Pour beaucoup d’entreprises, être repérée par les moteurs de recherche sans payer reste un mystère qui représente pourtant 30 % du volume global d’acquisition de trafic en ligne. De nombreuses agences se sont positionnées sur ce créneau en proposant des prestations de conseil pour les y aider, tandis que quelques start-up ont décidé d’attaquer ce problème à travers des outils d’automatisation.
C’est le cas notamment de Botify, une pépite tricolore qui réalise désormais 60 % de son chiffre d’affaires aux Etats-Unis, et qui vient de lever 55 millions de dollars (série C) avec InfraVia, Bpifrance et ses investisseurs historiques.
Avec ce nouveau financement, qui inclut une petite partie de secondaire (non précisée par les dirigeants), Botify se fixe comme objectif de réaliser 100 millions de dollars de chiffre d’affaires. Cette frontière, néanmoins encore lointaine, est un cap important pour toutes les entreprises de SaaS (software as a service) dont les valorisations se sont envolées ces dernières années grâce à la prévisibilité de leurs revenus.
Un schéma prisé des investisseurs américains qu’Adrien Menard, cofondateur et PDG n’a pourtant pas souhaité retenir dans ce tour de table : « J’ai toujours considéré comme étant une chance le fait de pouvoir démarrer une entreprise en France. Nous avons bénéficié de subventions et nous avons pu mettre un pied aux Etats-Unis il y a cinq ans grâce à Impact, le programme d’accompagnement de Business France et Bpifrance. Nous avons été sollicités par des fonds américains, mais nous avons refusé principalement à cause des liens que nous avions tissé avec les nouveaux investisseurs qui nous accompagnent. »
Mais pourquoi les VC portent-ils autant d’attention à cette jeune pousse qui grandit discrètement au point de sortir de l’indice French Tech 120 l’an passé ? Son marché, pour commencer, est d’une taille colossale. La recherche organique (faire ressortir un site plutôt qu’un autre dans les moteurs de recherche suite à une requête) était de 47,5 milliards de dollars l’an passé, selon StatCounter.
Sa croissance annuelle de 20 % a largement été portée par la crise du Covid-19, qui a forcé les e-commerçants et les marchands traditionnels à se poser plus sérieusement la question du SEO (optimisation du référencement naturel), explique Nicolas Herschtel, d’InfraVia : « Cette période a créé un momentum car toutes les marques ont souhaité acquérir plus de trafic. Et lorsque vous êtes une entreprise d’une certaine taille, ce sont des millions de pages d’un site qui sont concernées et l’on ne peut pas le faire à la main. »
C’est précisément là que se positionne Botify avec ses trois logiciels. Le premier d’entre eux permet de collecter des informations pour comprendre la manière dont les moteurs de recherche les classent. Un deuxième outil applique une couche d’analyse pour déterminer un plan d’action, tandis que la dernière brique, plus récente, permet d’automatiser la mise en place de ces actions.
Avec cette suite, la start-up vise d’abord les grandes entreprises et compte déjà parmi ses 500 clients des enseignes comme Macy’s, Walmart, Fnac Darty et des éditeurs comme le NY Times. Les fonds récoltés vont principalement être utilisés pour se déployer en Asie-Pacifique, investir dans le développement technique des produits et renforcer ses partenariats stratégiques.
Pour Botify, il est crucial de pouvoir remonter les données à travers les outils de Microsoft, Salesforce ou Google par exemple. D’ici à 2024, l’entreprise ambitionne de faire passer son équipe de 200 à 500 personnes et de préserver ainsi sa compétitivité face à une kyrielle d’acteurs plus ou moins directement concurrents, comme l’américain BrightEdge qui cumule près de 62 millions de dollars levés depuis 2007.
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