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Depuis quelques mois, le terme Web3 est devenu un mot slogan qui sert à désigner toute une gamme de projets qui se veulent novateurs. Le Web3 serait l’avenir d’Internet, l’avenir du commerce, l’avenir de l’univers digital. Bref, le Web3 serait ce qui est nouveau et le Web2 serait ce qui est ancien, démodé. Mais si nous voulons comprendre le sens de ce terme et à quel moment il est pertinent de l’utiliser, il faut revenir sur la notion de Web2 et sur les principes qui le fondent. C’est à cette condition qu’on pourra se demander si le modèle corporate du Web2 est vraiment en train de s’achever.
Les sociétés du Web2 sont des sociétés prestataires. Elles fournissent un service en échange d’une compensation financière. Elles sont donc dans une relation client-entreprise. Facebook, Google, Apple s’inscrivent dans ce modèle corporate dans lequel le client est extérieur à la gestion de l’entreprise. Même si ce modèle facilite notre vie et peut paraître très intuitif, il pose rapidement plusieurs problèmes.
Ces sociétés conservent les données de votre navigation sur leur site et les monétisent sans que nous puissions bénéficier de cette source de revenu. De plus, leur modèle actionnarial exige une rentabilité qui peut aller au détriment des employés et des utilisateurs. Cette pression peut même conduire à des choix à court terme qui sont contre-productifs. Le modèle qui prévaut dans le Web2 favorise donc une concurrence entre les entreprises et des choix purement individuels.
Avant même l’arrivée du secteur blockchain qui a donné une infrastructure au Web3, de plus en plus d’entrepreneurs ont voulu sortir de ce modèle monolithique. De manière paradoxale, c’est l’émergence des réseaux sociaux créés par les entreprises du Web2 qui a créé ces nouveaux entrepreneurs. Ceux-ci sont en général à l’écoute de leur communauté et esquissent l’idée d’une gouvernance collective. Ils ne sont pas concurrents entre eux mais multiplient les partenariats.
L’arrivée du secteur blockchain a donc surtout donné l’infrastructure technologique à ce nouvel état d’esprit. La tokenisation des projets a multiplié les propriétés collectives en dehors du système actionnarial et il fallait donc d’autres modes de gouvernance. En effet, le processus central du Web3 est la réappropriation. Les utilisateurs se réapproprient leurs données, les équipes se réapproprient leur projet. Cette réappropriation va en plus de pair avec la décentralisation et l’émergence des DAO (Decentralized Autonomous Organization).
Évidemment, cette décentralisation nécessite un apprentissage. Le cas de la blockchain Juno le montre bien, car la communauté s’est déchirée sur le cas d’une whale qui avait réussi à obtenir un pouvoir de vote énorme. Alors qu’on pensait que dans le secteur blockchain, chacun était maître de son portefeuille, on découvre que la communauté peut décider de retirer des tokens d’un wallet pour soi-disant le bien de tous. Il faudra donc encore de longues années pour qu’on arrive à une véritable gouvernance décentralisée.
L’émergence de toute cette galaxie Web3  prétend prendre peu à peu la place du modèle corporate, le vieillissant Web2 dont plus personne ne veut. En fait, tout le monde sait que cela ne sera pas si simple. Les grandes entreprises du Web2 sont encore très bien implantées et proposent une offre de service accessible à tous. Il n’est pas sûr que les utilisateurs souhaitent autant que cela participer à la gouvernance collective des projets ou en tout cas assumer la responsabilité supplémentaire que leur donne le Web3.
Pour toutes ces raisons, la notion de Web5 est peu à peu apparue. Le Web5, ce n’est pas une nouvelle étape du Web. Cela peut d’autant moins l’être qu’on ne sait pas encore ce qu’est le Web4. C’est la réunion du Web2 et du Web3. On voit en effet de plus en plus d’entreprises traditionnelles ajouter une couche de Web3 sans que cela remette en question leur fonctionnement global.
Dans cet état d’esprit, Prada et Lacoste viennent de lancer une collection de NFT qui permettra de construire une DAO. Pourtant, celle-ci n’aura pas de pouvoir de décision sur l’entreprise, mais uniquement sur les projets initiés par cette DAO. Elle doit donc être comprise comme une branche Web3 d’une entreprise du modèle corporate. On ne sait pas encore si le Web5 écrasera l’utopie du Web3 qui voudrait se diffuser intégralement. Mais dans tous les cas, la transition ne pourra pas se faire sans un compromis avec l’ancien monde.
La révolution Web3 va-t-elle sauver Internet du modèle corporate ? Pour répondre à cette question, il faut comprendre que ce modèle a aussi des avantages pour les utilisateurs puisqu’il offre des services facilement accessibles. Le Web3 ne pourra donc s’imposer que si un changement d’état d’esprit collectif s’opère. Dans ce cas, on pourrait voir l’émergence de gouvernances collectives à grande échelle. Mais si cela n’arrivait pas, on peut s’attendre à une montée en puissance du Web5 qui reléguerait le Web3 en branche accessoire du modèle corporate qui ne serait là que pour contenter les utopistes et les geeks.
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