L’éditeur DC Comics a annoncé cette semaine que Jon Kent, le fils de Clark Kent (Superman), tombera amoureux d’un homme et assumera sa bisexualité dans la nouvelle BD à paraître le 9 novembre. Cette information suscite un vif débat depuis quelques jours parmi les fans de cette production et les journalistes spécialisés. Tandis que certains saluent l’initiative, en tant que reflet de la société, d’autres estiment que le cinéma n’a pas à récrire toutes les œuvres pour faire plaisir au mouvement woke.
À l’occasion de la journée mondiale du coming-out, le lundi 11 octobre, l’éditeur DC Comics a fait savoir que le nouveau Superman, le fils de Clark Kent, va tomber amoureux d’un homme et endossera sa bisexualité. En effet, dans le nouvel épisode à paraître le 9 novembre aux Etats-Unis, Jon Kent devrait s’enticher de son ami et reporter Jay Nakamura, alors qu’il entretient déjà une relation avec la journaliste Lois Lane.
Selon Alain Carrazé, spécialiste de BD, le fait de rendre Jon Kent gay, est d’abord une opération marketing gagnante pour DC Comics. « Tout est bon pour faire du marketing. Changer la sexualité d’un personnage qui n’est pas secondaire, ça n’est pas anodin. Ça a beaucoup plus de poids, d’impact. DC Comics est une énorme maison d’édition qui fait partie du conglomérat WarnerMedia et son but est de s’adapter aux nécessités commerciales, comme l’ont toujours fait les comics », analyse-t-il auprès de l’hebdomadaire Marianne. Aussi, pense-t-il que l’éditeur a « décidé de ne plus réfréner ses auteurs » pour les « placer sur le devant de la scène » tels qu’ils sont.
Comme Alain Carrazé, de nombreux spécialistes de la BD et des fans de Superman saluent une innovation qui représente parfaitement une réalité de notre époque. C’est-à-dire l’existence des homosexuels, bisexuels et transgenres. Après plusieurs siècles de répression, cette minorité sociale aurait enfin gagné le droit de s’exprimer dans les médias et le cinéma. Cette nouvelle représentation permettrait de libérer des millions de jeunes gens discriminés à cause de leur orientation sexuelle.
« Il y a longtemps que le lecteur-type n’est plus un petit garçon blanc américain. La moyenne d’âge a augmenté et le lectorat s’est féminisé. Mettre plus de diversité dans ces publications, c’est séduire le segment ado du public. Comme pour les séries télévisées, il demande des narrations et des personnages plus complexes. Ce n’est plus une distraction pour enfant », considère encore Alain Carrazé. Pour sa part, Ben Saunders, professeur et spécialiste de l’étude des BD et dessins animés, se réjouit « que la culture populaire ait intégré ce que certains savent depuis un moment, que les super-héros ont toujours été, potentiellement, un peu “queer”». Ce terme renvoie à une personne dont l’orientation ou l’identité sexuelle ne correspond pas aux modèles dominants.
Pour d’autres observateurs, ce nouveau numéro de DC Comics en rajoute une couche à la propagande en place depuis plusieurs mois. Les médias et le cinéma matraqueraient les hétéros de séries pro gay pour une (ré) éducation sexuelle. Une manoeuvre qui perturberait fortement les enfants. Ces opposants accusent même le mouvement woke de vouloir imposer sa conception du monde et ses valeurs aux autres. Cette minorité culturelle voudrait introduire partout du juif, du noir et du musulman en plus du LGBT. On dit s’attendre désormais à une « Blanche neige noire », un « Père Noël musulman » ou encore un « Astérix et Obélix juifs ». Il y aurait même un projet pour faire de James Bond une femme. Absurde, dit-on ! Parmi les réticents à une telle initiative figure Daniel Craig, qui incarne le personnage. Il a récemment déclaré que l’espion préféré de Sa Majesté ne sera jamais une femme.
Les détracteurs du wokisme souhaitent qu’on laisse tranquille les héros existants ou personnages du passé avec leurs « profils » ou « défauts ». Car c’est qui ferait leur charme. Y toucher, ce serait les dénaturer et remettre en cause l’histoire, dans certains cas. Les plus sensibles à la cause LGBT et autres appellent à la création de nouveaux héros avec les nouvelles valeurs, au lieu d’en greffer sur ceux déjà existants. Si ce n’est pas fait, ils conclueront que le mouvement woke cache une volonté totalitaire, celle d’effacer le monde ancien.