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Le fast-food, une fête pour l’enfant, un job d’été pour la jeune femme. « En salle », un premier roman maîtrisé.
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« En salle », de Claire Baglin, Minuit, 160 p., 16 €, numérique 12 €.
Enfant, elle jouait à la marchande. Ouvrait et fermait avec fierté le tiroir de la caisse enregistreuse qu’on lui avait offerte. Elle refusait de faire crédit à son petit frère s’il n’avait pas assez de faux billets pour payer sa consommation fictive. « Tu as bu le granité donc tu payes, lui disait-elle, sinon j’appelle la police. » L’été de ses 20 ans, la narratrice d’Ensalle travaille dans un fast-food. Et ce n’est plus un jeu.
Dans ce premier roman remarquablement maîtrisé, Claire Baglin, née en 1998, décrit le caractère répétitif et aliénant que peuvent avoir des tâches accomplies sans autre but que d’assurer la productivité du travail. Elle peint ces cuisines où « personne ne cuisine » mais où on « manipule l’équipement de production ». Les gestes y « sont les mêmes que ceux des équipiers d’il y a vingt ans ». Elle le fait sans colère apparente, mais avec une légère distance ironique, qui suffirait à hisser son évocation de la cuisson des frites au rang de scène d’anthologie.
Mais la richesse du texte tient aussi à la mise en regard des souvenirs d’enfance de la narratrice avec le quotidien dont elle fait l’expérience dans cette chaîne de restauration rapide. A sa manière de créer des échos discrets entre les préoccupations et les modes de vie d’une famille aux revenus modestes, pour qui une sortie au fast-food était une fête, et la perception qu’elle a du travail au royaume du burger. De sorte qu’on ne sait jamais vraiment si la jeune femme relit son enfance à la lumière de son asséchant job d’été, ou si elle décrypte le monde du travail à l’aune de sa propre trajectoire sociale. Cette ambivalence du roman permet au récit d’échapper à toute tentation assertive : le lecteur tirera lui-même ses conclusions, puisque la narratrice se garde bien d’énoncer quelque thèse que ce soit.
La seule chose dont elle soit certaine, c’est qu’à tout prendre, parmi les différents postes auxquels elle peut être affectée chaque jour, la cuisine est un moindre mal. « Je ne redoute que la salle et le vide qu’elle crée en moi, dit-elle. Aux frites, l’automatisme m’empêche de réfléchir. » Car sous l’apparente assurance que lui donne son ton détaché, et derrière l’illusion de maîtrise produite par le dispositif romanesque, se laissent entendre une inquiétude, un tremblement, dont on pressent qu’ils alimentent le désir d’écriture. Dire la pauvreté émotionnelle, relationnelle et intellectuelle qui la consterne lorsqu’elle travaille au fast-food, n’est-ce pas, pour Claire Baglin, interroger la valeur du monde dans lequel elle a grandi ?
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