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Six mois après sa sortie en Chine, le P50 Pro de Huawei tente de s’imposer en France sur le marché premium. Pour faire oublier l’absence de services Google et de la 5G, ce smartphone mise sur un écran maîtrisé et un volet photo soigné.
On prend les mêmes et on recommence. Alors que la difficulté première de la série P40 tenait à sa sortie sans les services Google, le P50 Pro, qui sort début 2022 conjointement au P50 Pocket, mais sans le P50 “tout court”, s’appuie toujours sous Android AOSP avec les services Huawei. Difficulté supplémentaire, il n’est pas compatible avec la 5G et se contente donc de la 4G malgré son positionnement premium. Si l’on excepte ces considérations, on tient là un smartphone premium tourné vers la photographie, un produit facturé la bagatelle de 1199 € que l’on peut comparer à des vaisseaux amiraux tels que le Samsung Galaxy S21 Ultra, l’Oppo Find X3 Pro ou encore le Pixel 6 Pro de Google.

Huawei P50 Pro

Le savoir-faire de Huawei en matière de design n’est plus à prouver et le P50 Pro n’est pas moins réussi que la série P40. Là encore, la marque propose un smartphone dont la façade et l’écran sont incurvés, ce qui rend l’usage de l’ensemble agréable en main. Le smartphone conserve le grand format de son aîné (158,8 x 72,8 mm contre 158,2 x 72,6 mm pour le P40 Pro) malgré un écran légèrement plus grand (6,6 pouces contre 6,58 pouces). Néanmoins, on apprécie son poids en baisse (195 g contre 206 g) et une épaisseur légèrement moindre (8,5 mm contre 9 mm). Le fabricant peaufine donc sa copie, au prix toutefois de quelques retranchements, telle la disparition du capteur ToF situé en façade du P40 Pro et qui autorisait une reconnaissance faciale au niveau de sécurisation élevé. En contrepartie, le poinçon oblong du terminal cède sa place à une ouverture circulaire plus discrète.

Huawei P50 Pro

Pour le reste, Huawei propose toujours un lecteur d’empreintes digitales situé sous l’écran, très rapide d’ailleurs, et une dalle Oled occupant 92 % de la façade. Sa tranche inférieure accueille haut-parleur et port USB-C, sans prise jack abandonnée de longue date par Huawei, tandis que les touches de contrôle sont situées sur son arête droite. Rien de bien nouveau à ce sujet. À noter que le chariot pour cartes SIM peut accueillir deux cartes au format nano, le second emplacement servant au besoin à l’ajout d’une carte mémoire NM (nano-memory), le format propriétaire de Huawei. Comme en 2021, l’ensemble est certifié IP68.

Huawei P50 Pro

C’est au dos que Huawei révise le plus visiblement le design de sa série P. Le bloc photo rectangulaire du P40 est remplacé cette année par deux blocs circulaires, tous deux inclus à un îlot qui les englobe, légèrement protubérant et griffé Leica. Le smartphone n’est pas stable lorsqu’il est posé sur une surface plane, à moins d’utiliser la coque en silicone fournie par la marque. Celle-ci, transparente, permettra de profiter du coloris particulièrement brillant retenu par Huawei, sans les traces de doigts qui la constellent dès lors que vous posez la main dessus.

Huawei P50 Pro

Le P50 Pro est pourvu de haut-parleurs stéréo de puissance satisfaisante et dont la dynamique nous a semblé suffisante pour des usages d’appoint. Il n’est pas équipé de prise jack 3,5 mm, comme la plupart des smartphones actuels, et propose des écouteurs USB-C, ainsi qu’une connectique Bluetooth 5.2 pour l’usage d’écouteurs sans-fil.
Pour aller plus loin :
À peine plus grand que son prédécesseur (6,58 pouces), l’écran du P50 Pro repose toujours sur la technologie Oled, mais cette fois avec un taux de rafraîchissement dynamique et allant jusqu’à 120 Hz. Bonne pioche pour Huawei : il est parfaitement calibré dès sa sortie de boîte. Outre la haute résolution de 450 ppp qu’il doit à sa définition de 1228 x 2700 px, son taux d’occupation de la façade du smartphone excédant les 91 % et ses côtés incurvés, il mise sur une colorimétrie maîtrisée. On n’en attendait pas moins du successeur du P40 Pro, lequel avait montré l’expertise de Huawei en la matière.

