A Madagascar, même si tant reste à faire, l’activisme du Président Rajoelina porte ses fruits. Le pays bouge, obtient le soutien des bailleurs régionaux et internationaux et les investisseurs reviennent. Pendant ce temps-là, l’opposition, elle, semble se radicaliser. Met-elle le développement du pays en péril ? Retour en quelques faits sur le rôle de l’opposition dans la «Grande île».
Les deux partis d’opposition des anciens Présidents, le TIM de Marc Ravalomanana et le HVM de Hery Rajaonarimampianina ne représentent plus grand chose électoralement après leurs trois échecs successifs entre 2018 et 2020. Après une large défaite aux élections législatives (10,6% pour l’opposition contre 55,6% pour la majorité présidentielle et 30,46% pour les indépendants), les élections municipales ont confirmé l’adhésion de la population au projet d’Andry Rajoelina puisque son parti a remporté la majorité des villes, y compris l’emblématique capitale, Antananarivo. Au sein de la capitale, l’élection municipale remportée par un proche du Président, Naina Andriantsitohaina a mit fin à une tradition vieille d’un demi-siècle qui plaçait toujours un opposant fort à la mairie d’Antananarivo.
Défaits dans les urnes, les principaux leaders de l’opposition semblent aujourd’hui davantage préoccupés par tenter de bloquer les actions du gouvernement et déstabiliser le pays que proposer des alternatives politiques.
Le mois dernier, le Président du Sénat, Rivo Rakotovao, par ailleurs coordinateur national du parti HVM, a ainsi attaqué la majorité présidentielle devant la Haute Cour Constitutionnelle en tentant de faire annuler les ordonnances prises par Andry Rajoelina durant l’année 2019. Une tentative de blocage assumée mais rejetée par la HCC. Pourtant, loin d’être polémiques, ces ordonnances avaient pour objet de faciliter le développement économique de toutes les régions à travers des projets d’infrastructures et une politique de décentralisationque Madagascar attendait depuis des années. A noter que nombre de ces projets d’infrastructures se font en partenariat avec la Banque Mondiale dont le nouveau Présidentaméricain, David Malapass, est venu à Madagascar fin avril 2019 pour son premier voyage en Afrique. Convaincu par le plan de développement « Initiative pour l’Emergence de Madagascar », il avait alors accordé près de 392 millions de dollars de financement au gouvernement malagasy. Un signal fort pour la Grande Ile et un changement de cap que les précédents régimes n’avaient pas su réaliser.
Après un score historiquement faible pour un Président sortant de 8% à l’élection présidentielle, Hery Rajaonarimampianina a lui annoncé vouloir organiser une rencontre nationale avec les forces vives de la nation. Il semblait pourtant qu’en décembre 2018, les citoyens lui ont signifié leur volonté de ne plus le voir dans le paysage politique du pays. Avec l’autre perdant de la présidentielle Marc Ravalomanana, ils semblent aujourd’hui unis pour une même cause, la déstabilisation. Ils se sont rencontrés à Paris en décembre 2019, et selon les indiscrétions, un pacte aurait été scellé avec l’objectif commun de chasser Andry Rajoelina du pouvoir par tous les moyens, sous-entendu y compris la violence. Alors qu’ils se voyaient à Paris, le Président Malagasy Andry Rajoelina entreprenait lui son plan de lutte contre la malnutrition pour lequel il a été nommé champion par l’Union Africaine et soutenu par la Banque Africaine de développement.
Le TIM de Marc Ravalomanana et le HVM de Hery Rajaonarimampianina sont ainsi entrés dans une logique d’opposition systématique qui ne convainc pas mais reste dangereuse pour la stabilité du pays. Marc Ravalomanana, lors des communales de novembre 2019, n’avait en effet pas hésité à lancer un appel au soulèvement pour protester contre les résultats. Quotidiennement, la chaine de radio et de télévision MBS, ainsi que le journal Le Quotidien, attaquent ouvertement le pouvoir, n’hésitant pas par moment à inciter à la violence et à déformer les informations.
Le TIM a récemment utilisé la CENI, « Commission électorale nationale indépendante » sur des doublons dans la liste électorale, pour dénoncer des fraudes électorales et appeler à la révolte populaire. Une liste électorale pourtant éditée par son allié Hery Rajaonarimampianina, alors Président de la République. Une liste électorale aussi auditée,à la demande du camp du candidat Andry Rajoelina, par les Nations Unies et l’OIF avant d’enclencher le second tour de l’élection Présidentielle.
Face à ces attaques, la population malgache semble aujourd’hui peu réceptive et la popularité du Président en poste reste importante au vu des dernières élections. Ce dernier ne semble pas pour le moment vouloir faire taire ses opposants en lançant des procédures juridiques comme ce serait le cas dans la majorité des pays africains.
Journaliste depuis 20 ans dans la presse économique africaine et auteur de plusieurs enquêtes et reportages. A couvert plusieurs sommets de l’Union Africaine, de la Commission économique africaine et de la Banque Africaine de Développement.
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