Neuf dirigeants de TPE-PME sur dix en conviennent : la transition numérique est un enjeu important pour les entreprises françaises. Enfin, surtout pour les entreprises des autres … Car ils sont seulement 59% à estimer l’affaire importante pour leur propre entreprise. Une étude sur les enjeux de la transition numérique aux yeux des dirigeants de TPE-PME, réalisée fin septembre 2015 par Harris interactive pour l’ordre des experts-comptables, dresse un état des lieux des usages du digital dans les entreprises de moins de 500 salariés.
Celles-ci ont recours aux outils numériques essentiellement pour la réalisation de démarches administratives (81%) et la gestion de l’entreprise (74%) ; et bien moins souvent pour la communication et la publicité (48%), la conception (35%) ou la commercialisation de produits ou services (34%). L’usage digital le plus fréquemment cité est le référencement sur des sites comme pagesjaunes.fr (82%), suivi de la numérisation de documents de comptabilité (58%), et de l’existence d’un site internet (97% des PME de plus de 50 salariés). Pour 41% d’entre elles, internet leur a permis de trouver de nouveaux fournisseurs, et pour 40%, de nouveaux clients ou de nouveaux marchés. Elles sont 11% à acheter des espaces publicitaires sur internet.
Moins d’une petite entreprise sur deux (41%) s’est équipée d’un site « responsive » (qui s’adapte à la taille de l’écran de la personne qui le consulte : smartphones ou tablettes), mais 67% des PME franciliennes. Seules 30% des TPE-PME possèdent un ou plusieurs comptes officiels sur les réseaux sociaux, et 15% ont développé une application pour smartphones ou tablettes. L’utilisation du digital à des fins commerciales caractérise davantage les plus petites structures : 45% des entreprises de moins de dix salariés et 48% de celles de moins de 50 salariés y ont recours pour commercialiser leurs produits ou services. D’ailleurs, 60% des plus petites entreprises disent avoir prospecté de nouveaux clients ou marchés grâce à internet.
Près de trois responsables de TPE-PME sur dix considèrent la transition numérique de l’activité économique comme une contrainte – en particulier lorsqu’ils n’ont pas de salariés (32%). Si la grande majorité des chefs d’entre entreprise estiment que la leur va connaître une évolution numérique majeure (27%) ou mineure (47%) dans les dix prochaines années, 24% d’entre eux (et 31% quand ils n’ont pas de salariés) pensent échapper à toute évolution numérique. Un tiers des dirigeants de petites entreprises admettent « ne pas être à l’aise » avec les outils digitaux qui leur permettent de développer l’activité économique, tout particulièrement ceux qui sont âgés de 50 ans et plus (44%), ou qui n’ont pas de salariés (38%). Malgré tout, moins d’un sur dix se dit prêt à chercher de l’aide pour se faire accompagner dans ce domaine. Les chefs d’entreprise de moins de 35 ans (98%), et ceux de plus de 50 ans (94%) se montrent les plus récalcitrants à cette idée.
« Les dirigeants de TPE-PME ont l’impression qu’ils sont déjà dans le numérique, observe Philippe Arraou, président du Conseil supérieur de l’ordre des experts-comptables. En fait, la plupart d’entre eux n’a pas encore compris tout l’enjeu du digital. Vendre quelques produits en ligne ou envoyer des fichiers numérisés ne suffit pas. La transition numérique des entreprises consiste en la dématérialisation généralisée de l’organisation et des échanges avec les tiers. Les PME vont devoir s’équiper de systèmes intelligents capables d’envoyer des informations à d’autres systèmes intelligents. »
Malgré leur peu d’empressement à se faire accompagner dans le domaine du digital, les chefs d’entreprise ont été invités à désigner les partenaires qui leur inspireraient confiance dans cette transformation : les experts comptables arrivent en tête (80% d’avis favorables), suivis des « autres entreprises de manière générale » (74%), devant les chambres de commerce et d’industrie et les chambres des métiers (69%), les collectivités locales (63%), les consultants informatiques (61%), les avocats (61%) et les notaires (60%). « Cela confirme l’évolution fondamentale de la profession des experts-comptables, qui sont déjà les confidents et les conseils privilégiés des chefs de petites entreprises, se félicite Philippe Arraou. Nous sommes de moins en moins comptables, et de plus en plus experts. C’est d’ailleurs ce nouveau périmètre que nous octroie désormais la loi Macron : les experts comptables ont la possibilité d’effectuer des missions de conseil généralistes auprès des entreprises, sans mission comptable principale. »
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