Huawei P50 Pro colorimétrie

Concrètement, cet écran s’appuie sur un mode “couleurs normales” dès l’allumage, lequel lui permet d’afficher une température des couleurs de 6668 K, à peine supérieure aux 6500 K de la norme de référence. Quant aux dérives, elles ne sont pas perceptibles par l’œil humain avec un delta E contenu à 1,2. Si vous vous orientez vers le mode d’affichage “couleurs vives”, la température sera plus froide et le delta E certes toujours contenu, mais au-dessus de 2. Il faut retenir que Huawei n’est pas le seul à proposer une calibration de cet acabit, Apple faisant de même. Samsung, lui, impose bien souvent de passer par un mode d’affichage un peu moins vif que celui qu’il sélectionne par défaut.

Huawei P50 Pro

Pour le reste, cet écran affiche une luminosité assez élevée de 775 cd/m², quoique pas la plus impressionnante que nous ayons aperçue ces derniers mois, ainsi qu’une luminosité minimale de 1,8 cd/m² confortable pour une lecture dans la pénombre. Ajoutons que son retard tactile est limité à 62 ms, son temps de rémanence inexistant (Oled oblige), et que sa réflectance est dans la moyenne (45 %).
Huawei subit toujours le contrecoup de l’embargo nord-américain décidé sous l’ère Trump, mais parvient à obtenir des puces Qualcomm. C’est donc le Snapdragon 888 qui anime le smartphone. On peut certes lui reprocher de s’inviter sur le marché un peu tardivement, alors même que son successeur Snapdragon 8 Gen 1 est annoncé sur de nouveaux produits. Cela dit, la puce reste une valeur sûre. Ce modèle à huit cœurs est flanqué dans notre exemplaire de test de 8 Go de mémoire vive, mais n’est pas pourvu de modem 5G.

Performances Huawei P50 Pro

En performance pure, force est de constater que cette puce remplit parfaitement son office. À peine meilleur que le Kirin 990 du P40 Pro de 2021, il obtient un indice de 99 en multitâche, ce qui confirme sa bonne capacité à faire tourner avec fluidité les apps du quotidien.
Le jeu n’effraie pas davantage le terminal, en témoigne son indice Viser de 158 qui le classe parmi les plus doués du moment. Si le P50 Pro n’affiche pas le nombre d’images par seconde le plus élevé du marché, il oscille entre 90 et 71 i/s et, surtout, obtient une moyenne de près de 89 i/s. Autant dire que la stabilité est au rendez-vous. On remarque toutefois que la chauffe l’est tout autant, ce qui a généralement tendance à influer sur l’autonomie des appareils.
Nos tests de performance sont réalisés avec viSer, l’application développée par la société SmartViser.
Le P50 Pro inaugure un bloc photo circulaire comprenant pas moins de quatre modules. Celui-ci est associé à un moteur de traitement d’image baptisé True Chroma, lequel est conçu pour restituer toutes les nuances de couleur, ou presque, que l’association capteur/objectif perd lors de la prise de vue. Ce dernier est notamment appliqué au module principal de l’appareil doté d’un capteur de 40 mégapixels, d’une optique grand-angle équivalente à 23 mm (f/1,8) et d’un système de stabilisation optique. Une seconde caméra, de 40 Mpx cette fois (26 mm, f/1,6) et monochrome, n’officie pas seul, mais s’utilise de concert avec le capteur principal. Il vise à lui apporter davantage d’informations lors de la capture en basse luminosité, ou encore à mieux réaliser des portraits.

