la parole” . L’exposition “Forestières & autres arpents” propose un cheminement au sein des vingt dernières années d’une création foisonnante, depuis la série des “Forêts” jusqu’aux “Plans de coupe” , en passant par les massifs de livres ornés. Gérard Titus-Carmel offre au regard les variations du végétal comme une rencontre “brutale et lumineuse” , celle d’une force vivante, qui interroge la conscience de notre présence au monde. Gérard Titus-Carmel se dit peindre non pas ce qu’il voit mais ce qu’il rêve. Une exposition où se mêlent peinture et poésie… Visuel > ©Gérard Titus-Carmel.
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En Espagne, le Musée Guggenheim Bilbao se pare de lumière tel un sapin de Noël … Continuer la lecture de « Le Guggenheim Bilbao tout en lumière »
Sturmfrei, festival littéraire et performatif survolté, lance sa deuxième édition et investit pour ce faire … Continuer la lecture de « Sturmfrei, festival de poésie, de performances et de fête »
Pour sa sixième édition, Fictions Documentaires, festival de la photographie sociale Carcassonne, propose une programmation … Continuer la lecture de « Se saisir d’un fait de société à Carcassonne »
Affiner les aptitudes de nos sens, étendre le champ de nos perceptions en explorant les … Continuer la lecture de « Les n+n Corsino font danser l’IA avec le public »
La galerie Templon à Paris, rue du Grenier Saint-Lazare, clôt l’année avec une exposition du … Continuer la lecture de « Pierre et Gilles annoncent « Les couleurs du temps » depuis 1976 »
Il ne reste que deux jours pour découvrir le travail édifiant mené par Aris Messinis … Continuer la lecture de « La guerre en Ukraine dans l’œil d’Aris Messinis »
CPPAP 0324 W 91303
ISSN 2777 – 4961
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