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Des juges ont remonté la trace d’une campagne de réputation négative lancée sous pseudonyme par l’agence de communication Majorelle.
Temps de lecture : 5 min
C’est une étrange affaire sur laquelle doit se pencher lundi après-midi la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris, dédiée aux délits de presse. La justice française a en effet pu identifier Majorelle, une agence de communication qui se cache derrière une campagne de réputation négative lancée sur Internet en vue de nuire à deux personnalités, l’homme d’affaires luxembourgeois Éric Lux et le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët.
L’affaire trouve son origine dans un conflit entre ledit Éric Lux et un autre milliardaire luxembourgeois, Flavio Becca. Les deux hommes sont connus pour leur investissement dans le sport. Le premier a ainsi été, avec Gérard Lopez (actuel président des Girondins de Bordeaux), un des propriétaires en F1 de l’écurie Lotus (rachetée depuis par Renault), quand le second a fondé en 2012 la Leopard Pro Cycling, une équipe qui s’appuyait sur le vainqueur du Tour de France 2010 Andy Schleck. Les deux projets ont fait long feu.
S’ils sont tous les deux passionnés de sport, Lux et Becca ont surtout bâti leur fortune dans l’immobilier. Associés dans un fonds commun depuis 2009, ils se livrent aujourd’hui à une féroce bataille devant les juridictions luxembourgeoises. En jeu : un milliard d’euros. C’est dans ce contexte que, courant 2020, Éric Lux s’alarme d’articles peu amènes le concernant, écrits sous le pseudonyme « Jlanz » et publiés sur Categorynet et le Club de Mediapart, un espace participatif du journal en ligne.
À chaque fois, les articles sont très à charge et à la tonalité négative. Il y est notamment évoqué le business « opaque » d’Éric Lux et sa mise en cause en marge de scandales financiers. L’homme d’affaires est immédiatement convaincu de faire l’objet d’attaques orchestrées. Il dépose plainte contre X en diffamation à Paris et ses avocats adressent au président du tribunal judiciaire de la capitale une requête aux fins d’identification d’un internaute.
À LIRE AUSSICet intrigant monsieur Lopez
Cette procédure, peu connue et aux chances de succès aléatoires, permet d’obtenir une réquisition judiciaire qui sera ensuite adressée à l’hébergeur des contenus litigieux. C’est ainsi que Mediapart, sommé par la justice de donner l’adresse IP de l’internaute se cachant derrière le pseudonyme « jlanz », s’exécutera. Une nouvelle réquisition sera ensuite envoyée à l’opérateur Free, qui délivrera le nom de l’abonnée se dissimulant derrière l’adresse IP, une certaine J.
L’information est aussitôt transmise à la juge d’instruction chargée d’instruire la plainte en diffamation. J. est convoquée par la police et dit la vérité. Elle explique travailler pour l’agence Majorelle, célèbre pour assurer la communication de crise de plusieurs caciques du PS, parmi lesquels Jérôme Cahuzac ou encore Dominique Strauss-Kahn. C’est bien elle qui, à la demande de son supérieur, Sacha M., a créé le pseudonyme « Jlanz » en vue de créer une campagne de réputation négative contre Éric Lux. Si les enquêteurs sont tombés sur son adresse IP personnelle, c’est tout simplement parce qu’elle se trouvait en télétravail au moment des faits, en plein confinement lié à la crise sanitaire.
La jeune femme explique avoir été peu à l’aise avec les consignes de sa hiérarchie qui consistaient, sans faire la moindre enquête ni vérifier la véracité des sources citées, à compiler plusieurs articles pour réaliser une sorte de revue de presse très défavorable et ainsi jouer sur le référencement. En clair : l’objectif est que les papiers négatifs sur Éric Lux remontent le plus haut possible dans Google quand les internautes tapent son nom dans la barre de leur moteur de recherche. Ces nouveaux articles peuvent ensuite, par exemple, être utilisés pour nourrir des pages Wikipédia.