Huawei P50 Pro

À ce duo s’ajoute un capteur de 64 Mpx avec son optique périscopique équivalente à 90 mm (f/3,5), permettant d’obtenir un effet de zoom optique 3,5x, et un capteur de 13 Mpx avec un ultra grand-angle (équivalent à 13 mm, f/2,2). L’estampille Leica est toujours présente et c’est à l’allemand que Huawei assure devoir ses optiques. Des filtres Leica sont également au menu pour les plus créatifs. Ajoutons qu’un autofocus laser les accompagne, de même qu’un double flash led.
Comme la grande majorité de ses compétiteurs, le P50 Pro fait appel au pixel binning pour fournir des clichés en 12,5 Mpx. Ces derniers offrent un niveau élevé de détails, tant en matière de textures que de contraste, même s’il est légèrement moindre qu’avec un Pixel 6 Pro, par exemple. Le smartphone mise toutefois un peu moins sur la netteté que le Find X3 Pro doté d’un capteur de même définition, et opte pour une colorimétrie un peu moins vive, probablement plus naturelle aussi. On apprécie le niveau de détails toujours visibles en périphérie de l’image.
De nuit, les couleurs restent naturelles, mais un certain lissage est visible, notamment sur la couverture du livre. Néanmoins, les détails, telles la crinière du lion ou les lignes bleues de la carte, sont perceptibles, tandis que le bruit numérique est presque invisible. C’est beaucoup moins le cas du Find X3 Pro qui pèche en outre par une colorimétrie plus orangée et moins naturelle.
Il faut passer par le mode “haute résolution” pour capturer des clichés en pleine définition, c’est-à-dire de 50 Mpx. Celui-ci n’a pas révélé d’intérêt particulier lors de nos essais, une zone de taille identique extraite de notre scène ne permettant pas d’obtenir davantage de détails. C’est d’ailleurs presque l’inverse…
Nous avons opté pour la comparaison ci-dessous avec le Galaxy S21 Ultra de Samsung, légèrement moins défini. La différence est ténue en matière de piqué, les deux manquant légèrement de netteté. On constate surtout un bruit contenu sur le modèle de Huawei. Il parvient à maîtriser — en partie du moins — l’âpre exercice de la gestion des reflets sur les cartes à jouer : leurs motifs ne sont pas entièrement lisibles, mais apparaissent davantage que sur bien des clichés pris dans notre laboratoire. Les éléments de la scène sont par ailleurs plutôt contrastés, ce qui favorise leur lisibilité.
De nuit, ce module peine bien davantage. S’il affiche un bruit numérique contenu, sa colorimétrie dérive notablement vers le jaune. Une tendance que nous n’avons pas seulement constatée sur notre scène test, mais qui s’est avérée en extérieur. C’est d’autant plus regrettable que la différence de teintes est manifeste quand on passe du grand-angle à l’ultra grand-angle. Pour le reste, le niveau de détail est limité, la faute à un important lissage.
Chaque marque propose des effets de grossissement variables, certains comme Oppo misant sur une optique équivalente à 52 mm (Find X3 Pro, capteur de 13 Mpx), et d’autres comme Samsung avec son Galaxy S21 Ultra privilégiant un zoom 3x (équivalent 72 mm, capteur de 10 Mpx). Difficile donc de comparer des définitions et des focales totalement différentes. À titre indicatif, voici ses résultats mis en regard du Find X3 Pro.
Le modèle de Huawei a le mérite de proposer une stabilisation optique utile pour éviter les flous de bougé. Il opte pour un traitement très doux des contours, au contraire de son comparse qui préfère miser sur une netteté pouvant sembler artificielle. Les couleurs sont vives, mais on regrette une balance des blancs pas tout à fait au point — une teinte rosée est visible. Un peu de lissage s’y greffe, notamment sur la couverture du livre.
Ces observations valent pour les clichés de jour, mais de nuit il est évident que le niveau de détail baisse drastiquement. Hors mode nuit, le contraste est mis à l’honneur, ce qui permet d’obtenir des clichés lisibles à défaut d’être réellement exploitables. Convenons pourtant que le P50 Pro fait mieux dans cet exercice que bien des smartphones proposant des grossissements équivalents ou moindres.
Le P50 Pro propose un mode portrait disponible en façade comme au dos. Le détourage s’y avère précis et plutôt à l’aise avec les coiffures brouillonnes. Les clichés sont bons et on note que les effets d’embellissement, qui se traduisent par le lissage de la peau, sont désactivés par défaut. Pour le cas des selfies (capturés en 13 Mpx), ils sont plutôt détaillés pour peu que la lumière soit au rendez-vous. On regrette tout de même que le capteur ToF, présent sur le P40 Pro, ait été abandonné sur son successeur.
En matière de vidéo, Huawei se contente de proposer le tournage en 4K jusqu’à 60 i/s avec stabilisation électronique. Des effets dual view sont disponibles, de même que du timelapse et autres effets créatifs. En photo, des filtres Leica sont également proposés.
Huawei conserve ses bonnes habitudes et propose une charge rapide à 66 W, un peu plus véloce donc que les 40 W du P40 Pro de 2021. Un choix judicieux qui permet au smartphone de faire le plein en 44 min malgré sa capacité de batterie de 4360 mAh. À noter également que sa charge sans-fil gagne en vélocité, passant de 27 W à 50 W.