Le pseudonyme « Jlanz » sera également utilisé par l’agence Majorelle, mandatée par un concurrent de Noël Le Graët, le président de la FFF, pour nuire à ce dernier. Un article intitulé « Racisme dans le football : le déni de Noël Le Graët sur la question » est ainsi publié sur le Club de Mediapart le 9 février 2021, au moment où le patron de la FFF jouait sa réélection.
« Noël Le Graët étant président de la Fédération depuis dix ans, la question de son bilan sur la question se pose. Qu’a-t-il mis en place afin d’adresser cette question ? Malheureusement, aucune action forte sur la question ne peut être soulignée et la volonté de Noël Le Graët d’en faire un combat semble être nulle », peut-on lire dans le texte. Contacté, son entourage n’avait pas répondu à l’heure de la publication de cet article.
J. explique que ses supérieurs, parfaitement au courant de sa convocation par la police, ont cherché à la rassurer et lui ont dit de ne pas s’inquiéter. Quelle n’a donc pas été sa surprise quand, convoqué à son tour, Sacha M. va affirmer à la police que le pseudo « Jlanz » ne lui dit rien du tout… J. reste donc seule mise en examen, avec le risque d’une condamnation.
La jeune communicante, qui se sent trahie, démissionne donc et réclame à la justice la mise en examen de son ancien chef, une demande à laquelle Éric Lux s’est associé. Elle explique ne pas avoir agi de sa propre initiative et précise, preuve à l’appui, que ses articles étaient commandés, relus, corrigés et amendés par Sacha M., lequel était exclusivement chargé de la relation client. Une audience doit se tenir lundi 10 octobre devant la 17e chambre du tribunal correctionnel de Paris.
Interrogée, Ilana Soskin, l’avocate d’Éric Lux, réagit : « Flavio Becca a mandaté l’agence de communication Majorelle, dirigée par Sacha M., qui a mis en place une stratégie pour nuire à Éric Lux. Sous le couvert d’un pseudonyme, elle a publié des articles négatifs à son encontre. Cette pratique vise à attenter à l’honneur et à la considération de mon client alors que plusieurs procédures judiciaires sont en cours dans un contexte de guerre économique entre les deux hommes d’affaires. » Les contenus sur Éric Lux ont aujourd’hui été supprimés.
Contacté, Sacha M. dit pour sa part tout ignorer de cette demande visant à le mettre en examen et ne pas avoir été informé du calendrier procédural. En marge d’un article consacré à la société Avisa Partners et à la manipulation de l’information, Mediapart avait déjà déploré « cette instrumentalisation du Club participatif de Mediapart aux fins de nuire à des réputations, de répandre de fausses nouvelles et de déstabiliser des adversaires (qu’ils soient politiques, économiques ou médiatiques) ». Cette pratique « porte gravement atteinte à l’image et à la réputation de notre journal » , poursuivait le média, qui précisait avoir chargé son avocat d’« étudier toutes les suites judiciaires pour faire sanctionner des pratiques qui corrompent le débat public en violant ses règles éthiques et démocratiques ».
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Une fois de plus…
… la gauche est prise les mains dans le pot de confiture, en flagrant délit de tartufferie, d’imposture par rapport à ses leçons de morale qu’elle n’a jamais cessé de dispenser à la terre entière. Et cela se passe cette fois-ci par un biais inattendu, celui d’une agence de communication orientée à gauche chargée de mettre en œuvre une campagne de réputation négative dans le but de nuire à certaines personnalités dans le cadre d’une lutte de pouvoir à un milliard d’euros au sein d’un fonds de gestion. Le plus piquant est de voir Mediapart, impliqué malgré lui dans cette affaire, se plaindre d’avoir été utilisé dans la diffusion de fausses informations, alors qu’il n’a pas hésité à produire des fausses informations à propos des affaires visant Sarkozy.
Les sanctions doivent être très lourdes.
Cette mahonnêteté perverse doit être sanctionnée le plus lourdement possible. Il n’y a pas d’excuse pour ces individus que me retiens de qualifier du terme qui leur convient au risque d’être censuré par une bien-pensance inadéquate.
Dieu me savonne
Une agence de com socialiste qui violerait les règles éthiques et démocratiques.
C’est très étonnant.
Mouha ha ha !
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