Autonomie Huawei P50 Pro

Une bonne nouvelle, compte tenu de l’autonomie que nous avons pu mesurer. Le smartphone ne s’est pas montré capable d’excéder 13 h 9 min d’utilisation selon notre protocole Viser, certes dans la moyenne de bien des smartphones haut de gamme sous Snapdragon 888, mais bien en deçà de la série P40. Pour mémoire, le modèle éponyme soumis au même test avait enduré près de 22 h d’usage.
Nos tests de batterie sont automatisés par viSer, l’application développée par la société SmartViser.
Les résultats obtenus avec viSer sont issus de mesures effectuées en conditions réelles d’utilisation (appels, SMS, vidéos, lancement d’applications, navigation web…).

Notre score de durabilité permet de déterminer l’aspect durable du smartphone autant pour le consommateur que pour l’environnement. Il s’appuie à la fois sur l’indice de réparabilité, des critères de durabilité (indice de protection, connecteurs standards, durée de garantie et des mises à jour…) et une évaluation des politiques RSE (Responsabilité sociétale des entreprises). Vous trouverez tous les détails de l’analyse dans notre article présentant le score de durabilité.

S’il a été présenté sous HarmonyOS, le P50 Pro ne sort pas en France sous le système d’exploitation de Huawei. Il s’appuie sur Android AOSP, c’est-à-dire dépouillé des services mobiles de Google remplacés ici par ceux de la marque. Il habille donc Android 11 de son interface Emotion UI 12, dont le fonctionnement est assez similaire à ce que l’on avait pu voir sur le P40. Huawei multiplie les services maison pour pallier l’absence de ceux de Mountain View, tel Petal Maps pour la navigation GPS, Huawei Music ou l’AppGallery pour le téléchargement d’applications. Il est désormais possible de piocher dans différents portails et sites pour rapatrier des apps, ou encore d’afficher des raccourcis web sur l’écran du smartphone. On peut saluer ces efforts, ce qui n’empêche pas de regretter que Huawei préinstalle autant de titres sur son appareil, l’encombrant alors d’outils superflus (facilement désinstallables, heureusement).
Comme les précédents smartphones de la marque, le P50 Pro de Huawei pose problème. Il présente de réels atouts, comme son très bel écran Oled, un design réussi, de la puissance et sa prestation photo. Mais comme la plupart de ses compétiteurs, il souffre de quelques faiblesses, ici concentrées autour de son autonomie, somme toute passable, et ses clichés à l’ultra grand-angle. Mais la problématique réside ailleurs : le smartphone se positionne sur un segment premium où la concurrence est capable d’apporter ce dont il est privé, c’est-à-dire la 5G et une utilisation simple pour qui attend un smartphone Android “prêt à l’emploi”, sans recherche d’alternatives à ses outils habituels. Lorsque vous dépensez une telle somme, êtes-vous prêt à accepter ces compromis ? C’est toute la question que soulève le Huawei P50 Pro.
Chef de service mobilité
Jusqu’au 10 janvier, Huawei propose de nombreuses réductions sur son site Internet, notamment une série de packs promotionnels tous plus…
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